Écriture d'invention bac blanc

Ecriture d’invention

(La scène est un restaurant parisien. A différentes tables, des dîneurs : un vieux couple, un homme d’affaires, une jeune femme seule, Elina, qui regarde son portable en attendant quelqu’un. Audrey entre en trombe dans la salle du restaurant, les bras chargés de sacs de course. C’est l’hiver : elle porte un manteau très ample et une petite toque de fourrure, sorte de petit chapeau de circassienne, légèrement incliné sur le front et assorti aux épaisses montures violettes de ses lunettes. Elle se dirige vers Elina)

Audrey –Excuse-moi pour ce retard ! Je suis d é-bor-dée !! La Fashion-Week de Milan, et puis ce gala pour l’enfance défavorisée à Zurich, mon Uber qui n’arrivait pas à Roissy.

Elina - Hubert ? C’est qui ? Tu n’es plus avec Mahé ?

Audrey - Mais non, Uber, les nouveaux taxis ! (Enjouée) Pour qui me prends-tu ? Je ne suis pas si volage. Et puis, où trouverais-je le temps ? Surtout en ce moment ! C’est bien simple, je n’ai pas une minute à moi ! (Elle pose son oreillette électronique sur la table, ainsi que son téléphone portable.). Tu as commandé  la truffade ? (Elina hoche la tête positivement) C’est bon pour Ken ? (Même jeu d’Elina) Dis-donc, à ce propos, tes amours ? Serge ? Ca va mieux ? (Elina lève les yeux au ciel d’un air désabusé et hoche la tête, cette fois, négativement.) Toujours pareil ?

Elina - A peu de chose près ! L’autre jour…

(Le téléphone d’Audrey, posé sur la table, se met à vibrer. Elle le consulte d’un œil, choisit de ne pas répondre).

Audrey - Continue, ne t’en fais pas.

Elina- Il n’arrête pas d’annuler nos rendez-vous … par texto en plus ! … au dernier moment ! Tiens, ce soir encore ! Oh là là, ça sent le ghosting, notre histoire tourne mal, je le sens !

Audrey - Ca, ma chérie, c’est le monde moderne for you. (Elle pianote sur son téléphone portable. Son visage doit avoir l’air préoccupé par les confidences d’Elina et son regard, prendre en même temps beaucoup d’intensité, comme à la lecture d’un message longtemps attendu. Puis, d’un coup sec, elle écarte le portable)

Elina – Enfin, c’est tout de même un peu fort ! Et toujours ses éternelles excuses ! L’Unesco, les vernissages.

Audrey – Après tout ce que tu as fait pour lui ! Tu te souviens des soirées tapas à Antibes l’an dernier ?

Elina - Si je m’en souviens ! Enfin…je n’ai pas l’intention de me laisser marcher sur les pieds ! Ca commence à suffire !

(Le téléphone d’Audrey sonne. Elle décroche, jette un regard entendu à Elina, puis fixe les yeux vers un point imaginaire sur le coté)

Audrey – Oui…Ma e-commande (elle prononce à la française « ma é-commande ») ? …Bien sûr que non ! …C’est toujours moi qui commande… Bon, je lui envoie le message. Excusez-moi, je vous laisse, j’ai un double appel.

Elina – Et Mahé ne dit rien ?

Audrey – (tout en manipulant son portable) Mahé ?

Elina – …que tu lui commandes ? Tu viens de dire qu’il ne commande jamais.

Audrey (ajustant le téléphone à son oreille)- par internet… uniquement des sushis! (Sans attendre la réponse) Oui, allô ? Ken ! Tu viens ? Tu es à l’angle ? On attend. Non, non il n’y a pas de

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