LaDissertation.com - Dissertations, fiches de lectures, exemples du BAC
Recherche

Le mariage de Figaro, les témoins cachés

Cours : Le mariage de Figaro, les témoins cachés. Recherche parmi 300 000+ dissertations

Par   •  8 Février 2020  •  Cours  •  2 178 Mots (9 Pages)  •  993 Vues

Page 1 sur 9

La comédie, s’opposant à la tragédie, cherche à divertir, à faire rire par la légèreté ou la peinture des personnages qui est faite. La comédie a pour but de ‘corriger les mœurs par le rire’ ou pour Molière ‘de corriger les hommes en les divertissant’, en dénonçant l’avarice, les travers de la médecine ou encore les inégalités sociales. Cet effet comique est créé par les mots, les gestes, les situations mais aussi par des témoins cachés. Au théâtre, notamment dans Le Mariage de Figaro, un grand nombre de témoins sont présents. Ce sont des personnages joués qui assistent à une scène tout en étant cachés écoutant clandestinement la conversation d’autres personnages ou bien des personnages dissimulés derrière un déguisement.                                                                                                                                     Le Mariage de Figaro est une comédie de Beaumarchais, en cinq actes, écrite en 1778, censurée puis jouée pour la première fois en 1784. Cette pièce a été écrite à l’aube des évènements de la Révolution française, crise sociale importante, qui ont menés à un changement de régime politique. La pièce raconte une journée pleine de rebondissements au cours de laquelle Figaro, entré au service du Comte Almaviva, doit être fiancer à Suzanne, première camériste de la comtesse. Mais le Comte qui commence à s’ennuyer avec sa femme, est à la recherche d’aventures. Attiré par Suzanne, il envisage de restaurer le droit de cuisage, droit qui lui permet de goûter aux charmes de tout jeune mariée avant que son mari ait pu en profiter. Aidé par Bazile, le Comte fait à la camériste des avances de plus en plus claires qui entrainent celle-ci à tout révéler à Figaro et à la comtesse. Le Comte doit faire face à une coalition qui finira par triompher de lui. Ridiculisé lors d’un rendez-vous galant qui était en fait un piège, il se jette à genoux devant sa femme et lui demande pardon devant tout le village rassemblé, tandis que Figaro épouse enfin Suzanne.                                                                                                                  On peut donc se demander en quoi l’introduction de témoins cachés augment l’intérêt du spectateur ? Nous allons dans un premier temps, parler du fait qu’un personnage caché introduit dans une pièce permet de faire avancer l’action et au public d’en savoir plus que les autres, puis l’analyse observera la ‘vis comica’ de ces témoins dissimulés dans le théâtre et enfin nous démontrerons que les scènes de témoins sont le lieu d’expression de la créativité du scénographe.

Les témoins cachés éveillent tout d’abord l’attention du spectateur en faisant progresser l’intrique. Ces dissimulations révèlent les vraies intentions des personnages. Un témoin caché, dont un des interlocuteurs au moins ignore la présence, peut apprendre les pensées intimes des autres personnages et agir en conséquence. Figaro, offre un exemple. Le Comte est seul et exprime dans un monologue ses intentions envers Suzanne ‘Ce Figaro se fait bien attendre ! il faut sonder adroitement, et tacher dans la conversation que je vais avoir avec lui, de démêler d’une manière détournée s’il est instruit ou non de mon amour pour Suzanne’ (III-4). Seulement Figaro est dissimulé dans le fond et entend ces paroles, ce qui lui permet d’avoir une longueur d’avance sur le Comte que seuls lui et les spectateurs connaissent. C’est ainsi aussi que se déroule la scène 8 de l’acte I, une scène dans laquelle Chérubin se camoufle derrière le fauteuil. De cette cachette, il entend que le Comte éprouve des sentiments pour Suzanne et qu’il compte bien la courtiser. Les scènes de témoins permettent donc de créer un coup de théâtre en produisant des renversements de situation surprenant le spectateur.                                                                                                                                                                                        En second lieu, les témoins cachés peuvent obliger les personnages à agir et donc à mener l’intrigue vers son terme. Le Comte a appris, alors dissimulé derrière le fauteuil dans la scène 9         de l’acte I que Chérubin est amoureux de sa femme et que tout le monde en parle. Cette révélation pousse le Comte à se montrer et donc à révéler sa cachette. Le double jeu oblige donc à sortir de l’ombre. Le spectateur est toujours le seul à avoir toutes les informations concernant l’intrigue, il peut donc jouir de ce savoir et prédire la suite des évènements. Les témoins cachés peuvent faire progresser l’intrigue et ce faisant attisé l’attention du spectateur.

Ces témoins peuvent aussi rappeler au public que l’histoire est une pièce de théâtre donc la force comique est généralement exprimée par ces personnages. Le dispositif scénique du témoin caché peut faire rire le spectateur. En effet, ce dernier connait en général les tenants et les aboutissants de la scène : il sait qui est caché et pourquoi. Les scènes 12 à 16 de l’acte II sont d’autant plus drôles qu’elles sont destinées à révéler la jalousie du Comte. Au comique de geste (la Comtesse ‘se jette à genoux, les bras élevés’) et au comique de mots (‘oh Ciel, il va périr’) s’ajoute le comique de situation : la Comtesse pense que Chérubin est caché dans son cabinet, prise de peur elle avoue tout au Comte, mais pendant un court instant d’absence du couple Suzanne et Chérubin ont échangé leur place. Lorsque le Comte ouvre le cabinet il découvre Suzanne et se trouve alors embarrassé et résigné à s’excuser auprès de sa femme. De même lorsque la Comtesse se fait passer pour Suzanne et prend au piège le Comte. Il est à nouveau sur le fait accompli et doit s’excuser au grand plaisir du public.                                                                                                                                                                                     Cette comédie est enrichit grâce à l’art de la dissimulation et du travestissement. Le goût pour le déguisement est commun dans la comédie, Le Mariage de Figaro l’exemple parfait ne peut être que Chérubin. Ce personnage échappe à toutes les catégories et son identité est toujours changeante ‘jolie en fille’ (II-6) ‘crédible en bergère’ (IV-9) ‘parfait officier, épée à la main (V). Caméléon pour le spectateur, il est pour le Comte ‘serpent’, ‘couleuvre’, ou encore ‘page infernal’. Il surgit là où on ne l’attend pas et grâce à son rôle de témoin caché contrecarre sans cesse les projets des autres. L’art de la dissimulation est traditionnellement lié à la ruse féminine. Les hommes, Figaro ou encore le Comte ne se travestissent jamais alors que Suzanne et la Comtesse le font à merveille notamment dans la scène 11 de l’acte III où Suzanne laisse croire au Comte qu’elle est intéressée par ses avances ou dans la scène 7 de l’acte V où la Comtesse prend la tenue de Suzanne et assume totalement son rôle de comédienne pour mettre au jour les véritables intentions de son mari. Telle est la vertu du théâtre dans le théâtre : faire surgir la vérité. Cette mascarade conduit finalement à un débordement où tout est permis, Chérubin embrasse le Comte dans la scène 6 de l’acte V, les couples s’échangent, les soufflets pleuvent. Situations comiques que les témoins cachés ou travestis ont permis. Ainsi, les témoins cachés augmentent l’intérêt du spectateur, qui voit son plaisir s’accroitre lorsque les scènes grâce à ses témoins deviennent le théâtre de la comédie.    

...

Télécharger au format  txt (10 Kb)   pdf (48.9 Kb)   docx (10 Kb)  
Voir 8 pages de plus »
Uniquement disponible sur LaDissertation.com