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Lecture linéaire: Le mariage de Figaro, acte I, scène 10

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Par   •  24 Août 2020  •  Commentaire de texte  •  2 517 Mots (11 Pages)  •  2 199 Vues

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Acte I – Scène X – Le Mariage de Figaro

Beaumarchais

Marié trois fois, inventeur, musicien, voyageur, financier, agent secret et trafiquant d’armes, le théâtre de Beaumarchais est à son image, plein de rebondissements. Si son expression est la plupart du temps comique, ses préoccupations sont celles de son temps, du temps des Lumières et de la remise en cause des traditions de l’Ancien régime.

Ainsi, après une longue lutte avec la censure, Beaumarchais fait jouer, en 1784, sa comédie en 5 actes, Le Mariage de Figaro, sous-titrée « La folle journée ».

Cette comédie constitue le deuxième volet d’une trilogie, entre le Barbier de Séville et La Mère coupable. Il s’est écoulé trois ans depuis que le Comte est parvenu, avec l’aide de son valet : Figaro, à conquérir Rosine, devenue, depuis, Comtesse. Le Comte a bien changé : de jeune homme sympathique, il est devenu un mari volage et tyrannique. Le spectateur suit dans Le Mariage de Figaro ses efforts afin de séduire Suzanne, la future épouse de Figaro et de profiter de son droit seigneurial qu’il avait pourtant abolit. L’en empêcher est l’enjeu même de la pièce.

L’extrait présenté ici se situe à la fin du premier acte. Comme indiqué dans les premières didascalies, elle réunit les protagonistes de la pièce (excepté Marceline et Bartholo) et l’ensemble des serviteurs, qui forment une sorte de public, en plus des spectateurs réels, qui se trouvent dans la salle. Figaro, Suzanne et la Comtesse veulent que le Comte renonce publiquement au « droit du seigneur » par un geste symbolique, qui consiste à remettre à la jeune fiancée la toque virginale. Ces actes sont essentiels puisque les projets du Comte à l’égard de Suzanne nuisent non seulement à Suzanne et Figaro mais blessent aussi la Comtesse.

LECTURE

Ainsi, la lecture du texte nous invite à nous demander Comment Figaro en tant que fin comédien, va-t-il s’y prendre pour atteindre son but et piéger le comte ?

En quoi cette scène de théâtre dans le théâtre, met-elle en relief les qualités de comédien de Figaro, mais également celles du comte ?

Dans cette scène de théâtre dans le théâtre, comment Figaro joue-t-il la comédie et amène t-il le comte à la jouer à son tour, dans le but de le piéger ?

En quoi cette scène de théâtre dans le théâtre permet-elle à Figaro de piéger le comte ?

De quelle manière, dans cette scène de théâtre dans le théâtre, Figaro met ses qualités de comédien et celle du comte, au service de son projet ?

Nous étudierons l’extrait selon deux mouvements :

- la mise en place du piège de la ligne 1 à 14

- et le piège qui se referme sur le comte de la ligne 15 à 37

1er mouvement : la mise en place du piège

Figaro, tenant une toque de femme, garnie de plumes blanches et de rubans blancs, parle à la comtesse. Il n’y a que vous, madame, qui puissiez nous obtenir cette faveur.

Comme indiqué dans les didascalies, c’est Figaro qui tient la « toque de femme » blanche, symbole de pureté et d’innocence. Sachant que l’union fait la force, il essaie dès le début de créer une union des dominés en tentant de rallier la comtesse à sa cause.

Il s’adresse donc à elle, en la mettant en valeur par une formule restrictive : « Il n’y a que vous, madame, qui puissiez … ».

Il souhaite que tous manœuvrent contre le « tyran ».

La Comtesse. Vous les voyez, monsieur le comte, ils me supposent un crédit que je n’ai point ; mais comme leur demande n’est pas déraisonnable…

La comtesse est ici ironique et amère. Elle sait bien que même haut placée dans la société elle n’en demeure pas moins une femme, c’est-à-dire qu’elle est entièrement soumise à son mari et ne saurait influer sur son comportement, comme en témoigne « un crédit que je n’ai point ».

L’emploi de la litote finale « leur demande n’est pas déraisonnable » sous-entend que le comportement du comte est tout à fait scandaleux.

Le Comte, embarrassé. Il faudrait qu’elle le fût beaucoup…

Furieux mais impuissant le comte, est alors obligé de jouer à contre-emploi devant ses domestiques. Il doit se conformer à l’image de chevalier galant et de maître doux et bienveillant qu’il cherche à donner de lui.

Figaro, bas à Suzanne. Soutiens bien mes efforts.

Suzanne, bas à Figaro. Qui ne mèneront à rien.

Figaro, bas. Va toujours.

Dans un bref dialogue en aparté, on voit que Figaro implique également Suzanne en lui demandant de le soutenir.

Si comme la comtesse, elle ne se fait d’illusion, on voit toutefois ici le couple de valets, complices et incarnant le bon sens et l’ingéniosité du peuple, unis pour faire vaciller les puissants.

Le Comte, à Figaro. Que voulez-vous ?

Figaro. Monseigneur, vos vassaux, touchés de l’abolition d’un certain droit fâcheux que votre amour pour madame…

A la question du comte : « Que voulez-vous ? », Figaro répond adroitement en impliquant l’ensemble des personnes présentes : « vos vassaux ».

Il lui donne ironiquement du « Monseigneur », le dépeint comme un maître éclairé et tolérant, tout en faisant allusion habillement à l’amour conjugal, que ce dernier ne peut désavouer publiquement.

Il emploi une périphrase à valeur d’euphémisme : « un certain droit fâcheux », pour désigner le droit de cuissage, ce qui lui permet d’avancer masqué en faisant preuve de prudence.

Le Comte. Hé bien, ce droit n’existe plus : que veux-tu dire ?

Figaro, malignement. Qu’il est bien temps que la vertu d’un si bon maître éclate ! Elle m’est d’un tel avantage aujourd’hui, que je désire être le premier à la célébrer à mes noces.

Le comte interrompt Figaro comme pour montrer qu’il voit clair dans son jeu, qu’il n’est pas dupe. Le spectateur au courant de la détermination du comte à exercer son droit de cuissage sur Suzanne ne peut que sourire face aux mensonges éhontés de ce dernier : « Hé bien ce droit n’existe plus ».

Figaro use alors encore de l’ironie avec l’antiphrase hyperbolique

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