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Politique éducative

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Par   •  18 Septembre 2016  •  Discours  •  2 421 Mots (10 Pages)  •  860 Vues

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Mor Talla Tall M1 CUSE 2014 / 2015

Mes chers compatriotes,

Ce rendez-vous m’offre l’heureuse occasion de revenir sur les grandes idées qui soutiennent notre projet éducatif. Comme vous le savez déjà pour nous l’homme, être essentiellement social, est définitivement inscrit dans une dynamique d’amélioration permanente de son état. C’est d’ailleurs cet optimisme sur la nature humaine qui fonde le pari que nous avons fait sur l’optimisation de nos ressources humaines socle primordial de notre vision du développement que nous poursuivons ensemble Que personne ne s’y trompe ! La transformation de notre société passera nécessairement par celle de notre éducation. Nous croyons en effet que si l’animal par son instinct est « déjà tout ce qu’il peut être » et donc pour ainsi dire n’a et ne saurait d’ailleurs rien apprendre de ceux qui sont plus avancés que lui, l’homme par contre doit user de sa propre raison pour accomplir son destin qui l’appelle à la majorité c’est-à-dire à la liberté. Il n’a point d’instinct et doit fixer lui-même le plan de sa conduite dit-on. L’humanité qui est son destin et dont la véritable quintessence est la liberté est certes latente en chacun d’entre nous mais elle reste en même temps une réalité à construire notamment au moyen de l’éducation. Vous verrez donc bien mes chers compatriotes pourquoi l’éducation occupe cette position centrale et prioritaire dans le projet de société que nous vous avons déjà soumis et que vous avez accepté en nous élisant à la tête de ce pays. Mieux, nous avons la ferme conviction que ce qui caractérise l’espèce humaine de manière singulière, c’est que l’éducation est pour lui nécessaire et indispensable voire vitale et elle l’est pour elle seulement. Dès lors, l’éducation nous apparaît comme un droit individuel pour chacun et un devoir pour la communauté en faveur de ses membres. C’est pourquoi mesdames et messieurs, je me vois bien obligé de marquer humblement mon désaccord avec ceux qui pensent que le respect de la liberté de l’enfant impose que l’éducateur ne doive rien faire mais devrait plutôt laisser la nature toute seule s’accomplir en lui. En effet dans la même logique Rousseau conclut que tout est bon en «sortant des mains de l’auteur des choses, tout dégénère entre les mains de l’homme.» Mon sentiment est que l’homme n’est naturellement ni bon ni mauvais mais simplement capable de devenir l’un ou l’autre. Ce principe de perfectibilité est justement l’origine du danger qui guette le « petit de l’homme » car il implique que l’homme n’est pas ce que la nature fait de lui mais plutôt ce qu’il devient au seul moyen de l’éducation. Et pour nous à la suite de l’éducation négative, il y a bien une dimension positive dans l’éducation. Aussi l’éducation est-elle non seulement possible mais indispensable pour que l’homme puisse devenir majeur en accédant à la liberté. Je m’empresse cependant d’ajouter que si le but de toute éducation est de rendre l’homme libre, il nous faut bien nous entendre sur le sens de ce concept. Il me semble qu’une bonne partie des problèmes divers et nombreux qui gangrènent notre système éducatif proviennent aujourd’hui de la question qui reste posée de savoir si nous devons concevoir la liberté comme un moyen ou comme une fin de l’éducation. Faut-il, à l’image de John Dewey chantre du « learning by doing » dans le sillage de la tradition rousseauiste, envisager que la liberté doit faire l’objet d’un apprentissage actif qui ne peut se faire que par la pratique ? Comme vous le savez, nombreux sont aujourd’hui ceux qui se plaignent à tort ou à raison d’une perte d’autorité qui frapperait aussi bien le parent que l’enseignant. Dans un tel contexte, nous pensons avec Emmanuel Kant que la liberté qui doit rester le but de l’éducation ne pourrait pourtant survenir qu’au bout d’un processus dont nous reviendrons plus tard sur les différentes étapes. D’autre part l’éducation comme droit ne saurait souffrir d’aucune forme de restriction ou discrimination fondée ni sur le sexe ni sur la catégorie socioprofessionnelle. Comment comprendrait-on en effet qu’une forme particulière d’éducation soit réservée à Sophie et une autre Emile, même si nous admettons la spécificité de l’une et de l’autre ? De même d’ailleurs nous ne comprenons pas comment la puissance publique pourrait exclure de l’éducation qu’elle propose ceux-là même sur qui la communauté compte justement pour la production des biens nécessaires à sa subsistance comme semble nous y inviter l’auguste penseur Platon qui malgré l’importance qu’il donne à l’éducation ne trouve nécessaire d’y soumettre que la classe des magistrats et, dans une certaine mesure, celle des gardiens au détriment de celle des artisans. Nous convenons toutefois avec lui sur la responsabilité qui incombe à l’Etat de rendre possible l’accès à éducation qui respecte une parfaite équité des genres. C’est à ce prix seulement que l’équilibre qu’il nous dit être garant de la justice en chaque homme et dans chaque cité pourra devenir une réalité. Soucieux donc d’optimiser nos ressources humaines pour fonder notre développement, ainsi notre politique de continuera naturellement à mettre l’accent sur l’accès avec l’érection d’écoles partout où de besoin de même que le recrutement d’enseignants en nombre suffisant pour répondre à la demande. Mieux nous entendons rendre obligatoire la scolarisation de tous nos enfants des deux sexes. La scolarité obligatoire conformément à la finalité définie par notre école, se justifie à nos yeux par le souci de veiller à ce qu’aucun enfant ne soit laissé en rade dans l’exercice de ce droit délicat qui a la particularité de toujours comporter une certaine proportion de contrainte voire de violence. En définitive c’est ainsi seulement que la communauté parviendra elle-même à tirer un profit optimal de chacun de ses membres tout en leur assurant la jouissance du droit au savoir clef de voûte de tous les autres. Nous sommes parfaitement disposés à prendre en compte la critique qui nous est constamment adressée à propos de la qualité de la formation de nos enseignants car nous sommes d’avis avec Emmanuel Kant que si l’enfant a besoin d’un maître qui le « contraigne à réaliser son potentiel moral et à sortir de l'animalité pour devenir homme », ce maître étant lui-même homme doit être à son tour bien éduqué. Par ailleurs, nous savons aussi que les parents, veulent généralement que leurs enfants reçoivent une éducation les préparant à trouver individuellement leur voie dans la société telle qu’elle est actuellement. Nous pensons que cette préoccupation est légitime mais elle ne devrait pas occulter la nécessité d’entreprendre d’élever l’homme à ce qu’il devrait être et pas seulement tel qu’il est présentement. Autrement dit tout en préparant l’enfant comme Rousseau à exercer le « métier de vivre » et à « être premièrement homme; tout ce qu'un homme doit être … », nous chercherons aussi par l’éducation à parvenir au-delà des contingences de l’actualité à une société résolument tournée vers le progrès.  Ainsi nous voulons notre éducation véritablement nationale car l’apport de toutes les générations doit être capitalisé en vue de sa bonne pratique dans l’intérêt non pas seulement de la génération actuelle mais aussi de celui de celles à venir. Le perfectionnement de l’espèce que nous visons par l’éducation ne sera possible donc qu’au prix d’efforts constamment consentis par tous les segments de la nation et soutenus dans la durée. Je tiens cependant à être rassurant car si le rôle que nous nous assignons en tant que puissance publique ne manquera pas de paraître exorbitant pour certains, nous n’avons nullement l’ambition de subordonner entièrement l’individu à l’Etat. Ainsi conformément à nos lois, nous respecterons d’une part la liberté de chaque parent en matière d’éducation pour son enfant et encouragerons aussi toutes les initiatives pourvu seulement que tout soit conforme à la politique éducative définie par nos institutions habilitées. D’autre part nous  tenons à ce que la liberté et la nature de l’enfance soit également  respectées tout le long du processus. C’est donc dire que même si nous n’excluons point la contrainte, l’éducation se fera avant tout par et surtout pour la liberté. Celle-ci disais-je plus haut n’est pas une donnée spontanée de la nature mais plutôt un statut à conquérir progressivement. Elle consiste pour nous en la capacité à n’obéir qu’au devoir qu’Emmanuel Kant définit comme « la nécessité d’accomplir une action par respect pour la loi morale» qui ne doit être autre que celle qu’on se sera choisie en toute autonomie. Pour cela, la discipline qui justifie l’usage de la contrainte n’a de sens que si sa raison ultime est de rendre l’enfant progressivement capable d’autodiscipline par l’autocontrainte en vue de se conformer à la règle de l’humanité parce qu’il aura été capable de choisir l’humanité au détriment de l’animalité qui reste une possibilité pour chaque homme. C’est donc après avoir réussi à étouffer ses penchants sauvages par les soins et la discipline qu’on pourrait développer ses penchants humains par la culture. A notre entendement il est important que l’enfant perçoive clairement que toute l’entreprise est menée pour son bien. On veillera toutefois à respecter, comme le recommande Kant, le niveau de maturation de l’enfant. C’est d’ailleurs pour cela qu’avant de pouvoir s’adresser à sa raison il est nécessaire de faire usage de la contrainte mais judicieusement. En effet, contrairement à ce que préconise Locke la raison qui selon Rousseau  n'est « qu'un composé de toutes les autres facultés, est celle qui se développe … le plus tard ». Pour cette raison, elle  ne pourrait être « l’instrument » mais plutôt « l’ouvrage ». Pourtant contrairement aussi aux recommandations de  Rousseau on ne saurait différer toute interférence dans la marche de l’enfant du fait du risque de voir s’installer en lui l’indiscipline dont les germes sont naturellement présents. Le fait est que l’enfant doit apprendre de bonne heure à se conformer au devoir qui sera le lot de l’adulte qu’il ne tardera pas à devenir dans la société de ses semblables qu’il va impérativement intégrer et où tout ne sera pas permis. Du coup, nous envisageons de généraliser la prise en charge de la petite enfance pour que l’éducation préscolaire cesse d’être un luxe accessible aux seules couches nanties de la population. Rousseau lui-même n’a-t-il pas eu la sagesse de prévenir l’éducateur sur la difficulté voire l’impossibilité de trouver le cadre (l’île ?) adéquat pour qu’Emile qui, de son propre aveu, n’est plus « un enfant ordinaire » puisse accéder à l’éducation? Par éducation donc nous entendrons avec Emmanuel Kant le développement des « soins  que réclame [l’] enfance, la discipline qui le fait homme, enfin l’instruction, […] la culture » toutes choses qui visent à élever le « nourrisson, l’élève puis l’écolier » à la capacité d’exercer sa raison librement et en toute responsabilité.

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