SUJET INVENTION

• - Laisse-moi, murmura Léopold. Tu peux pas comprendre. » À la fin du cours, c’est à M. Didier, le professeur de français, que Léopold se confie sur son grand regret de n’avoir pu poursuivre ses études et découvrir des œuvres littéraires. Racontez  la  scène  et  imaginez  leur  conversation  en insistant  sur  les  raisons  que  donne Léopold et sur les émotions qu’il éprouve.

« Laisse-moi, murmura Léopold. Tu peux pas comprendre. » En entendant ces mots, la patronne quitta le bar et se réfugia dans la cuisine .

Quelques minutes plus tard, le professeur demanda aux élèves de ranger leurs affaires et de quitter « la salle ». Prenant son livre et son chapeau, il s’approcha de Léopold et lui tapota l’épaule. Derrière le bar, ce dernier ne réagissait point. Il regardait dans le vide.

« - Léopold ! Léo…pold ! Pourquoi as-tu l’air si triste soudainement ? Est-ce que cela te dérange que j’utilise ton bar comme salle de classe ?

• Ah non, c’est pas ça M’sieur Didier, répondit Léopold contrarié. N’allez pas imaginer des

choses comme ça, j’écoutais la leçon et…. »

Puis, la gorge nouée, il baissa les yeux et poursuivit :

« - Comment j’regrette M’sieur Didier de n’avoir pas fini mes études.

• Mais, pourquoi as-tu arrêter l’école ? questionna le professeur.
• Quand mon père m’a demandé d’pas continuer le collège pour apprendre à travailler et gagner des sous, j’étais déçu mais j’avais pas le choix… J’voulais apprendre, lire pleins de livres… mais j’avais peur d’le dire à mon père. »

Les yeux de Leopold s’assombrirent et il déclara :

« - Vous savez M’sieur Didier, j’aurais tellement voulu lire Le Cid de Corneille ou Phèdre de Racine. Etre français et pas avoir lu ces grands livres….m’en voilà honteux. »

Les yeux de Léopold devinrent rouges. Le professeur le remarqua et répondit amicalement:

• « Mais tu sais, il n’ y a pas d’âge pour lire. Rien ne te l’interdit. »

Puis, il demanda:

« - Quel genres de livres aimes-tu  ?

• Les pièces de théâtres ou les autobiographies parce qu’elles nous font ressentir les émotions des personnages en se mettant à leur place comme Le Médecin Malgré Lui de Molière ou les oeuvres de l’écrivain anglais Gustave Flaubert…. répondit fièrement Léopold.
• Tu veux dire écrivain français, corrigea le professeur.
• Euh oui, exactement !  Excusez-moi… répondit Léopold désolé . Vous voyez M’sieur Didier ! Je n’ai aucune culture générale….
• Je trouve tout de même que tu te débrouilles pas mal, lui avoua le professeur.
• J’aurais voulu lire aussi les romans d’aventures comme l’Odyssée d’ Homère ou Le Livre des Merveilles  de Marco Polo, ça m’aurait permis aussi de voyager, de sortir un peu de mon zinc…
• Il est vrai que la lecture est une activité très riche qui permet de s’enrichir et de s’évader de la réalité, rétorqua le professeur. »

Il eut un petit moment de silence. Léopold prépara un café, puis reprit:

«  - Et pas seulement M’sieur Didier. Cela va peut-être vous étonner mais j’trouve que la lecture est un moyen de séduction.

• Qu’est-ce que tu veux dire ? demanda le professeur.
• Lire permet de partager ou d’échanger avec le monde…d’avoir un sujet de communication comme vous et moi actuellement.
• Je suis d’accord avec toi. Le fait de se rendre à la librairie du coin pour trouver un livre, te fera peut-être rencontrer d’autres personnes qui ont le même intérêt que toi ! »

Léopold proposa le café au professeur. Monsieur Didier s’assit et posa son livre Andromaque sur le comptoir. Léopold fixa le livre des yeux et dit doucement:

« - Pauvre Andromaque, je la plains…

• Tu connais Andromaque de Racine ? Tu l’as lu ? demanda le professeur les yeux ronds. »

Léopold poussa un long soupir de tristesse et répondit:

« - Oh que oui, j’lai lu plus d’une fois s’exclama Léopold. Encore heureux que j’lai lu, c’est l’seul livre que j’ai lu quand j’étais gosse. Un jour, un professeur assez âgé, coiffé d’un béret et d’un long manteau noir s’pointa au zinc et but trois verres de vin …En partant, il oublia son livre Andromaque de Racine…J’le pris et toute la nuit, j’lai lu …et pour vous dire j’ai rien lu d’aussi merveilleux M’sieur Didier ! »

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