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Sujet BTS rire

Dissertation : Sujet BTS rire. Recherche parmi 299 000+ dissertations

Par   •  10 Mai 2021  •  Dissertation  •  2 301 Mots (10 Pages)  •  580 Vues

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SUJET DE BTS : Seuls avec tous.

Synthèse :                                                                                [40pts]

Corpus :

  1. Montaigne, « De la solitude », Essais (1580).
  2. Olivier Remaud, Solitude volontaire (2017).
  3. Sylvain Tesson, Dans les forêts de Sibérie (2011).
  4. Gaspar David Friedrich, Le Voyageur contemplant une mer de nuages (1818).

Ecriture personnelle :                                                                [20pts]

Vouloir être seul, est-ce nécessairement se priver du monde ? Vous répondrez à cette question d’une façon argumentée en vous appuyant sur les documents du corpus, vos lectures de l’année et vos connaissances personnelles.

Doc. 1 : Michel de Montaigne, Essais (1580).

Avec Erasme[1] et Rabelais[2], Montaigne (1533-1592) figure parmi les humanistes les plus célèbres de la Renaissance. Commencés en 1572, ses Essais constituent un ensemble de réflexions philosophiques fondées sur la connaissance de soi : pour être heureux et s’ouvrir aux autres, il faut savoir s’accepter soi-même. Dans ce célèbre passage, l’auteur fait ainsi l’éloge de la solitude, entendue non pas comme un égoïsme mais comme un recentrement sur sa vie intérieure [a]: c’est grâce à cette indépendance de l’esprit, acquise par la tranquillité et la méditation, que l’humain est véritablement libre.

De la solitude.

        C’est assez vécu pour autrui, vivons pour nous, au moins ce bout de vie. Ramenons à nous et à notre aise nos pensées et nos intentions. Ce n’est pas une légère partie que de faire sûrement sa retraite [3]; elle nous empêche assez sans y mêler d’autres entreprises[4]. Puisque Dieu nous donne loisir de disposer de notre délogement[5], préparons-nous-y ; plions bagage ; prenons de bonne heure congé de la compagnie ; dépêtrons-nous de ces violentes prises qui nous engagent ailleurs et éloignent de nous. Il faut dénouer ces obligations si fortes ; et meshui[6] aimer ceci et cela, mais n’épouser rien que soi. C’est-à-dire : le reste soit à nous, mais non pas joint et collé en façon qu’on ne le puisse déprendre[7] sans nous écorcher et arracher ensemble quelque pièce du nôtre. La plus grande chose du monde, c’est de savoir être à soi.[b]

        Il est temps de nous dénouer de la société, puisque nous n’y pouvons rien apporter. Et qui ne peut prêter, qu’il se défende d’emprunter. Nos forces nous faillent[8] ; retirons-les et resserrons en nous[c].

                                Michel de Montaigne, « De la solitude », Essais, I, 39, GF-Flammarion, 1998, p. 110-111.

Doc. 2 :


Olivier Remaud, Solitude volontaire (2017).

Le philosophe contemporain Olivier Remaud, directeur d’études à l’Ecole des hautes études en sciences sociales (EHESS), défend dans cet essai stimulant une thèse profondément originale : la « volonté de solitude » est aussi une « volonté de société ». Loin d’entraîner l’isolement et le repli sur soi, la solitude volontaire ouvre au contraire à la plénitude d’une vie intérieure qui invite au partage et à l’ouverture aux autres.[d]

La solitude n’est pas l’opposé de la société.

        Dans le passage d’un « monde » à l’autre, la volonté de solitude ne devient pas différente de la volonté de société. Lorsque nous choisissons la solitude, nous espérons autant en jouir qu’en user. [e]Nous souhaitons connaître une période de recueillement après avoir affairés et aspirons à nous rapprocher de nous-mêmes. [f]Nous savons pourtant que rien de tout cela ne s’obtient si nous nous détachons trop de la société. Nous comprenons qu’il n’y a pas deux volontés en nous qui tantôt s’accordent, tantôt se désaccordent. Notre volonté est une. Elle a simplement deux finalités : la solitude et la société. [g]Il est vain de les rapporter à deux volontés qui seraient distinctes.

        Bien des solitudes volontaires sont en ce sens des fictions politiques. Elles sont feintes, aménagées, mises en scène. Elles théâtralisent les fuites et les retours, les « traversées du désert », les échappées belles et certains exils. Quand nous voulons être seuls nous ne cessons pas d’appartenir corps et âme à la société[h]. Nous expérimentons la solitude en sachant qu’elle ne durera pas longtemps. Si elle était totale, la solitude serait intolérable.  Par ailleurs, elle n’aurait aucune suite pratique. Le solitaire se bornerait à refuser les conventions sociales. Nombre de résistances civiles plus constructives s’élaborent dans des expériences de semi-solitude provisoire.

        Comprenons : la solitude du pas de côté. Elle combine le désengagement et l’engagement, le retrait et la participation, la quiétude et l’inquiétude. Elle satisfait le besoin de recueillement et fait redécouvrir la joie du grand air. Elle assouvit le désir de fuir vers les marges, dans la nature ou ailleurs. Jusqu’au moment où elle rappelle la nécessité de revenir au centre. Quand on fait un pas de côté, on rejoint un poste d’observation qui n’est jamais très éloigné de la société. Avec un peu de recul, et de tranquillité, nous discernons mieux ses imperfections, les injustices qui doivent être combattues et les réformes institutionnelles qu’il convient de mener. Le pas de côté est une sorte de danse indienne autour du foyer qui énonce les normes communes. Il s’agit d’en extraire l’esprit de liberté.

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