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Analyse de Gargantua de Rabelais

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Par   •  26 Février 2014  •  Analyse sectorielle  •  839 Mots (4 Pages)  •  1 429 Vues

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Introduction

Cinq livres composent l’œuvre de Rabelais. Le récit de Pantagruel paraît d’abord en 1532, suivi en 1534 de Gargantua, ou plus précisément La vie très horrifique du grand Gargantua, père de Pantagruel. Ces deux récits sont suivis, onze ans plus tard par le Tiers Livre (1546), puis le Quart Livre, publié dans une première version en 1548, et dans sa version définitive en 1552, un an avant le décès de Rabelais. Le Cinquième Livre, posthume, paraît en 1564.

Pantagruel, comme les autres ouvrages présentés, s’inscrit dans le courant humaniste qui se développe dès le XVIe siècle. L’extrait étudié, qui porte sur une lettre de Gargantua à Pantagruel, est porteuse des idées et valeurs de ce mouvement. Le géant y présente son programme éducatif pour Pantagruel.

Analyse de l’extrait

I- L’expression d’une volonté paternelle

A) Les souhaits d’un père pour son fils

A bien des égards, la lettre de Gargantua à son fils constitue le programme complet d’une éducation et d’une instruction, visant à une formation quasi-idéale de Pantagruel.

On le remarque à plusieurs indices, ce souhait paternel n’est pas une proposition pour Pantagruel, mais il relève quasiment de l’obligation, de l’ordre :

- Rabelais a introduit de nombreuses techniques visant à convaincre et persuader : connecteurs logiques, inscription chronologique du programme éducatif : « puis », « pour cette raison », « d’une part »

- La lettre de Gargantua est découpée d’une manière logique, ce qui renforce sa portée argumentative.

- L’injonction est présente à plusieurs niveaux, qu’il s’agisse des modes utilisés, des référents culturels et religieux, des préceptes et des avertissements. On peut ainsi relever les expressions suivantes : « Prends garde » (impératif/avertissement), « respecte » (impératif/précepte), « je veux que »…

- Cette prépondérance de l’ordre est renforcée par la liaison étroite et permanente entre le « je » et le «tu », qui vise à parer ces ordres d’une valeur intime et personnelle. Cela est souligné par des tournures comme « je te conjure », qui est en fait un ordre dissimulé sous l’apparence d’une supplication.

Ce véritable parcours éducatif n’est pas sans rappeler celui de l’Abbaye de Thélème, non pas du point de vue de l’organisation, mais de celui de la variété des apprentissages, ce que nous verrons dans une seconde partie.

B) La forme épistolaire

Rabelais a fait le choix de la lettre pour la transmission des désirs de Gargantua, ce qui passe par de nombreux indices révélateurs du genre épistolaire :

- l’apostrophe : « mon fils », indique la présence d’un destinataire, tandis que « ton père » est l’émetteur.

- la date est indiquée, puisqu’il s’agit du 17 mars.

- le lieu l’est aussi, et nous apprenons que Pantagruel est « à Paris », et que la lettre vient « d’Utopie ».

Rappelons toutefois que cette lettre est bien une œuvre littéraire, ce que l’on voit bien dans le vocabulaire utilisé, ainsi que par la présence de figures de style et de rythmes forts : « Tout le monde est plein de gens savants, de précepteurs très doctes, de librairies très amples » puise par exemple sa force dans son rythme ternaire.

II- Rabelais l’Humaniste

A) Multiplicité des enseignements

L’idée principale est que Pantagruel doit devenir un « abîme de science ».

Les enseignements prévus, avec l’aide du précepteur, portent sur de nombreux domaines, ce qui est révélateur de l’esprit des Lumières en matière d’éducation et d’instruction : on trouve donc les « arts libéraux », les sciences naturelles, etc.

- les sciences, en particulier l’étude du corps humain ; mais aussi l’astronomie

- les mathématiques (géométrie)

- le droit

- les arts, avec notamment la musique

- les lettres

- la rhétorique, un enseignement qui se prolongera au siècle suivant

- les langues anciennes, nécessaires pour mieux lire et comprendre tous les philosophes et auteurs de l’Antiquité

Notons que Rabelais, comme tout penseur des Lumières, rejette les sciences occultes propres au Moyen-âge, à l’image de l’astrologie.

B) Variété de l’apprentissage

L’apprentissage de ces matières revêt plusieurs formes, ce que l’on retrouve dans plusieurs écrits des philosophes du XVIIIe siècle, donc plus tardivement que Rabelais :

- le recours à la lecture est évidemment le premier support d’enseignement, d’où l’importance de l’apprentissage des langues anciennes

- l’observation et l’expérience sont également importantes

- la relation entre le précepteur et l’élève, qui rappelle Socrate et Platon, et les Antiques en général, est remise au goût du jour, avec la présence forte d’Epistémon.

- à ce propos, son nom rappelle « l’épistèmê », qui vient du grec ancien ἐπίσταμαι signifiant « savoir »

C) Conjuguer science et spiritualité

Cette lettre est le premier support d’une expression devenue extrêmement célèbre : « science sans conscience n'est que ruine de l'âme »

Rabelais, à travers Gargantua, transmet l’idée qu’une grande accumulation de savoir est une coquille vide si elle n’est pas accompagnée de morale et de spiritualité religieuse. Il faut donc :

- « aimer et craindre Dieu »

- avoir la foi et être charitable, ainsi que pieux

- ne pas oublier sa propre mortalité, et éviter toute vanité

C’est sur une bénédiction que la lettre s’achève d’ailleurs, et par le mot « Amen ».

Un élément fondamental du « programme » est que toutes ces sciences visent à connaître l’ « homme » sous toutes ses dimensions. En cela, cette lettre est profondément humaniste.

Conclusion

A bien des égards, cette lettre dépasse le cadre du seul ouvrage pour s’inscrire plus largement dans le mouvement de diffusion des idées des humanistes. Déjà se profile, pourtant deux siècles plus tôt, l’émergence des Lumières…

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