Analyse d'une situation éducative

        Je fais mon stage dans l’ITEP Célestin Freinet qui se situe dans la commune d’Ancenis en Loire Atlantique. Un ITEP prend en charge des jeunes personnes qui démontrent une inaptitude à adopter un comportement correspondant aux règles sociales communes. Ils éprouvent des troubles psychologiques qui les gênent dans le suivi d'une scolarité normale et leurs font avoir des attitudes inadaptées en collectivité.

L’ITEP Célestin Freinet fait partie de l’association l’ARPEP. L’Association Régionale des PEP Pays de la Loire accompagne les personnes victimes d’exclusion sociale, éducative ou en situation de handicap afin de favoriser pleinement leur inclusion dans la société.

Dans cet ITEP, l’accueil des jeunes se décline selon les modalités suivantes:

        -un groupe au sein de l’ITEP d’environ 7 jeunes âgée de 7 à 10 ans

        -un groupe au sein de l’ITEP d’environ 10 jeunes âgés de 10 à 12 ans

        -un groupe au sein de l’ITEP d’environ 12 jeunes âgés de 12 ans à 15 ans.

        -un groupe Hors les murs et donc en dehors de l’ITEP, d’environ 15 jeunes âgés

        de 14 ans et plus, avec un projet professionnel et scolaire établi.

J’ai fait le choix d’analyser une situation qui se déroule sur des temps d'internat avec un jeune de 11 ans que l’on va nommer Max.

        Max, 11 ans, est à l’ITEP depuis septembre 2022. La mère de Max a fait une demande d’internat en janvier 2023. En réponse à la demande de la famille, nous mettons en place 2 soirées d'essai / d’intégration : le mardi 7 février ainsi que le jeudi 9 février.

Le mardi 7 matin, Max est scolarisé de 8h30 à midi. Il nous rejoint à l’ITEP pour déjeuner.

Ce midi là Max s’assoie à côté de moi pour manger mais ne dit pas un seul mot du repas. Le repas se termine vers 13h30. Pendant que les autres jeunes regardent la télé moi et ma référente de stage demandons à Max de venir parler dans le bureau. Nous lui demandons ce qui se passe. Il nous dit que ça c’est mal passé à l’école sans nous donner plus de détails. Ma référente de stage lui demande si cela a un lien avec le fait qu’il va à l’internat ce soir pour la première fois. Marvin répond que oui. Je lui demande pourquoi. Il dit qu’il est frustré car d’habitude il dîne chez ses grands-parents paternels le mardi soir. Nous ne lui demandons rien de plus car il doit aller à son rendez-vous avec la psychomotricienne.

La journée se passe et nous arrivons au moment du goûter vers 16h15. Ma référente de stage annonce à Max qu’elle à eu sa mère au téléphone qui tant qu’à elle a eu les grands parents de Max. La conclusion de ces appelles est que bien sûr les grands parents de Max veulent bien l’avoir à dîner un autre soir de la semaine.

Max ne semble pas soulagé et reste silencieux.

Après le goûter, les jeunes doivent préparer leurs affaires et se préparer soit à rentrer chez eux soit pour les internes à aller à l’internat.

Nous arrivons à l’internat vers 17h. Max visite pour la première fois l’internat et découvre sa chambre. Je vois alors son visage se décontracter et il me dit “ça ressemble un peu à la maison”.

La fin d'après-midi se déroule bien. Nous invitons Max à ramener des décorations pour sa chambre quand il reviendra jeudi. Max fait son temps à l'écran, il joue au babyfoot avec les autres jeunes.

Il est maintenant environ 18h30 et pour la soirée d’intégration de Max nous lui proposons de choisir le repas. Il choisit de faire une tartiflette. Nous allons alors au super u pour acheter ce qu’il faut.

Nous rentrons du super U vers 19h et faisons la tartiflette. Pendant qu’elle est au four Max va se doucher. Nous mangeons vers 19h45 et le repas se termine vers 20h30.

Les jeunes ont le droit de regarder la télé jusqu’à 21h avant d'aller se coucher.

Il est désormais 21h et Max commence à s’agiter. Il va dans sa chambre et claque fort la porte. Je vais le voir et je le trouve en tailleur sur son lit en train de pleurer. J’essaie de comprendre ce qui lui arrive et il s’énerve encore plus. Il me hurle “sort de ma chambre”. Je sors et vais voir ma référente de stage. Nous retournons le voir mais sans rentrer dans sa chambre. Nous parlons à travers la porte. Max finit par dire qu’il ne veut pas dormir loin de sa maman. Pour sa première soirée nous préférons ne pas le forcer pour ne pas le dégoûter de l’internat. Une collègue appelle alors la mère de Max qui n’habite pas très loin.

Sa mère arrive vers 21h30. Max range alors ses affaires pour rentrer chez lui. Pendant qu’il prépare ses affaires, nous parlons avec sa mère qui n’est pas étonné de la réaction de Max. Elle nous rappelle que si elle à fait une demande d’internat c’est en partie parce que depuis un certain temps Max ne peut pas dormir s' il n’est pas dans le même lit qu’elle. Cette discussion m’a questionné. Je me demandais pourquoi Max avait besoin de dormir avec sa mère

Ils partent sur les coups de 21h45.

J’en reparle le lendemain matin avec ma référente de stage et lui demande ce qu’ils vont faire pour la deuxième soirée de Max du jeudi. Elle me répond qu’ils vont faire comme le mardi soir ne pas le forcer pour ne pas le dégoûter. Et elle conclut que de toute manière il va devoir dormir sans sa mère la semaine prochaine car Max part au transfert neige avec l’ITEP.

Je pense que Max a agi de cette manière pour plusieurs raisons.

Après avoir lu le dossier de Max quelques jours plus tard. Je pense comprendre la raison pour laquelle il dort avec sa mère. Max n’est plus censé voir son père car celui-ci diagnostiqué schizophrène et bipolaire aurait foncé en voiture sur la mère et la sœur de Max alors qu’il ramenait Max de l’école. Cette séparation a certainement dû marqué Max même s' il était encore petit. Malgré cela Max essaie encore de voir son père et y parvient. Ils partagent des passions en commun (la moto). Je pense alors que Max ne pouvant voir son père que rarement a un trouble émotionnel et essaie de le combler en se réfugiant avec sa mère qui fait ce qu’elle peut toute seule. D’après CIM10 de l’OMS chapitres 5 concernant les troubles du comportement de l’enfant et et de l’adolescant, “les troubles émotionnels apparaissant spécifiquement dans l’enfance : ils doivent être majorés et constants, comme l’angoisse intense de séparation, un trouble anxieux phobique, une peur exacerbée des situations nouvelles ou inhabituelles.”

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