En quoi l’« effet spectateur» mène à penser que nous ne choisissons pas notre manière d’agir ?
Chronologie : En quoi l’« effet spectateur» mène à penser que nous ne choisissons pas notre manière d’agir ?. Recherche parmi 300 000+ dissertationsPar Lisa Davenet • 16 Novembre 2023 • Chronologie • 769 Mots (4 Pages) • 157 Vues
Philo : En quoi l’« effet spectateur» mène à penser que nous ne choisissons pas notre manière d’agir.
L'indifférence face à une agression et le fait de ne pas porter secours à une personne en danger sont des phénomènes bien connus, attribués, depuis la fin des années 1960, à un processus psychologique, nommé effet du témoin ou effet spectateur. Dans des situations d'urgence, le comportement d'aide d'un sujet est inhibé par la simple présence d'autres personnes sur les lieux. Mais alors, en quoi l’« effet spectateur» mène-t-il à penser que nous ne choisissons pas notre manière d’agir ? Pour ce faire, nous nous aiderons d’un reportage, nommé « Non-assistance à personne en danger », réalisé par Aurélie Bloch, avec la participation de France Télévisions et de LCP Assemblée Nationale et publié en 2016 sur le site Dailymotion.
Cet étrange processus psychologique, mis en évidence en 1968 par 2 professeurs de psychologie sociale, John Darley et Bibb Latané, a démontré pour la première fois l’effet du témoin en laboratoire. Ainsi, cette étude généralise les prémices de toutes les recherches subséquentes de cette discipline. C’est le cas de Peggy Chekroun, spécialiste mondiale de l’« effet spectateur », qui a réalisé de nombreuses expériences en laboratoire autour de ce sujet. Effectivement, Peggy Chekroun a prouvé que dans 95% des interventions où la personne est seule, celle-ci appelle plus rapidement les secours. En revanche, ce taux diminue à 31 %, quand elles sont en groupe puisque ces dernières vont alors hésiter et attendre la réaction de leurs voisins. Ainsi, avec les études de John Darley et Bibb Latané, la spécialiste conclue qu’en d’autres mots, plus le nombre de personnes qui assistent à une situation exigeant un secours est important, plus les chances que l’un d’entre eux décide d’apporter son aide sont faibles.
En outre, ce phénomène est dû à trois raisons essentielles qui peuvent expliquer cette passivité. Premièrement, on peut citer l’influence sociale. En effet, elle se définit par notre tendance à se référer à la réaction des autres personnes présentes lorsque nous sommes témoins d’une situation ambigüe. Autrement dit, nous observons la réaction des autres avant d’intervenir et eux font de même. Pendant ce temps, personne n’intervient et la situation peut alors être jugée moins importante qu’elle ne l’est en réalité.
Ensuite, on retrouve la peur de faire le mauvais choix face aux autres. Ce processus se nomme l’appréhension de l’évaluation et désigne le fait de ne pas vouloir être jugé négativement par les gens, sachant que nous sommes observés par les autres.
Pour la dernière raison, il s’agit du principe de la dilution de la responsabilité. En effet, plus le nombre de témoins est grand, plus la part de responsabilité incombant à chaque individu est faible donc moins les gens sont susceptibles d’intervenir.
Pour comprendre les mécanismes qui nous pousse à agir ou non, nous allons prendre comme exemple l’expérience mise en œuvre dans le reportage. Cette dernière consiste à mettre en scène une agression à un arrêt de bus et d’observer les comportements et les réactions des gens. Au cours de l’expérimentation, nous avons remarqué que la grande majorité des personnes détournent le regard, fuient ou encore ignorent la situation. De ce faite, ces petits gestes témoignent alors de notre lâcheté ordinaire ou peut-être lié au phénomène, appelé en psychologie sociale, la dissonance cognitive. En effet, ce principe consiste à nous trouver toutes les bonnes raisons pour justifier nos comportements aux risques parfois de les répéter. En revange, la dissonance cognitive n’est pas forcément de la mauvaise fois, c’est un processus inconscient qui transforme la réalité pour être en adéquation avec notre morale. Heureusement, des personnes interviennent spontanément. De ce fait, plusieurs questions s’offrent à nous : mais par quoi sont-elles guidées ? Ont-elles un métier qui les pousse à intervenir ? Un sens de l’empathie plus développé ? Ou est-ce une question d’éducation ? Ou peut-être connaissent-elles l’effet spectateur et ses mécanismes ? Ainsi, ces personnes actives sont alors importantes car dans le cas où le groupe empêche d’agir, il suffit qu’un seul de ces personnes ne lève le petit doigt pour que tout le monde suive.
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