Neveu de Rameau, Montaigne
Commentaire de texte : Neveu de Rameau, Montaigne. Recherche parmi 300 000+ dissertationsPar tamerekapute • 14 Mars 2023 • Commentaire de texte • 1 562 Mots (7 Pages) • 366 Vues
La première remarque qui m’est venue à l’esprit est l’abondance du pronom personel “je” ou de formes réflectives:(voir texte en rose). Le narrateur insiste beaucoup sur sa présence: ligne 2: “cest moi qu’on voit” ou “c’est mon habitude” ligne 1, ce qui est assez curieux car celui-ci reste anonyme. Pendant tout le long du texte, nous n’avons ni prénom, ni nom. Ce qui rend cet incipit déjà assez intriguant.
Dans un premier temps le narrateur commence par décrire ses habitudes, il évoque des lieux et des temps précis: “cinq heures du soir” ligne 1, “le Palais-Royal” ligne 2, “le banc d’Argenson” ligne 2. Ce qui montre une certaines récurrences dans ses actions car il va toujours dans les mêmes lieux précis, donc aussi une certaine rigueur. Cet rigueur est notamment renforcée par la première phrase: “qu’il fasse beau, qu’il fasse laid” sous-entendu peu-importe le temps, il respectera son habitude. Mais d’une certaine manière cela rend le narrateur encore plus énigmatique car nous savons à présent les lieux où il va, mais toujours pas qui il est.
Le narrateur semble aussi aimer réfléchir: “je m’entretiens avec moi-même” ligne 3. La forme réflective montre qu’il fait cette activité en solitaire (comme le montre aussi “seul” à la ligne 2) Ce qui n’est pas sans rappeler Montaigne qui s’isole dans la tour de son château pour écrire.
La comparaison avec Montaigne pourrait d’ailleurs continuer sur les prochaines lignes, où comme l’auteur des Essais, le narrateur laisse libre court à sa pensée “à sauts et à gambades”. Le narrateur apparaît alors comme un érudit, cette interprétation est renforcée par le terme: “libertinage” ligne 4. Le libertinage philosophique au 18e siècle prône une liberté de pensée, une pensée libérée des dogmes religieux. Donc ici on peut commencer à faire le lien entre le narrateur et Diderot, enfin c’est lui qui écrit, mais voilà Diderot est un philosophe des Lumières qui lutte contre l’obscurentisme religieux, n’est pas anodin de retrouver un tel terme dans ce texte.
Cependant il y a certains termes qui pourraient faire référence à une certaine démesure dans le comportement du narrateur, ce qui rend celui-ci un plus ambigüe. Cette possible interprétation peut aussi amener à changer l’interprétation de la première phrase du texte: “qu’il fasse beau, qu’il fasse laid”: finalement cela pourraît montrer que le narrateur n’agit pas en fonction de la situation, il serait en quelque sorte borné donc à un extrême. De plus l’accumulation ligne 3 montre un certains désordre dans sa pensée car il passe de réflexion sur la politique à des réflexions sur l’amour, or aucun fils conducteur logique n’apparaît. Et c’est peut-être là où notre narrateur se différencie de Montaigne, même s’il laisse courir le flot de ses pensées, on y retrouve un certains fils conducteur qui structure sa pensée.
“J’abandonne mon esprit” ligne 3, va aussi dans le sens d’une démesure, s’abandonner ce n’est plus être maître de soi-même.
De plus le terme “libertinage” est polysémique, peut-être que le narrateur ici évoque juste une pensée déréglée, qui émane de lui simplement. L’utilisation de “tout” et de “son” va aussi dans cette même idée, ils font référence à une pensée propre qui se contrôle elle-même, elle est dissociée de l’humain à qui elle appartient. Ce qui est aussi assez troublant car la pensée d’un homme est en soit le fait qu’il existe: “je pense donc je suis” de Descartes, donc ici il y a une sorte de mise à distance entre la pensée du narrateur et le narrateur, ce qui rend son identité encore plus énigmatique.
Cette idée de pensée autonome (qui est aussi le propre du libertinage philosophique ce qui rend là où il veut en venir encore plus confus) courre sur la phrase suivante: “je le” qui reprend son esprit, idée qu’il est à part de son être. “le laisse maître” sous-entendu qu’il ne le contrôle pas. L’opposition entre les deux idées qu’il évoque: “sage ou folle” ligne 4 va aussi dans cette idée d’autonomie de la pensée. Cette idée est aussi perpétuée avec la comparaison qui suit ligne 5, 6 et 7. Il compare le comportement des courtisans de l’allée de Foy à son esprit, du fait qu’il passe à un sujet comme à un autre comme les courtisants passent de femmes en femmes. Les précisions apportées sur ces femmes: “l’air éventé, au visage riant, à l’oeil vif, au nez retroussé” montre que peut-être le narrateur est un fin observateur.
La comparaison se poursuit “mes pensées ce sont mes catins” est assez choquante quand on l’a lit, le ton change de manière assez radicale. Il rend claire et abrupte l’interprétation de la comparaison
Cette comparaison est assez comique, ça donne un peu l’impression qu’il se moque de lui-même, il y a une sorte d’auto-dérision qui rend compte aussi de sa pensée qui divague et réfléchit sur la pensée précédente.
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