Claudine Guiard, être féministe en contexte colonial : fiche de lecture

Fiche de lecture : Claudine Guiard, Être féministe en contexte colonial dans l’Algérie des années 1930. Les militantes de l’Union française pour le suffrage des femmes”, Revue historique, 2015/1 n°673

Introduction

Dans cette fiche de lecture, nous allons tenter de synthétiser les propos de Claudine Guiard dans son article “Être féministe en contexte colonial dans l’Algérie des années 1930. Les militantes de l’Union française pour le suffrage des femmes.” Cet article a pour objectif d’expliquer comment s’est implanté le féminisme dans l’Algérie colonisée notamment grâce à l'association de l'Union française pour le suffrage des femmes (UFSF). Claudine Guiard, grâce à cet article, va nuancer les analyses faites par les américaines Sara Kimble et Jennifer Boittin qui disaient que des divergences existaient entre la métropole et Alger sur le sort des femmes musulmanes. En effet, elle explique que des féministes françaises d’Algérie étaient aussi prêtes à se battre pour le droit des femmes algériennes tout en prenant en compte les différences de mentalité entre français et algériens. Pour cela, elle va utiliser le journal algérois Femmes de Demain.

Claudine Guiard est docteure en histoire, elle est actuellement chercheuse associée à l’Unité mixte de recherches Telemme dans le groupe Genre, Femmes et Méditerranée. Elle a notamment publié Des Européennes en situation coloniale- Algérie 1830-1939 (2009) et l’article “Une presse féministe dans l’Algérie des années 1930” (2013). L’auteur est donc une spécialiste du sujet et l’article que nous allons présenter s’inscrit dans la continuité de ses écrits. Il faut par ailleurs noter que l’article “Être féministe en contexte colonial dans l’Algérie des années 1930” est publié dans la Revue historique qui regroupe des articles analysant des problèmes historiques grâce à des travaux récents.

Dans cet article Claudine Guiard va utiliser la correspondance échangée entre la présidente de l’UFSF, Mme Brunschvicg et les groupes d’Algérie, le Journal du comité central de l’UFSF La Française ainsi que le journal périodique algérois Femmes de Demain.

Synthèse de l’article

L’historienne débute par une brève introduction présentant l’installation du féminisme en Algérie. Elle rappelle en effet qu’à cette époque l’Algérie, en plus d’être intégrée administrativement à la France, est proche géographiquement du continent européen. De ce fait, les courants idéologiques et culturels européens se sont diffusés rapidement dans le pays. Elle présente l’association “union française pour le suffrage des femmes” (UFSF) qui existe depuis 1909 et des comités de l’association existaient aussi dans l’Algérie française mais ont rapidement disparu. Ce n’est que dans les années 1930, sous la présidence de Mme Brunschvicg que l’UFSF connaît un essor considérable. Pourquoi cette période ? Parce que la France est à ce moment secouée par des problèmes économiques et sociaux qui ont eu des répercussions sur le territoire algérien. L’Algérie devient un pays de double revendication : celles des femmes françaises d’Algérie et celles des Algériens voulant conserver l’identité culturel du peuple. L’auteur explique alors qu’en Algérie il existe un ordre genré qui est impliqué dans un ordre racial : les individus sont Français avant même d’être homme ou femme. Alors, pour comprendre l’existence de l’UFSF en Algérie, Claudine Guidard sépare chronologiquement son article en trois périodes distinctes.

D’abord, 1930-1932, période pendant laquelle il y a des malentendus entre Paris et Alger. En effet, alors que les femmes françaises d’Algérie souhaitent multiplier les adhérents de l’UFSF pour mieux faire connaître les revendications du droit de vote des femmes, en métropole, l’accent est mis sur les femmes musulmanes et l’objectif des comités métropolitains serait d’émanciper les femmes musulmanes. En effet, pour les féministes de métropole, le seul moyen d’émanciper les femmes musulmanes et d’améliorer leurs conditions de vie serait de moderniser le pays selon le modèle occidental et laïc. Le problème c’est que les féministes

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