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Huis clos - dissertation

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Par   •  11 Juin 2015  •  3 099 Mots (13 Pages)  •  2 199 Vues

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HUIS CLOS

INTRODUCTION

Huis clos est une pièce de théâtre en un acte de Jean-Paul Sartre, rédigée à la fin de l'année 1943 et représentée pour la première fois le 27 mai 1944 au théâtre du Vieux-Colombier, à Paris.

Dans cette pièce, Sartre préconise une nouvelle conception du genre théâtral qu’il appelle « théâtre de situation ». C’est ainsi que dans le climat pesant de l’Occupation, il écrit et met en scène Les Mouches, qui évoque la liberté et la solitude d’un homme qui doit assumer seul l’acte vengeur et Huis Clos, souvent caricaturalement réduit à la fameuse réplique « L’Enfer, c’est les autres ». Huis clos est une vaste métaphore de l’Enfer qui caractérise l’existence humaine. La pièce est composée d’un seul acte divisé en cinq scènes. Le titre de l’œuvre rend compte d’une situation d’enfermement dont les personnages, et plus généralement les hommes, ne peuvent s’extirper. Cette oppression est le résultat de la conjonction de deux facteurs : la liberté qui fonde l’existence humaine et l’altérité, la présence de l’autre, qui détermine notre essence. Autrement dit, l’homme est doublement condamné, sa vie devenant un Enfer sur Terre. Libre, il ne peut s’en prendre qu’à soi-même et l’autre, celui ou celle qu’il côtoie, devient le juge impartial de son existence. L’existentialisme de Sartre s’illustre dans cette pièce de théâtre qui présente l’avantage d’une mise en abime des faits évoqués. En exploitant ainsi les ressorts du genre théâtral, Sartre donne corps à ses revendications philosophiques qui, transportés sur l’espace scénique, via le jeu des acteurs, ne peuvent qu’interpeller le spectateur.

Dans quelle mesure peut-on dire que Huis clos met en scène une situation infernale propre à susciter chez les spectateurs une réflexion sur la condition humaine?

Notre dossier débutera avec un avant-propos destiné à donner certains éléments bibliographiques sur Sartre puis s’attachera à développer un plan distribué en trois parties : après l’étude du rôle que Sartre donne à autrui via la mise en scène de personnages archétypaux, nous nous intéresserons au choix de l’enfer comme lieu de l’action dramatique pour finir sur une réflexion quant aux intérêts que présente le théâtre dans la pensée sartrienne.

AVANT-PROPOS : Eléments biographiques sur Sartre :

Eléments généraux : Jean-Paul Sartre est un philosophe et écrivain de langue française, né le 21 juin 1905 à Paris et mort le 15 avril 1980 à Paris. Prolifique, il est autant connu pour son œuvre, et notamment ses travaux philosophiques que l'on regroupe sous le nom d'existentialisme, que pour son engagement politique à gauche. Sartre est connu aussi comme le compagnon de la philosophe Simone de Beauvoir. Leurs philosophies, bien que très proches, ne sauraient être confondues ; les deux auteurs se sont influencés réciproquement.

Vie littéraire : Sa philosophie est celle de l’existentialisme qui suggère une liberté totale des hommes. Cette pensée est le fait d’une certitude absolue chez Sartre qui ne doute aucunement de la part d’autonomie que possède chaque homme à tout moment de sa vie. Sartre ne se contente pas d’exposer ses idées philosophiques mais s’ingénie à les illustrer à travers un certain nombre d’œuvres littéraires. Ces dernières se partagent entre deux tendances : d’un côté, les textes d’abstraction avec les essais et les textes philosophiques comme l'Être et le Néant (1943) ou L'existentialisme est un humanisme (1945), et de l’autre, les textes qui vacillent entre fiction et réflexion philosophique comme les romans : la Nausée (1938) et les Chemins de la liberté (1945) et les pièces de théâtre « Les Mouches » (1943), « Huis clos » (1944), « La Putain respectueuse » (1946), « Le Diable et le Bon Dieu » (1951), « Les Séquestrés d'Altona » (1959).

Il parait alors évident que l’analyse d’une pièce de théâtre de Sartre ne pourrait se réaliser dans l’ignorance des préceptes philosophiques de ce dernier. L’existentialisme nourrit chez lui une vraie conscience des hommes et du potentiel dont ils sont porteurs, d’où le mot d’ordre qui nous servira de point d’ancrage : « La liberté humaine est inaliénable ».

I. « L’enfer, c’est les autres »

Cette citation Sartre a fait l’objet de nombreux malentendus. Il n’est pas question de stigmatiser autrui mais de souligner le conflit qui existe entre lui et nous. Ce conflit n’est pas dépourvu de points positifs comme le prouve Sartre dans Huis clos.

A. LES PERSONNAGES : INCARNATION D’UN TYPE

Les personnages de Sartre ont la faculté de donner corps à une tendance archétypale de l’homme face au monde et autrui. La mission existentielle qui incombe à chaque homme et qui consiste en une conquête de la liberté est vécue différemment par chacun des personnages. Ces derniers présentent néanmoins un point commun, celui d’avoir dénié de leur vivant la liberté qui leur était innée.

1. Garcin

. L’invention d’une fausse identité : Garcin est partagé entre le mensonge et la conscience d’une lâcheté. Se décrivant comme un « publiciste et un homme de lettres » (P : 24), Garcin cultive une image flatteuse de sa personne. Il se dit à la tête d’un mouvement engagiste qui défendrait, face à l’oppression mené par le parti extrémiste de son pays, un idéal de vie. Or, la suite des événements révéleront sa supercherie et le mensonge que revêt son existence : loin d’être un modèle d’engagement intellectuelle, Garcin est un lâche, mort, non pas en militant courageusement en faveur de la liberté, mais en fuyant son pays.

. La complaisance dans la lâcheté : La liberté dont parle Sartre dans L’existentialisme est un humanisme est l’occasion d’une prise de risque des hommes qui ne sont à aucun moment déterminés par un quelconque arbitraire. La lâcheté, perçue de ce fait comme un acte librement choisi, devient l’objet d’une accusation et non plus celui d’une justification. Garcin ne peut souffrir la vérité et se réfugie dans le leurre afin de ne pas reconnaitre sa culpabilité. Sa mauvaise foi est frappante et ne cesse de se manifester dans la pièce : « Après tout, je vivais toujours dans des meubles que je n’aimais pas et des situations fausses, j’adorais ça » (P.14)

. Un personnage négatif : Garcin se définit dans la pièce par la négativité : il nie les faits (« Je ne suis pas très joli »

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