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Georges Sand, Idiana, chapitre 3

Compte rendu : Georges Sand, Idiana, chapitre 3. Recherche parmi 300 000+ dissertations

Par   •  4 Mars 2020  •  Compte rendu  •  1 698 Mots (7 Pages)  •  906 Vues

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Le romantisme est mouvement littéraire de la première moitié du 19ème siècle qui se construit en réaction contre le classicisme et l’esprit des lumières. Georges Sand par son œuvre lyrique Indiana au chapitre III parus en novembre 1832 présente par une scène d’idée un dialogue entre deux personnages en situation de crise. À travers ce passage nous analyserons par quels procédé George Sand fait-elle passer à travers le personnage d’Indiana une remise en question du mariage tel qu’il est conçu à son époque. Cette question guidera notre réflexion. Tout d’abord nous nous intéresseront a une mise en scène théâtrale qui donne du rythme et une tension dramatique à une scène de conflit ensuite la dénonciation par l’exemple du mariage traditionnel et de la domination masculine enfin la victoire d’Indiana, héraut du féminisme

Pour commencer, nous allons analyser ce côté théâtral dans ce dialogue serré avec la multiplication Des didascalies caractérisant chaque protagoniste et la façon de l’auteur de rendre la scène plus percutante.

En effet, Cette scène présente deux personnages en situation de crise, puisqu’Indiana, qui sait enfouis après l’annonce du départ de chez  elle par son mari parce qu’ils sont ruiné ramener par son cousin elle est confrontée à son mari. Leur confrontation est bâtie comme un dialogue théâtral très serré où presque toutes les répliques ne sont introduites que par un tiret, sans précision du nom de l’interlocuteur. Les répliques se succèdent de façon rapide, comme dans un duel, avec des questions / réponses, des apostrophes parfois injurieuses de la part du mari (« femmelette »l13, « sotte et impertinente créature »l20, « Orgueil imbécile, morgue de vermisseau »l23), des interjections et jurons (« mille couleuvres »l11), ce qui traduit la tension entre les personnages et la colère grandissante du colonel.

 L’auteur introduit également des sortes de didascalies précisant le ton sur lequel sont prononcées les paroles et révélant ainsi l’état d’esprit des protagonistes : « verdit de colère et de surprise »l6, « d’une voix chevrotante »l7, « sans changer de visage » l30 « d’un ton glacial »l8. La mise en scène comporte même des gestes de violence de la part du mari (« lui meurtrissant la main entre son index et son pouce) l28-29 qui montrent les enjeux dramatiques de cette scène pour Indiana.

G. Sand a choisi ce dialogue théâtral pour rendre cette scène entre les deux époux particulièrement dramatique et tendue. Le discours direct lui permet de mieux faire sentir la personnalité de chaque personnage et la violence du débat entre les deux. tout en jouant sur les émotions du lecteur, à la fois inquiet des risques que prend la jeune femme et impressionné devant son courage et sa maîtrise de soi. La forme théâtrale de cette scène permet aussi de dévaloriser le colonel qui en arrive avec ses jurons et ses insultes.

Ensuite La relation entre mari et femme est un rapport de domination par Un mari grotesque persuadé de son pouvoir exprimé ici en des termes très clairs : « maître »l11et15 (employé à la fois par le colonel et par Indiana) ou « esclave »l14et « seigneur »l14 rappelant des systèmes sociaux abolis (l’esclavage et la féodalité), que l’héroïne emploie à dessein pour souligner l’injustice et l’anachronisme qui président au statut des deux membres du couple selon le Code Civil. Pour le colonel, ce statut est dicté par une sorte de loi de la nature : c’est parce qu’il est homme et qu’il porte la barbe que le mari a tout pouvoir sur sa femme ; mais Indiana lui rétorque qu’il ne s’agit que d’un fait de société : « La loi de ce pays vous a fait mon maître »l14, « la société vous le confirme »l16.

 Le personnage du colonel apparaît comme une véritable caricature du mari borné et sûr de sa domination ; il n’a évidemment aucun argument pour justifier son pouvoir et ne s’appuie que sur des sortes de clichés confirmant la subordination féminine : G. Sand s’amuse à lui faire dire « qui donc porte une jupe et doit filer une quenouille ? »l12, alors qu’elle-même justement s’est fréquemment habillée en homme, La femme, dans la perspective du colonel, n’est bonne qu’aux tâches domestiques (la quenouille), aux activités frivoles comme la lecture de romans, puisqu’elle n’a aucune capacité intellectuelle (« sotte et impertinente créature »l20, « imbécile »l23,). La femme est intrinsèquement mineure (cf. l’emploi des diminutifs péjoratifs comme « femmelette » ou « vermisseau »), une simple « créature », « impertinente » comme un enfant, ou même un animal que l’on peut « dompter ». Elle ne peut susciter chez son mari que la pitié condescendante de l’être supérieur envers un inférieur trop faible (« vous abusez de la pitié qu’on a de vous »l23).

Le seul statut de la femme pour le colonel est la soumission et l’obéissance : elle n’a même pas droit à la parole (« Taisez-vous »l20), son mari peut l’enfermer et la contraindre par la force (« Vous pouvez lier mon corps, garrotter mes mains, gouverner mes actions »l15). Le moindre refus de sa part est considéré comme une « révolte ouverte » qui doit être réprimée. Le colonel, conforté par la loi, pense donc avoir tous les droits et tous les pouvoirs sur son épouse, ce qu’Indiana va contester aussi bien par ses paroles que ses attitudes.

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