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Francis Ponge, Le parti pris des choses, 1942

Commentaire de texte : Francis Ponge, Le parti pris des choses, 1942. Recherche parmi 300 000+ dissertations

Par   •  14 Mars 2023  •  Commentaire de texte  •  1 784 Mots (8 Pages)  •  239 Vues

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Introduction : Dans son recueil « Le parti pris des choses » paru en 1942, Francis Ponge nous donne une autre vision des objets du quotidien souvent banal. Le Pain est l’un des poèmes en prose de ce recueil, il évoque un aliment très banal mais aussi très symbolique notamment dans la religion.

Lecture du texte

Nous étudierons comment Ponge renouvelle notre regard sur le pain en en faisant une image de la Terre et en le dégageant des connotations religieuses. Afin de répondre à cette problématique, nous découperons le poème en 4 mouvement qui sont représentés par les 4 strophes différentes pour chaque mouvement : d’abord l’extérieur du pain avec l’évocation de la croûte, ensuite sa création et son développement, puis l’intérieur du pain avec l’évocation de la mie, et enfin l’aboutissement brutal.

Explication linéaire :

Le pain est un élément très banal mais à la fois très symbolique notamment dans la religion. Il cherche à dégager la connotation religieuse.

Le poème est en prose (pas de vers/ pas de rimes), (disposition particulière : 4 alinéas) 🡪 fait partie de l’écriture poétique

Problématique : nous étudierons comment Francis Ponge renouvelle notre regard sur le pain en en faisant une image de la Terre (et en le dégageant des connotations religieuses).

  • 1ère strophe : l’extérieur du pain, la croute du pain
  • « la surface du pain » 🡪 montre son apparence : l’extérieur du pain
  • « surface » 🡪 évoque aussi la « surface de la Terre » 🡺 donc Ponge met en place dès le début une comparaison entre le pain et la Terre
  • « merveilleuse » 🡪 nous montre que l’aliment banal ne l’est plus mais qu’il est capable de susciter l’admiration en raison de ses qualités
  • « merveilleuse » 🡪 adjectif mélioratif/ valorisant
  • « d’abord » 🡪 adverbe qui signifie qu’il est important/ c’est un connecteur logique
  • « d’abord » 🡪 évoque quelque chose de logique 🡺 montre que ce n’est pas religieux/ miraculeux, il refuse la dimension du pain
  • « cette impression quasi panoramique » 🡪 l’expression évoque le regard sur le pain, comme si on le regardait d’en haut -> comme si on le regardait avec détails/ précisions
  • « cette impression quasi panoramique » 🡪 assonance en « i » 🡪 insiste sur le grossissement du regard 🡪 on fait attention aux détails
  • « panoramique » 🡪 rappel « surface » l.1 🡪 thème de l’observation du paysage
  • « : » 🡪 annonce l’explication de pourquoi c’est merveilleux de regarder le pain
  • « comme si » 🡪 comparaison entre la croute du pain et la croute terrestre
  • « l’on avait à sa disposition sous la main » 🡪 image réduite/ Terre miniature
  • « l’on » 🡪 à la fois le poète et à la fois tout le monde 🡺 il a une valeur généralisant 🡪 montre que l’on peut tous changer le regard sur le monde
  • « les Alpes, le Taurus ou la Cordillère des Andes » 🡪 la fin de la phrase donne une comparaison avec 3 chaines de montagnes 
  • « les Alpes » 🡪 connotation de l’idée de hauteur
  • « le Taurus » 🡪 chaine de montagne en Turquie qui a la particularité d’être en calcaire 🡺 annonce le blanc de la mie/ de la farine et prépare la ligne 11
  • « la Cordillères des Andes » 🡪 l’idée de longueur + chaine constitué d’anciens volcans 🡪 prépare sur la 2ème strophe autour de l’éruption
  • 2ème strophe : création du pain donc en parallèle avec la naissance de la Terre
  • La strophe est au passé « fut glissé », « s’est façonné » 🡪 montre bien qu’on passe à la naissance du pain/ de la Terre
  • « fut glissé pour nous dans le four stellaire » 🡪 comme le boulanger qui fait cuire son pain/ comme le cosmos d’une voute étoilé
  • « masse amorphe » 🡪 boule de pain pétri qui n’a pas de forme/ représente la Terre qui se créer
  • « en train d’éructer » 🡪 pate qui se soulève sous l’effet du levain/ représente les volcans en éruptions qui créent de nouvelle terre
  • « durcissant » 🡪 boule de pain qui cuit/ la Terre qui est presque finit d’être en forme
  • 🡺 toutes ces expressions sont à la fois significatifs à la Terre et au pain 🡺 elles sont double-sens = ambivalente 🡺 l’écriture poétique
  • « vallées, crêtes, ondulations, crevasses » 🡪 énumération 🡪 apporte une description/ plus de précision 🡪 termes employés pour décrire un paysage alors que dans la phrase, ils servent à décrire le pain
  • « vallées, crêtes, ondulations, crevasses » 🡪 assonance en « a »
  • « vallées, crêtes, ondulations, crevasses » 🡪 allitération en « cr »
  • « ces plans » 🡪 quelque chose de prévu
  • « Et tous ces plans dès lors si nettement articulés, ces dalles minces où la lumière avec application couche ses feux – sans un regard pour la mollesse ignoble sous-jacente » 🡪 comme si quelqu’un avait organisé/ prévu ça pour le pain 🡪 la phrase ne contient pas de verbe 🡪 créer une coupure dans la phrase avec le tiré comme si on coupait le pain pour regarder la mie à l’intérieur 🡪 annonce la 3ème strophe qui évoque la mie du pain 🡺 cela donne une phrase inachevé/ incomplète
  • « lumière avec application couche ses feux » 🡪 vocabulaire de la peinture, une sorte de clair-obscur, comme si le pain devenait une véritable œuvre d’art
  • On voit bien que le poète utilise toutes les formes/ aspects du langage car le « - » est porteuse de sens 🡪 il représente la brisure de la phrase et celle du pain
  • « sans un regard pour la mollesse ignoble sous-jacente » 🡪 la mie est dévalorisé/ pas importante face à la Terre 🡪 c’est une formule de transition à la 3ème strophe qui est consacré à la mie de pain
  • « sans un regard » 🡪 négatif et relève du mépris
  • « ignoble » 🡪 négatif et inspire du dégoût
  • 3ème strophe : porte sur la mie
  • Au milieu de la ligne 8 « la mie » qui insiste sur le sujet de la strophe
  • « lâche et froid sous-sol » 🡪 terme négatif dès le début de la strophe qui rappel la fin de la 2ème strophe
  • « des éponges », « feuilles ou fleurs », « fleurs fanent » 🡪 évocation à la fois du végétal et de l’animal 🡺nous rappelle que le pain est vivant
  • « froid » 🡪 s’oppose à « feux »
  • « sous-sol » 🡪 s’oppose à « surface »
  • « l’on nomme la mie » 🡪 allitération en « n/m » 🡪 évoque la mollesse
  • « : » 🡪 tentative d’une description de la mie à l’aide d’une comparaison « comme »
  • « feuilles ou fleurs » 🡪 allitération en « f »
  • « feuilles ou fleurs » 🡪 sont ici négatif 🡪 car ils sont comparés à des sœurs siamoises 🡪 dans l’étrange
  • « siamoise soudées » évoque que tout est coller/ soudée
  • « feuilles ou fleurs y sont comme des sœurs siamoises soudées » 🡪 allitération en « s » 🡪 montre qu’elles sont soudées
  • La ligne 9 contient beaucoup d’allitération qui se matérialise par la prolifération de la mie
  • La 3ème strophe se termine sur l’évolution/ le devenir du pain
  • « rassit », « fanent », « se rétrécissent », « se détachent » 🡪 ces 4 verbes montrent la dégradation du pain
  • « fleurs fanent » 🡪 allitération en « f » 🡪 montre le dépérissement
  • Des éléments du début réapparaissent dans la fin de la strophe comme :
  • « masse » l.11 🡪 rappel « masse » l.4
  • « friable » l.11 🡪 rappel « le Taurus » l.3 🡪 car le Taurus est en calcaire et que le calcaire est très friable
  • 🡺 donne une forme au poème : le début et la fin enveloppe le milieu 🡺 la croûte enveloppe la mie
  • Ligne 8 :
  • « Ce lâche et froids sous-sol que l’on nomme la mie » 🡪 alexandrin (12)
  • « a son tissu pareil à celui des éponges » 🡪 alexandrin (12)
  • « feuilles ou fleurs y sont comme des sœurs siamoises » 🡪 alexandrin (12)
  • « soudées par tous les coudes à la fois » 🡪 décasyllabe (10)
  • « Lorsque le pain rassit » 🡪 hexasyllabe (6)
  • « ces fleurs fanent et se rétrécissent » 🡪 octosyllabe (8)
  • « elles se détachent alors les unes les autres » 🡪 alexandrin (12)
  • « et la masse en devient friable » 🡪 décasyllabe (10)
  • 🡺 ce sont des vers blancs
  • Toute la 3ème strophe est composé de vers blancs, la 1ère phrase s’allonge comme la mie molle qui s’étire (avec des vers longs), alors que la 2ème phrase se rétrécie comme la mie (avec des vers plus cours)
  • Le rythme et la construction des phrases suggèrent la détérioration progressive de la vie
  • « … » 🡪 arrive après le mot « friable » 🡪 parallèle entre la mie friable et les « … » 🡪 désigne la mie qui se transforme en « miette » 🡺 un parallèle entre l’émiettement du pain et l’émiettement de la phrase
  • 4ème strophe : évoque la conclusion du poème
  • « là » 🡪 pas le déterminant mais l’adverbe 🡪 correspond à ici/ maintenant
  • La strophe la plus courte
  • 🡪 parallèle entre le poème qui s’interrompt comme le pain qui est coupé que l’on doit consommer
  • Ce parallèle est marqué par l’homophonie « brisons-là » (ici/ maintenant) =/= « brisons la » (la surface du pain) 🡪 suggère bien que c’est la fin du poème
  •  « Moins objet » 🡪 négatif 🡪 le refus de la dimensions religieuse du pain au profit d’une satisfaction à manger’ le pain, à le déguster.
  • 🡺 = profitons des choses simples de la vie en les savourant

CCL :

  • Le pain apparait dans le poème comme une planète en réduction
  • Le pain apparait avant tout comme un aliment car il y a un refus de la dimension religieuse
  • Le poète renouvelle alors notre regard sur le pain en changeant notre vision sur un objet du quotidien 🡺 il métamorphose donc le réelle avec la boue et l’or 🡺 c’est-à-dire l’alchimie poétique

Conclusion : Ponge montre toute l’étendue des possibles dans la création poétique : à l’image du boulanger, le poète effectue un travail d’artisan sur la langue, jouant avec les mots, leurs sens et leur étymologie. Tout comme dans « L’huître » écrit par Ponge, on peut dégager dans ce poème des allusions bibliques tournées en dérision par Ponge, la description de la mie ici, et de l’intérieur de l’huître pour le texte du même nom.

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