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Pouvoir politique et magistère religieux : le calife et l’empereur byzantin aux IXe-Xe siècle, approche comparée

Fiche : Pouvoir politique et magistère religieux : le calife et l’empereur byzantin aux IXe-Xe siècle, approche comparée. Recherche parmi 298 000+ dissertations

Par   •  2 Mars 2020  •  Fiche  •  1 767 Mots (8 Pages)  •  1 547 Vues

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Jalon 2. Pouvoir politique et magistère religieux : le calife et l’empereur byzantin aux IXe-Xe siècle, approche comparée

a) Le califat dans le monde musulman : une théocratie

1°Origine et fracturation du califat

À la différence du christianisme qui est véritablement né en tant que religion distincte du judaïsme bien après la mort du Christ, l’Islam a été fondé par Mahomet et s’est imposé sur territoire certes encore restreint (une grosse moitié de la péninsule arabique) au moment de sa mort. C’est autant un chef de clan ou de tribu qu’un prophète car c’est de sa tribu que sont venus la plupart des premiers convertis, ceux qui l’ont suivi lors de l’hégire (migration) quant il a dû quitter la Mecque pour Médine en raison du rejet de sa prédication par les élites mecquoises.  

N’ayant pas de fils survivant ce sont les compagnons les plus proches qui vont lui succéder après sa mort à l’âge de 64 ans à la suite d’une maladie en 632. Le terme de calife signifie justement successeur. Ce sont des hommes déjà âgés qui ne lui survivent durant une trentaine d’années. Mais au cours de ces trois décennies ils vont apporter assez peu de choses sur le plan religieux mais vont en revanche conquérir de vastes espaces.

A la mort du 3e successeur du prophète assassiné à la suite de rivalités extrêmement violentes au sein de l’Umma, c’est le gendre de Mahomet qui était aussi son cousin, Ali, époux de Fatima qui obtient le titre de calife mais ce titre lui est contesté et il est éliminé en 661. Ses soutiens en font un martyr et se séparent du califat qui est désormais accaparé par la dynastie des Omeyyades qui transfèrent la capitale de Médine à Damas. Quant à eux ils forment une branche distincte de l’Islam qui ne reconnait le titre de calife qu’au descendant du prophète et d’Ali, le chiisme.  

Au milieu du VIIIe siècle, le califat Omeyyade est renversé et une nouvelle dynastie s’impose qui se réclame du califat, les Abbassides qui installent leur capitale à Bagdad. Mais les Omeyyades conservent un pouvoir en Espagne et depuis leur capitale, Cordoue, ils continuent de revendiquer le califat. Entre les deux une troisième dynastie affirme la même prétention en Égypte avec Le Caire comme Capitale, les Fatimides. Cette pluralité des capitales et de dynasties donne une certaine consistance aux différents États arabes actuels.

2° Un pouvoir califal en théorie très étendu

Mahomet était chef politique autant que religieux. Il en est de même pour ses successeurs. Il n’y a pas contraire à la chrétienté de distinction entre pouvoir temporel et spirituel. Il n’y a pas d’ailleurs de clergé dans l’islam sunnite. Le calife doit empêcher la discorde (fitna) de se glisser au sein de l’oumma et veiller au respect des dogmes, de la tradition (sunna). Il doit aussi protéger le monde musulman et, si possible assurer son expansion par le jihad.

Ce pouvoir très étendu et multifonctionnel est en réalité plus limité qu’il n’y parait. D’abord car il est très difficile voire impossible d’imposer une unité effective au monde musulman qui a toujours été divisé politiquement et religieusement. Ensuite parce qu’il existe des docteurs de l’Islam, des savants lettrés qu’on appelle les oulémas, qui vont interpréter le Coran et veiller au respect de la tradition, la Sunna. Enfin par le fait qu’il est assisté d’un vizir qui est une sorte de premier ministre mais qui se montre souvent ambitieux au point de chercher à pendre sa place.

Dans l’empire abbasside la fonction califale devient d’ailleurs essentiellement symbolique et le pouvoir temporel se trouve de fait accaparé par les émirs et les sultans. Il ne lui reste qu’une sorte de magistère religieux mais qui doit tenir compte des avis des oulémas qui ont une connaissance du Coran supérieure à la sienne et une légitimité plus grande dans son interprétation.

3° Le pouvoir califal et les minorités : une relative tolérance

En s’étendant le monde musulman a eu une double attitude à l’égard des populations non musulmanes, soit la conversion forcée pour les polythéistes considérés comme idolâtres, soit la tolérance à l’égard des monothéistes car l’Islam se considère comme l’héritier de ces religions qui l’ont précédé et dont il se considère comme l’aboutissement. Les dhimmis (protégés) doivent s’acquitter d’un impôt et sont soumis à certaines contraintes (interdiction de construire de nouveaux lieux de culte et de monter à cheval notamment). Certains d’entre eux accèdent à des fonctions importantes auprès des califes, parfois même celle de vizir.

Outre ces cas très exceptionnels, les dhimmis sont généralement plus pauvres du fait du poids des interdits. C’est pourquoi ils se convertissent souvent. Ceux qui restent fidèles à leur foi sont représentés auprès du calife par le chef de leur communauté, le patriarche d’un église chrétienne, assez nombreuses en Orient, l’exilarque ou chef de l’exil pour les juifs, ce qui montre d’ailleurs, le lien que les Juifs conservent avec la Terre sainte après leur dispersion sous l’empire romain.

Si l’Islam donne lieu à de véritables théocraties, celles-ci sont cependant plus tolérantes que des régimes non théocratiques, comme on en voit dans le monde occidental. Cela correspond aussi à un climat intellectuel qui est ouvert sur toutes les connaissances profanes, notamment les traités scientifiques de l’Antiquité grecque ou romaine, connaissances qui ont parfois leur utilité sur le plan religieux. Leur traduction en arabe et leur conservation sous cette forme a parfois permis aux Occidentaux de redécouvrir certains d’entre eux qui avaient été perdus. Cette relative ouverture passe aussi par des discussions sur les dogmes qui fait que l’Islam reste jusqu’au XIIe siècle non rigoriste.

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