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Lire et l'errance

Fiche de lecture : Lire et l'errance. Recherche parmi 300 000+ dissertations

Par   •  30 Décembre 2022  •  Fiche de lecture  •  2 634 Mots (11 Pages)  •  387 Vues

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Français

 Il y a dans lire une attente qui ne cherche pas à aboutir. Lire c’est errer. La lecture est l’errance »

«

        La lecture est une pratique essentielle à nos société. Cette activité est indispensable à l’ esprit car Lire c'est manger et boire à la fois. L'esprit qui ne lit pas maigrit comme le corps qui ne mange pas comme le mettait en évidence Victor Hugo. Lire consiste tout d'abord en l'exploration d'une porte ouverte sur le réel, en la découverte du monde et des réflexions, du passé, du présent et des perspectives de chacun vis-à-vis de l'avenir. L’errance peut être un voyage, c’est aussi se perdre, s’égarer, cheminer sans but précis. Pascal Quignard, dans les ombres errantes prétend qu’« il y a dans lire une attente qui ne cherche pas à aboutir. Lire c’est errer. La lecture est l’errance. »

Pour caractériser l’essence et le but de la lecture, Pascal Quignard la caractérise comme une errance, c’est à dire,  un voyage, un itinéraire indéfini, une fuite, une sorte de liberté. L’espace textuel est semblable aux continents, océans ouverts vers l’infini et P. Quignard semble insinuer que le lecteur, dans lire, cherche à se perdre, à s’égarer dans les différents univers que composent la lecture sans intention, sans objectif fixe.

La lecture serait-elle donc assimilable à une évasion, un voyage sans finalité prédéfinie ?

        Nous verrons tout d’abord dans quelle mesure l’essence de la lecture peut se définir par une promenade désordonnée et fugitive.  Cependant nous nous demanderons si la position

de Pascal Quignard, en réduisant lire et la lecture à sa dimension errante et sans finalité, semble interdire au lecteur la possibilité d’une lecture comme lieu d’apprentissage, de quête de soi, qui serait donc caractérisé par cette attente.

On est alors en droit de se demander si l’essence de la lecture n’est pas aussi de s’oublier, s’évader pour mieux se trouver, où si l’on peut voir dans cette attente une quête infinie vers un horizon. Ce questionnement nous conduira à envisager pour finir l’éventualité d’une essence littéraire qui, précisément, serait le lieu d’une errance, d’une absence , entre l’évasion, la distraction et le cheminement vers la connaissance du monde et de soi.

        L’essence de la lecture se caractérise avant tout par une escapade, une rêverie parmi les œuvres.

La lecture est semblable à un billet d’absence, une sortie du monde. Le cadre fictif constitue une sorte d'alternative au monde réel dans lequel évolue le lecteur. Le poids de la réalité immédiate peut, pour ce dernier, être tel que la virtualité devient refuge, échappatoire éphémère. Ouvrir un roman revient alors à mettre de côté, durant le temps de la lecture, un ensemble de contraintes quotidiennes pour se plonger dans un nouvel univers dans lequel le lecteur n'a pas, à priori, de responsabilités. En effet lorsque l’on se plonge dans un texte qu’il soit poétique, philosophique, littéraire, on entre dans l’univers que l’auteur a crée pour le lecteur. Lorsqu’on lit les romans de J.K. Rowling, on se retrouve à des lieux du monde réel, transporter dans un espace fictif dans la peau de personnages imaginaires et on en vient à errer dans ce monde inconnu.

Dans la Mythologie Grecque on remonte aux origines de la fiction, notamment avec les épopées homériques retraçant l’itinéraire d’Ulysse et son voyage dans la Grèce Antique. Le lecteur voyage à la fois dans la fiction et le passé, il erre dans un univers étrange où monstres, dieux et déesses existent. La lecture fait vivre au lecteur une autre réalité permettant ainsi de participer aux combats épiques comme ceux d’Achille et Hector décrits dans l’Iliade, aux amours passionnelles où l’on retrouve les amants mythiques:Tristan et Iseult, aux voyages fantastiques… Le mythe de l’Âge d’Or par exemple invite le lecteur à errer dans le monde de  l’'innocence, de la justice, de l’abondance et du bonheur : la Terre jouit d'un printemps perpétuel, les champs produisent sans culture, les Hommes vivent presque éternellement et meurent sans souffrance, s'endormant pour toujours. Le lecteur s’évade, fuit et chemine à travers les lignes de ces textes, oubliant la réalité pour se plonger entièrement dans la lecture et l’errance. La fiction emporte tout, laissant de côté les tourments du lecteur qui devient une ombre, un fantôme voyageant et surplombant les récits.

Lire c’est errer comme dans une promenade. En effet le lecteur ne fait que « passer » dans ces œuvres, il n’y laisse pas sa trace, il s’y perd, seul et laisse les ombres du passé le frôler, lui parler

        La lecture se caractérise aussi comme un espace ouvert vers l’infini, le lecteur voyage dans le passé, le présent, mais aussi dans des récits d’anticipation.

« Lire, c’est voyager dans l’éternité. ». Cette citation de Victor Hugo montre la portée de la lecture, lire c’est se projeter dans l’histoire, dans des civilisations anciennes… faisant vivre éternellement des récits relater par des individus disparut.

        Lire nous permet d’errer dans la pensée de l’auteur, celui qui parcourt les textes littéraires, philosophiques, scientifiques, spirituels et il doit être dans le désintérêt car ces textes abordent des récits en lien avec l’origine de la vie et la place de l’humain dans le monde. Ils prétendent avoir une profondeur, une authenticité, une sincérité, une vérité…

En effet lorsqu’on lit Jean-Paul Sartre, Marc Aurèle ou Arthur Schopenhauer il faut être capable d’accepter l’aventure, l’errance pour prendre le temps d’explorer ces textes.

Dans le Spleen de Paris de C.Baudelaire, chaque poème fait référence à une rêverie, un tableau ou une anecdote. Le lecteur accompagne Baudelaire dans son errance, ses rêveries et ses réflexions.

On assiste à son intériorité et à ses déambulations dans la ville de Paris.

Vraisemblablement la lecture du Spleen de Paris invite avant tout à l’évasion.

Les rêves exotiques déjà présents dans les Fleurs du Mal sont repris dans le Spleen de Paris avec des poèmes comme « un hémisphère dans une chevelure » ou « l’invitation au voyage ». Mais selon Baudelaire c’est l’ivresse au sens large qui permet de s’évader ; il faut se laisser aller, se laisser porter :

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