Éloge funèbre d'Emile Zola Anatole France 1902
Commentaire d'oeuvre : Éloge funèbre d'Emile Zola Anatole France 1902. Recherche parmi 300 000+ dissertationsPar Basma El Khayri • 20 Juin 2017 • Commentaire d'oeuvre • 1 568 Mots (7 Pages) • 1 894 Vues
Eloge funèbre d’Emile Zola – Anatole France (5 Octobre 1902)
Le XIXème siècle a été marqué par l’essor du roman et Zola s’est imposé comme le chef de file du Naturalisme, composant une fresque romanesque les Rougon-Macquart, dynastie évoluant dans une société en pleine mutation. A cet égard, l’engagement de cet homme s’est exprimé à travers ses différents personnages, qu’ils soient issus du monde ouvrier ou de la bourgeoisie, ce qui lui a valu, dans une société assez conservatrice autant de reproches que de reconnaissance, faisant de lui un homme assez controversé. D’ailleurs, dans l’Affaire Dreyfus illustrée par sa célèbre lettre « J’accuse », cet auteur a pris fait et cause pour l’accusé Dreyfus, scindant ainsi la France en deux camps bien distincts, les Dreyfusards et les antidreyfusards. Le 29 septembre 1902, Zola meurt de façon brutale, d’une asphyxie restée encore inexpliquée et c’est, donc à un homme de lettres disparu qu’Anatole France prononce le passage proposé Eloge funèbre du 5 octobre 1902. Comment Anatole France parvient-il à construire l’éloge funèbre d’un homme aussi controversé ? En effet, à travers un discours savamment construit, l’auteur procède à l’éloge funèbre de Zola sous forme de plaidoyer.
I/ UN DISCOURS SAVAMMENT CONSTRUIT
En effet, prononcer un éloge funèbre, suppose selon la définition « célébrer la mémoire de quelqu’un » en faire son « panégyrique », or Anatole France, sans perdre de vue la finalité de son discours va procéder de façon très ingénieuse, en raison du caractère controversé du personnage. Dès lors, la construction même de son discours a son importance.
1/ Anatole France écarte d’emblée ce qu’il ne convient pas de faire pour définir le sens de sa démarche
Rappelle tout d’abord la finalité de ce rassemblement « au nom de ses amis les honneurs qui lui sont dus » --------- prévient l’assistance qu’il ne rentrera dans aucune polémique et d’ailleurs le « on » exprimant la généralité dans tout le reste de son discours le montre
Emploi de la première personne n’est utilisée que pour écarter la démarche plaintive ou la complainte « je ferai taire ma douleur et la leur » (l.1) ------- généralisation avec les possessifs « ma » et « leur »
Ce qu’Anatole France refuse souligné à la ligne 2 « ce n’est pas par des plaintes et des lamentations » -------- mis en opposition, antithèse avec
« c’est par de mâles louanges et sincère image » (l.3) ------- rythmes oratoires pour donner un rythme au discours qui définit également la finalité de sa démarche
Transition : D’ailleurs, il rappelle qu’elle s’inscrit dans une volonté générale des Autorités de célébrer Zola
2/ Démarche officielle : c’est à l’œuvre que l’orateur va d’abord s’attacher
Anatole France n’est pas le premier : « le président de la Société des gens de lettres » (l.4) et le « ministre de l’instruction publique » (l.5) --------- sont caractérisés par « l’admirable précision » de leur intervention et l’éloquence suggérée par l’adverbe « éloquemment » (l.6) -------- il donne ainsi une légitimité à sa démarche qui s’associé à celle de personnalités officielles
Cette démarche est justifiée par l’orateur à travers la métaphore architecturale mise en évidence par le champ lexical correspondant de la grandeur « grande mémoire » (l.2), « grandeur » (l.8), « colossale » (l.12) soulignant la grandeur de l’œuvre du personnage exprimée dans la phrase « lorsqu’on la voyait s’élever pierre par pierre, cette œuvre, on en mesurait la grandeur avec surprise » ---------- argument par analogie entre l’œuvre de Zola et les pierres de construction d’un ensemble en architecture ------- allusion à la démarche de Zola dans ses romans qui suit ses personnages d’un roman à un autre et que le lecteur retrouve
Transition : cet attachement à l’œuvre tente d’écarter la controverse suscitée par la personnalité de Zola à l’origine des réactions très opposées à son encontre
3/ Personnage controversé (définition selon dictionnaire portatif du bachelier: discuté, sujet à contestations)
L’orateur souligne les réactions contradictoires à l’égard de l’écrivain à travers le champ lexical de la critique associé aux mots « louanges » : « blâmes » (l.9), « véhémence », « reproches » (l.10) « invectives » (l.11)
D’ailleurs les adjectifs qualificatifs et les antithèses traduisent cette contradiction « des reproches sincères, et pourtant injustes », « les invectives et les apologies s’entremêlaient » (l.11)
De même, cette contradiction est illustrée dans l’accumulation de verbes à l’imparfait, en asyndète (absence de connecteurs logiques) : « on admirait, on s’étonnait, on louait, on blâmait »-------- « on » à valeur de généralisation donne tout son poids à ces réactions
Intrusion subite de l’orateur par « je le sais par moi-même » (l.10) ------- suggérant peut être qu’il
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