Conflit des générations.
Fiche : Conflit des générations.. Recherche parmi 300 000+ dissertationsPar oscar houndaliho • 30 Avril 2016 • Fiche • 1 859 Mots (8 Pages) • 871 Vues
NOTES ÉDUCATION PERMANENTE N° 18 OCTOBRE 2005 ASSOCIATION POUR UNE FONDATION TRAVAIL-UNIVERSITÉ QU’EN EST-IL DU CONFLIT DES GÉNÉRATIONS ? Une différenciation des attitudes et des attentes à l’égard du travail Les transformations contemporaines du social, en général, et du monde du travail, en particulier, ont contribué à produire des générations de travailleurs caractérisées par des attitudes, des attentes et des comportements différents vis-à-vis du travail. Une telle différenciation a également contribué à rendre les rapports intergénérationnels complexes et régulièrement considérés comme conflictuels. Où en est-on aujourd’hui à propos de ces « conflits de génération » ? S’agit-il toujours d’une entrée pertinente pour lire certaines problématiques organisationnelles, bien réelles (intégration des plus jeunes, transmission des connaissances) ? Sinon, à quoi nous réfèrent les tensions qui semblent s’inscrire entre différentes classes d’âge ? A QU’ENTEND-ON PAR GÉNÉRATION ? Une génération est un groupe particulier dont les membres partagent une proximité en âge et ont traversé, à des étapes déterminantes de leur développement, des événements de vie semblables. Caractériser les générations revient donc à identifier ces expériences particulières ainsi que les événements et cadres sociaux auxquels ils réfèrent. La définition des générations au travail renvoie dès lors à certains événements clés qui prennent place dans l’histoire du capitalisme et des transformations des cadres sociaux du travail. En se basant sur cette conception, la littérature – essentiellement nord-américaine – identifie quatre groupes principaux considérés comme significativement porteurs de conceptions et de valeurs distinctes sur le travail : Les « traditionnalistes » (ou « vétérans ») sont nés avant la fin de la seconde guerre mondiale et sont héritiers de la grande dépression économique des années 30. Ils se caractérisent par leur respect des supérieurs et leur attitude loyale vis-à-vis des institutions. En échange, ils attendent d’un emploi qu’il dure toute une vie. Les « baby-boomers » sont nés dans l’aprèsguerre et constituent aujourd’hui la tranche d’âge des travailleurs les plus âgés. Leurs valeurs se structurent autour de la santé et du bien-être, du développement de soi et de l’implication. Les membres de la « génération X » sont nés entre le milieu des années 1960 et la fin des années 1970. Ce groupe constitue la part principale de la population active. Ils ont appris à être indépendants dans un monde traversé par les restructurations et les licenciements dont ils ont pu eux-mêmes être les victimes ou dont ont pu être victimes leurs proches. Ils ont perdu la NOTES ÉDUCATION PERMANENTE N° 21 - NOVEMBRE 2006 ASSOCIATION POUR UNE FONDATION TRAVAIL-UNIVERSITÉ CHAUSSÉE DE HAECHT, 579 – B-1031 BRUXELLES RUE DE L’ARSENAL, 5 – B-5000 NAMUR ÉDITEUR RESPONSABLE : PIERRE GEORIS HTTP ://WWW.FTU.BE NOVEMBRE 2006 • FONDATION TRAVAIL-UNIVERSITÉ 2 confiance que les générations antérieures pouvaient avoir dans leurs supérieurs. Les membres des la « génération Y » sont nés entre la toute fin des années 1970 et le milieu des années 1990. Il s’agit de la première génération née « avec un PC dans les bras ». Fortement influencés par l’individualisme de leurs parents, ces jeunes travailleurs, qui commencent juste à pénétrer le marché du travail, doivent aussi faire face aux incertitudes de ce marché travail et au fait qu’aucune place ne leur est assurée. B LA SOLIDARITÉ INTERGÉNÉRATIONNELLE FACE AUX TRANSFORMATIONS DES CADRES SOCIAUX DU TRAVAIL De nombreux travaux ont montré combien la transformation des cadres sociaux du travail avait eu, dès les années 1980, un impact significatif sur les processus intergénérationnels de transmission et de solidarité. Largement à l’œuvre pour les générations précédentes, de tels échanges semblent aujourd’hui entravés. Jusque-là, les travailleurs d’âges différents pouvaient reconnaître avoir une « destinée commune » et se devoir une « loyauté réciproque » (d’ailleurs au fondement du système de sécurité sociale institué dans nos sociétés). Les formes d’organisations bureaucratiques ou tayloriennes du travail, alors dominantes, attribuaient également à chacun une place dans la hiérarchie non seulement formelle mais également symbolique du travail. La séniorité bénéficiait d’une connotation très largement positive, synonyme d’une expérience, d’un professionnalisme et d’une maturité que les plus jeunes reconnaissaient aux anciens et qu’ils souhaitaient acquérir d’eux. Les plus anciens jouaient également un rôle clé dans l’intégration des plus jeunes dans l’entreprise, en leur apprenant un métier et en les familiarisant aux règles moins formelles de l’organisation. Depuis les années 1980, ce type de régulation est battu en brèche par la « déstandardisation » progressive du travail : instabilité des taux de croissance économiques, mais aussi du marché de l’emploi ou des investissements. Pour faire face à cette instabilité et à cette complexité croissante, les entreprises sont à la recherche de travailleurs « flexibles », autonomes et adaptables. C’est aussi une époque marquée par de nombreuses innovations techniques, par des restructurations lourdes dans certains secteurs, par de nouvelles pratiques d’externalisation de la main-d’œuvre (essentiellement peu qualifiée), par l’installation progressive d’un chômage de masse mais également par le développement du marché des services. C UN CONFLIT DE GÉNÉRATIONS ? Ces changements ont également été portés ou accompagnés par une diversification croissante des attitudes et des valeurs d’une classe d’âge (les plus âgés bénéficiant des acquis de leur insertion) par rapport à l’autre (les plus jeunes, largement touchés par la précarisation du travail) au point d’en parler comme d’un « conflit de génération ». Ce dernier se marquerait, par exemple, dans des situations de résistance au changement, dans les difficultés croissantes des plus jeunes à s’insérer aux collectifs de travail ou dans des situations parfois violentes d’exclusion des uns par les autres. Le travailleur âgé représente, pour le jeune, un idéal inaccessible de stabilité
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