Le Soleil Des Scortas

Le soleil des Scortas

Bonjour chers membres du jury, je viens vous présenter le roman «Le soleil des Scorta» comme candidat au prix Goncourt. Il fût rédigé par Laurent Gaudé et publié en 2004 chez Actes Sud. Ce roman m’a fort plu lors de la lecture et c’est pour cela que je suis présent aujourd’hui pour le défendre. Je commencerai par vous le résumer brièvement pour ceux qui n’auraient pas lu ce chef d’œuvre. Pour appuyer ma conviction de son éligibilité, je vous parlerai premièrement de l’exploit littéraire réalisé par l’auteur. Ensuite, pour confirmer mes dires j’aborderai les messages qu’il a voulu nous transmettre.

« L'origine de leur lignée condamne les Scorta à l'opprobre. A Montepuccio, leur village d'Italie du Sud, ils vivent pauvrement, et ne mourront pas riche. Mais ils ont fait le vœu de se transmettre de génération en génération, le peu que la vie leur laisserait en héritage. Et en dehors du modeste bureau de tabac familial, leur richesse est aussi immatérielle qu'une expérience, un souvenir, une parcelle de sagesse, une étincelle de joie. Ou encore un secret. Comme celui que la vieille Carmela confit au curé de Montepuccio, par crainte que les mots ne viennent très vite à lui manquer. »

Laurent Gaudé s’est attelé à un défi mesurable, faire parler ceux qui vivent dans le silence.

“J’ai pris la mauvaise route, pensa-t-il. Je devrais déjà apercevoir le village. A moins qu’il n’ait reculé. Oui. Il a dû sentir ma venue et a reculé jusque dans la mer pour que je ne l’atteigne pas. Je plongerai dans les flots mais je ne céderai pas. Jusqu’au bout. J’avance. Et je veux ma vengeance.”

Cela semble bien être le but de notre auteur. Par son écriture polyphonique très personnelle, Gaudé cherche à engager tous ses personnages dans un message commun tout au long du roman. Le ton du roman en témoigne, il est très peu « littéraire », volontairement proche de l’oralité et parfois sans verbe. Son discours est ponctué nerveusement de « Oui », « voilà », « c’est tout ».

La difficulté et l’efficacité du roman réside dans les personnages. Les gens du village appellent les Scorta les « taciturnes » ; et en effet l’existence même de la lignée des Scorta est fondée sur une absence de langage, une mésentente. Ils naissent sur la double conjonction d’un viol et d’un mensonge. L’enfant issu de ce fait ironique, Rocco, épousera la Muette, dont le nom poursuit également cette tradition d’omerta. Quant aux trois enfants du mariage, ils doivent assumer un tel héritage. Devant le reste du village, ils doivent se taire, par fierté. Ils se retrouvent face à toutes ces choses que la langue est trop pauvre pour dire et l’orgueil trop grand pour formuler.

Laurent Gaudé utilise très habilement Carmela, la fille préférée de Rocco, dont nous parvient directement la confession à Don Giorgio tout au long du récit. Celle-ci comble les blancs dans l’histoire des Scorta. En effet la vieille Carmela confie à son contemporain le récit objectif des évènements avant que les mots ne lui manquent. Tous ces non-dits sont éclairés par cet habile enchevêtrement de récits.

Abordons maintenant les thématiques fortes qu’a voulu faire passer l’auteur.

Comme je

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