Victor Horta - Hotel Tassel
Fiche : Victor Horta - Hotel Tassel. Recherche parmi 300 000+ dissertationsPar Selin Orhan • 3 Février 2023 • Fiche • 3 063 Mots (13 Pages) • 391 Vues
HOTEL TASSEL - VICTOR HORTA
En Angleterre, à la fin du XIXe siècle naissait parmi la critique et les artistes un sentiment de regret devant le déclin de l’artisanat, conséquence de la révolution industrielle. Ces hommes étaient dégoûtés par la profusion d’imitations mécaniques, d’ornements, ils aspiraient à un art nouveau fondé sur le sentiment original du décor et sur le respect des possibilités offertes par chaque matière. Dès lors, cette idée d’un « art nouveau » se révéla dans les années 1890. Les architectes se passionnèrent pour de nouveaux matériaux et des motifs décoratifs inédits. Il était alors temps pour les nouveaux matériaux tels que le fer et le verre de créer leur propre style ornemental.
Le refus à tous les éclectismes auparavant au cœur de chaque création architecturale provoquent l’apparition d’un langage issu directement de la nature, du monde animal et végétal exprimé par une idée de croissance organique grâce à des formes dynamiques et décoratives, agiles et souples. L’adoption de ce nouveau langage fondé selon Henry van de Velde sur « la ligne-force » permet de confirmer la fonctionnalité, c’est-à-dire l’utile qui doit s’allier avec la forme et l’ornement, en résumé le beau. L’objectif final est une aspiration à une œuvre d’art total, une unité qui ne néglige aucun élément pour obtenir un tout harmonieux en liant intérieur et extérieur jusqu’à l’ameublement et la décoration. Tel fut le raisonnement de l’architecte belge Victor Horta (1861-1947) qui apprit des Japonais à refuser la symétrie pour confier tout l’effet à ces courbes caractéristiques de l’art oriental. Il ne créait pas dans le but d’imiter, il transposait ces lignes en structures de fer bien adaptées aux exigences modernes. Dans ses maisons, le plan classique est rejeté au profit d’une structure organique et plus fonctionnelle. La verrière agrandit l’espace et le fer joue un double rôle, à la fois ornemental et fonctionnel.
Né en 1861 à Gand, Horta a étudié l’art et l’architecture à l’académie de la ville, il travailla par la suite dans l’agence de l’architecte parisien Jules Debuysson, puis fréquenta l’École des beaux-arts de Bruxelles avant de devenir dessinateur chez l’architecte belge néoclassique Alphonse Balat. Au milieu des années 1880, il conçu à Bruxelles quelques maisons témoins de ses recherches pour un renouveau de l’architecture. C’est en 1893 que débuta le chantier de l’hôtel Tassel, ouvrage parfaitement maîtrisé, remarquable par sa synthèse de l’architecture, des arts décoratifs et son énonciation de principes formels nouveaux. Ce projet audacieux fut commandé par son ami le professeur et érudit Emile Tassel. Sur un terrain de 7,79m de largeur et de 29m de profondeur, le programme constructif consistait en une habitation pour célibataire, vivant avec sa grand-mère, aimant recevoir ses amis et poursuivre chez lui ses travaux scientifiques.
Dès lors, il conviendrait de se demander ; comment à travers l'Hôtel Tassel, la collaboration de l’art et l’artisanat dont la ligne courbe se fait médiateur conduisit à la conception d’un tout harmonieux et rationnel donnant lieu alors à une œuvre d’art total ?
Afin de répondre à notre problématique, notre devoir se scindera en trois parties. Dans un premier temps, nous traiterons de cette façade sobre mais qui laisse entrevoir l’organisation spatiale intérieure. Dans un second temps
________________
I - Une façade sobre prédisant l’organisation spatiale intérieure
Victor Horta montrait une grande aversion pour les normes et conventions de construction. Toutefois, il devait s’y conformer pour obtenir l’approbation du public en raison de l’implantation de l'Hôtel Tassel dans le décor urbain. Dès lors, dans l’aspect général extérieur et intérieur semble se dégager un certain classicisme style “beaux arts” qui se remarque notamment par la grande symétrie des éléments architecturaux. Au premier regard, la façade hiérarchisée en cinq niveaux (le rez-de-chaussée, l’entresol, le premier étage et le deuxième étage) semble en effet entrer en continuité avec celles voisines dans l’alignement des ouvertures et des étages. Sur cette façade relativement sobre, une certaine flexibilité est apportée par la légère ondulation. On y voit alors un jeu de textures et de couleurs grâce à l’utilisation de différents types de pierres (la pierre d’Euville, Savonnière et le granit). La présence d’un bow-window, de l’utilisation de colonnettes en fonte, et des différentes ouvertures sur les côtés met en valeur la volonté de l’architecte à créer une rupture dans la tradition. De plus, l’utilisation de matériaux nouveaux comme la pierre, la fonte et le verre, n’est pas courante à l’époque et distingue l’Hôtel Tassel des autres habitations du quartier. Au rez-de-chaussée, la porte d’entrée est placée au centre de l’édifice, elle laisse déjà envisager le vestibule derrière, son emplacement est une innovation car, contrairement aux édifices voisins afin de pouvoir jouer sur la légère ondulation de la façade. Cette porte est encadrée par de larges volutes qui sortent du mur, sur lesquelles repose le bow-window. L’entresol correspond au fumoir de Tassel, ensuite par ses grandes fenêtres, le premier étage semble être le plus grand. Le dernier étage présente quant à lui des volutes qui viennent terminer le bow-window dans sa partie supérieure. Celles-ci semblent sortir de la pierre pour s’enrouler au-dessus de la balustrade qui est plus sobre que celle du premier étage.
Le bow-window monumental représente avec son balcon posé au-dessus un tiers de l’espace total de la façade. Cette partie centrale comprend l’entresol, le premier étage et la moitié du deuxième. À la base de celui-ci, on peut observer des vitraux qui suggèrent par leurs couleurs et leur abondance, à ce qui attend le spectateur une fois le seuil de la porte franchi. Ils sont structurés par des colonnades fines, élégantes, aux chapiteaux aux allures de feuilles qui semblent purement décoratifs mais qui en réalité font partie intégrante du système porteur du bâtiment. Le tout est recoupé de pans de fonte, qui forment des balustrades ouvragées, légères, fluides et pleines de courbes, rappelant le même traitement de la fonte à l’intérieur des murs. En outre, le spectateur,
...