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Aimons encore, aimons toujours - Hugo

Commentaire de texte : Aimons encore, aimons toujours - Hugo. Recherche parmi 300 000+ dissertations

Par   •  30 Novembre 2022  •  Commentaire de texte  •  1 996 Mots (8 Pages)  •  4 877 Vues

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Aimons encore, aimons toujours - Hugo

Victor Hugo, né le 26 février 1802 à Besançon et mort le 22 mai 1885 a été considéré comme l’un des plus importants écrivains romantiques de la langue française. Génie de son époque, on le perçoit comme le type parfait du poète universel. De 1822 à 1840, il a publié successivement plusieurs recueils lyriques où on retrouve des thèmes du courant romantique.

Le poème soumis à notre étude, « aimons encore, aimons toujours » extrait du livre 2 l’âme en fleur, est un véritable éloge de l'amour et montre les sentiments du poète. Dans ce texte est présenté le côté rêveur et amoureux de Victor Hugo, certainement inspiré par sa maîtresse Juliette Drouet..

A la lumière du texte nous nous demanderons : Quelle est la vision de Victor Hugo par rapport à l'amour ?

Pour y répondre, nous ferons une étude linéaire qui suivra les mouvements du texte suivants :

V. 1 à 12 - définition de l'amour

V. 13 à 20 -  le conseil du poète : aimer

V. 21 à 28  - le couple et l'union

Nous pouvons justifier ces 3 parties par le fait que chacune d’elle commence par le verbe « aimer » à l’impératif

Le poème commence par  « aimons » impératif à la première personne du pluriel

Ensuite la partie 2 commence par  « aime » conjugué à la 2e personne du singulier

Puis la dernière partie commence à nouveau par « aimons-nous » conjugué une nouvelle fois à la première personne du pluriel

Mais avant cela permettez-moi de passer à la lecture

Lecture

V. 1 à 12 - définition de l'amour

  • Au vers 1 nous observons une anaphore du verbe aimer à l’impératif, suivi de 2 adverbes toujours / encore ». Le premier adverbe « toujours » est un adverbe de temps signifiant à jamais et ensuite l’adverbe « encore » pour montrer la grandeur de l'amour dont on ne se lasse pas. Le rythme de ce vers est régulier 4//4 avec une césure à l’hémistiche. La symétrie du vers pourrait évoquer les 2 membres du couple. L’injonction (l’ordre) passe aussi par une syntaxe expressive avec 2 points d’exclamation dans le même vers.

  • Dans le vers suivant l'auteur donne une définition de l'amour : en effet lorsqu'il s'en va l'espoir s’en va également, au vers 2.  L'amour serait donc synonyme du mot espoir.
  • Les vers 3 et 4  nous montrent avec un parallélisme de construction que l'amour est intemporel. En effet, il est présent en début de journée avec « l' aurore » et en fin de journée avec la  « nuit » représenté par des métaphores aurore et nuit pour symboliser la journée complète. Victor Hugo donne bien la définition de l'amour en utilisant un présent de vérité générale, soit un présent gnomique. Il utilise également des phrases déclaratives pour appuyer ses propos avec l’anaphore et le présentatif :  « l’amour c’est ». L'amour s'exprime : c'est un « cri » ou un « hymne ».  L'amour représente donc la parole et le lien entre 2 personnes, valable tout le temps, toute la vie. Le mot « hymne » peut nous faire penser à un chant ou une musique, en s’accordant sur l’ensemble du poème : en effet ce poème est une succession de quatrains rédigé en octosyllabes : c'est le mètre  de la chanson.
  • La strophe 2  commence par « ce que » qui sera repris en anaphore par trois fois. On peut relever le champ lexical de la nature « le flot » « le rivage » « le vent » « les vieux monts » « l'astre » et le « nuage ». L’amour s’applique également à la nature, il est universel et reflète les sentiments de l’homme,  il est aussi grand que le monde et montre l’harmonie et l’unité sur terre entre les éléments. Cette nature s'exprime également, puisqu’on a une triple répétition de « dit » on a donc des personnifications.  L'anaphore est une figure de répétition et d'insistance pour bien faire comprendre l'idée centrale, ici convaincre et persuader de l'importance de l'amour au quotidien mais surtout présent partout dans la nature.
  • Au vers 8 on remarque une prétérition (faire l’inverse de ce que l’on propose) : le mot ineffable (qui signifie que l'on ne peut pas nommer) est tout de même exprimé par la nature : c'est le verbe aimer. 
  • On peut observer dans ces 2 premières strophes des rimes croisées : ce sont des rimes féminines qui se termine par un -e muet qui croisent des rimes masculines (les autres rimes). Cela montre le lien réel existant entre un homme et une femme amoureux. Les rimes féminines croiseront les rimes masculines tout au long du poème.
  • Au vers 9 on peut relever 3 verbes qui définissent ce que fait faire l’amour : « songer » « vivre » et « croire » c'est un rythme ternaire que l’on pourrait associer aux battements du cœur. L'image de l'amour qui est donnée et une image élogieuse
  • Aux vers 10 11 et 12 on remarque que le cœur est plus important que la gloire en effet il a quelque chose de plus, un rayon supplémentaire nommé bonheur. C’est une métaphore « un rayon «  le rayon de soleil qui va réchauffer le cœur du vers 10. On note le présentatif « c’est le bonheur » qui permet de montrer que l’amour amène directement le bonheur. La strophe termine par une syntaxe expressive marquée par le point d’exclamation qui semble traduire la force de l’amour.

V. 13 à 20 -  le conseil du poète : aimer

  • La 2e partie commence par un impératif « Aime » qui  peut être interprété comme une invitation mais aussi comme une nécessité d’aimer. Le poète s’adresse à son interlocutrice (Juliette) mais aussi aux lecteurs (pensons à la préface : quand je vous parle de moi, je vous parle de vous)

  • Aux vers 13 et 14 on a une allusion à l'amour qui passe aux travers des remarques, qu’elles soient positives ou négatives : qu’on les loue ou les blâme C’est une allusion à Juliette Drouet. Il est avec une maîtresse et il s’affiche avec elle donc cette histoire fait parler. Mais qu'on les loue ou qu'on les blâme, ils s’aimeront toujours ; l'amour leur permet de dépasser les préjugés. On retrouve une métaphore : les grands cœurs qui représentent les âmes pures, les âmes nobles et le futur employé est celui de la certitude : quelles que soient les époques, les grands cœurs s’aimeront.
  • Le vers 14 se termine pas deux points afin de donner, dans les deux vers suivants, une explication : aux vers 15 et 16 l'amour est associé à la jeunesse. Il utilise de nouveau un impératif joins et s’adresse directement à Juliette à qui il demande d’associer la jeunesse de son âme à son jeune âge : il utilise une métaphore : la jeunesse de ton front pour symboliser son jeune âge.  L’injonction (l’ordre) passe aussi par la syntaxe expressive marquée par le point d’exclamation clôturant la strophe.
  • Le poète répète en début de cette 5e strophe le verbe « aime » et nous indique les buts de l’amour : charmer le temps et monter la beauté de celle qui aime. Le but est exprimé par la locution prépositionnelle afin de (+infinitif) et par la locution conjonctive afin que (+subjonctif). Cette  dernière cherche à montrer que celle qui aime sera belle : éloge des beaux yeux. A travers ces yeux on verra l’amour qui se manifestera par de la sensualité : voluptés intérieures (mise au pluriel) et par le sourire. Notons ici deux diérèses qui insistent sur ce que l’on verra dans les yeux de la femme aimée : intérieures et mystérieux. Notons l’inversion de la phrase qui permet de clôturer la strophe par le terme mystérieux : afin qu’on voie en tes beaux yeux le sourire mystérieux des voluptés intérieures.
  • Les nombreux points d'exclamation montrent les sentiments du poète on peut affirmer que le texte appartient au registre lyrique.  

Ainsi dans ces strophes, Hugo s’adresse à Juliette Drouet, mais on peut aussi déceler les généralités de l’amour.

V. 21 à 28  - le couple et l'union

  • La partie 3 recommence avec l’impératif 1ère personne du pluriel : aimons -nous toujours, mais cette fois-ci Hugo y ajoute le pronom personnel (par rapport au vers 1) nous cet amour est réciproque. Au vers 21 « toujours davantage » l’adverbe davantage nous montre que le temps n'a pas d'emprise sur l'amour pour Victor Hugo : il n'y a pas de notion de temps, ou plutôt, plus le temps passe, plus ils s’aimeront.  

  • On remarque une sorte de gradation dans le poème : la partie 1 commençait par l'amour en général, puis la partie 2 annonçait les bénéfices de l'amour et dans cette partie 3 on remarque une déclaration plus personnelle de l'amour de la part de Victor Hugo pour Juliette.  En effet il lui dit « unissons-nous mieux chaque jour » v.22. On retrouve l’impératif « unissons »
  • Aux vers 23 et 24, on a une nouvelle référence à la nature pour montrer que l’amour ne doit cesser de grandir c’est de nouveau une métaphore et un souhait :comme les arbres grandissent, leur amour doit aussi grandir. Ce souhait est traduit par l’emploi du subjonctif « que notre âme croisse en amour » , répétition du verbe croître, l’un au présent : les arbres croissent et l’autre au subjonctif que notre âme croisse ; les sonorités sont donc similaires avec ce verbe sur ces 2 vers.
  • Les vers 25 et 26 nous montrent que les 2 membres d'un couple n'existent pas l'un sans l'autre : le « miroir » n'existe pas sans « l'image » et la  « fleur » n'existe pas sans le « parfum ». Cela peut nous faire penser à la dialectique du maître et de l'esclave de Hegel en philosophie. En effet si l’un disparaît l'autre n'a plus la même fonction. Un maître sans esclave ne peut être maître et  un esclave sans son maître ne peut être esclave. Ici, si l'un des 2 membres du couple disparaît on ne peut plus parler de couple.  Dans une de ses lettres Juliette Drouet disait également à Victor Hugo « si vous disparaissiez, je ne vivrai plus ». L'amour montre ici une certaine dépendance.  Ces 2 vers sont construits strictement de la même manière : anaphore de « soyons » + article défini + nom + conjonction de coordination + article défini  + nom + point d’exclamation
  • Aux vers 27 et 28 on a l'évocation d'un amour fusionnel et une référence à la Genèse ou les amants sont seuls sous l'ombre d'un arbre, Adam et Eve. Le terme « amant » signifie bien qui aime, mais rappelons aussi que l’amour qu’il porte à Juliette est bien celui d’un mari à une maîtresse… amant prend ici tout son sens. On a également la fusion :  ils se sentent « deux et ne sont qu'un ». C’est le souhait de Victor Hugo

Conclusion

La fin du poème que l'on n'étudie pas, montre qu'il faut aimer car tout est éphémère et que l'amour seul reste. C'est pour cela que Victor Hugo insiste : c'est la leçon du texte. On pense alors à la philosophie du stoïcisme de Montaigne : philosopher c'est apprendre à mourir. Avoir en tête l'idée que l'on est éphémère nous permet de profiter de la vie, c'est un bonheur épicurien. Nous pouvons penser également au « memento Mori » en latin : rappelle-toi que tu vas mourir. Le poème se termine sur ces deux vers : pour parler de l'amour Victor Hugo emploie le terme « la flamme qui ne peut s'éteindre et la fleur qui ne peut mourir » l'amour est donc éternel.  

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