Étude de la fable La laitière et le pot au lait de La Fontaine
Rapports de Stage : Étude de la fable La laitière et le pot au lait de La Fontaine. Recherche parmi 300 000+ dissertationsPar olnico • 30 Janvier 2014 • 2 655 Mots (11 Pages) • 1 252 Vues
Pour présenter le texte
Cette fable se distingue des autres fables car LF n'a pas trouvé son sujet dans la littérature antique,
c'est-à-dire ni chez Esope ni chez Phèdre, mais dans un recueil de nouvelles du 16e siècle de
Bonaventure des Périers. Elle met en scène un personnage humain, socialement identifiable, une
jeune fermière qui va vendre son lait sur le marché. Alors qu'elle imagine tout le profit dont elle
pourra tirer de son lait et se perd dans cette pensée, elle fait tomber son lait et s'apprête à se faire
battre par son mari. Le texte fait apparaître deux parties bien distinctes: un récit qui occupe les 2/3
de la fable et une moralité extrêment développée puisqu'elle s'étend sur 13 vers.
I Une fable plaisante
LF cherche à persuader son lecteur, en le séduisant à plusieurs titres. Il va tout d’abord travailler
1°) la composition de la fable
Celle-ci se présente sous forme de deux parties aisément distinctes, le récit du vers 1 à 27 et la
moralité du v. 30 à 43. Deux vers isolables (v. 28-29) semblent articuler ces deux parties.
a) La dynamique du récit
Le récit développe amplement la situation initiale, qui consiste à rendre compte de tous
les efforts de Perrette pour transporter son pot de lait (du vers 1 à 7) ainsi que de la
progression de l'imagination de la laitière lors de son déplacement (v8 à 21). L'utilisation
de verbes à l'imparfait, l'emploi du discours direct pour rapporter les pensées du
personnages prolongeant ainsi la narration, semblent donner de la durée à cette situation,
une forme de retardement, qui met du coup en valeur la chute soudaine du personnage:
l'irruption de verbes au présent de narration en rupture avec ce contexte au passé rend
sensible la brutalité du retour soudain à la réalité. Le dernier vers du récit (« En grand
danger d'être battue »), tourné vers le futur immédiat de la laitière, permet d'envisager les
conséquences douloureuses de cet événement.
b)La moralité
Ce qui fait l'originalité de cette fable, c'est que LF a particulièrement développé sa moralité. Cette
moralité présente elle-même une dynamique: on généralise le propos en ne le restreignant pas au
cas particulier de Perrette, en recourant à des interrogatives portant sur un sujet indéterminé (« quel
esprit ...? », « qui ne fait...?), à des accumulations qui multiplient les exemples (« Picrochole,
Pyrrhus, la Laitière, enfin tous,/ Autant les sages que les fous ? » ), avant de se focaliser sur un
« je » à partir du vers 38, qui peut être aussi bien le « je » du fabuliste, que le « je » du lecteur .
Cette progression de la moralité empêche que celle-ci soit figée, excessivement fermée et
moralisatrice.
c)la mise en abyme
Deux vers assurent la transition entre les deux parties: « Le récit en farce en fut fait ; /
On l'appela le Pot au lait. ». Il y a d'abord un effet de mise à distance par rapport au récit, puisqu'on
regarde le récit de façon rétrospective (« le récit en fut fait »), préparant ainsi la généralisation
opérée par la moralité qui suit. Mais surtout, on a un effet de mise en abyme, c'est-à-dire que la
fable parle de la fable. Cette mise en abyme est d'ailleurs redoublée dans la fable qui suit
immédiatement « Le Curé et le Mort », au dernier vers: « Proprement toute notre vie/ Est le curé
Chouart, qui sur son mort comptait
1
/ Et la fable du Pot au lait ». Dans certaines éditions, les deux
fables sont accolées et forment un même ensemble. De plus, on pourrait se demander si
l'expression proverbiale qui conclut la fable (« Je suis gros Jean comme devant2
. ») n'est pas une
manière pour La Fontaine de signer la fable de son prénom et ajouter un jeu de miroirs, un effet de
1 En gros, « Le Curé et le Mort » reprend le même scénario et le même propos que « La Laitière et le Pot au lait »:
un curé imagine lors de l'enterrement d'un de ses fidèle, tout ,ce qu'il pourra faire pour sa paroisse grâce à l'argent
que celui-ci lui a légué. Mais il tombe brusquement du carrosse funéraire et meurt de sa chute.
2 Devant= auparavant
mise en abyme supplémentaire.
2°) Le sens du détail expressif
Mais ce qui fait toute la saveur de cette fable, c'est aussi le sens du détail expressif de LF.
a) le physique
La Fontaine ne décrit pas vraiment son personnage, mais en un minimum de mots, il nous le
rend très concret, très proche et très facilement imaginable. On est dans le croquis, la
silhouette, qui présente de façon très physique et très concrète Perrette, en insistant sur les
vêtements et les accessoires qui ont été
...