Le Mendiant De Hugo

Introduction

Né en 1802 à Besançon et mort le 22 mai 1885 à Paris, Victor Hugo est un écrivain, poète, homme politique, académicien et intellectuel engagé qui aura marqué le XIXe siècle. Chef de file du romantisme, il révolutionne la poésie avec l’avènement de la poésie romantique, mais également le théâtre avec le drame romantique. Parmi ses œuvres les plus célèbres on peut citer le roman Notre-Dame de Paris, les pièces Hernani ou Ruy Blas ainsi que le recueil Les contemplations, publié en 1856 par le poète alors exilé. C’est du livre I de ce recueil qu’est extrait « Le mendiant », soumis à notre étude. Composé d’alexandrins, et sans structure apparente, ce poème relate la rencontre du poète et d’un mendiant qu’il accueille chez lui. Nous nous demanderons en quoi cette rencontre somme toute banale montre comment le regard du poète arrache les choses à leur banalité et élève la réalité vers des sphères spirituelles. Pour ce faire nous étudierons d’abord le caractère quotidien et prosaïque de la rencontre, avant de nous intéresser à la transformation du réel à travers le regard du poète.

Plan détaillé

I. Le récit d’une rencontre prosaïque


a. Une scène banale


• aucune indication temporelle particulière  une scène de tous les jours

• éléments prosaïques : « Les ânes revenaient du marché de la ville, / Portant les paysans accroupis sur leurs bâts ; on note que le narrateur renverse l’ordre habituel en présentant d’abord les bêtes et ensuite les paysans ; le nom de la ville n’est pas mentionnée, ni celui du marché : on est dans une scène qui pourrait être partout

• la saison est l’hiver, une saison grise, triste, sans éclat : « dans le givre et le vent »

• « d’une façon civile » : le comportement du poète / narrateur ne requiert pas une conscience morale élevée, il se comporte selon les bonnes règles de la société

• les rimes plates accentuent cette banalité

b. Un personnage très ordinaire : le mendiant 


* la présentation du mendiant se fait à travers un pronom indéfini : « Un pauvre homme »  il ne s’agit a priori pas d’un homme ayant une identité particulière

* même lorsque le pronom défini est employé il s’agit d’une description assez familière : « C’était le vieux qui vit dans une niche au bas / De la montée »

* la description des vêtements donne une image attendue et familière : « Son manteau, tout mangé des vers, et jadis bleu », « Piqué de mille trous « (une hyperbole), les habits mouillés  ces lieux communs et l’absence d’une identité propre nous empêchent d’être saisis par une grande compassion à l’égard de celui dont nous ne savons que très peu ; le poète ne semble pas non plus s’apitoyer sur son sort, il lui apporte une aide concrète, la chaleur, une jatte de lait …

c. un poème – récit

• les temps du récit, ce qui est assez inhabituel en poésie : le passé simple (« je cognai », « il s’arrêta », avec une alternance de séquences narratives et de séquences descriptives à l’imparfait

• un dialogue, procédé plutôt inhabituel en poésie, avec des verbes de paroles : « dis-je », « répondais », « je lui criai », « il me dit »

• le récit est un récit assez simple, Hugo recourt surtout au connecteur temporel « Et », employé en anaphore, lorsqu’il ne préfère pas la simple juxtaposition (v.2)  aucune recherche particulière de style pour raconter cette rencontre

Néanmoins, derrière cette banalité apparente se profile une transformation due au regard du poète qui arrache cette scène à sa banalité

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