Le début de la mode sexy
Étude de cas : Le début de la mode sexy. Recherche parmi 300 000+ dissertationsPar dissertation • 17 Septembre 2013 • Étude de cas • 8 428 Mots (34 Pages) • 699 Vues
La pudeur est longtemps restée un critère standardisé dans la mode et le sexe en soi était encore profondément considéré comme un sujet tabou dans une époque aux prémices de la Seconde Guerre Mondiale, aussi la mode devait-elle suivre cette période de restrictions vestimentaires pour des raisons autant sociales qu’économiques.
La croisée des chemins entre la mode et le sexe prend son tournant dès le début des années 50; une libéralisation des mœurs résultant d’un retour à la normale pour l’économie mondiale après une victoire contre le nazisme et la liberté de pensée et d’expression. Les fifties symboliseront le début d’une ère de célébration et d’insouciance avec notamment le mouvement Pin-up, dont la plus célèbre représentante est, et demeure, Marylin Monroe et la mythique scène de la jupe qui se soulève laissant ainsi entrevoir des jambes fines et une sexualité à son apogée. Pour toute une génération, cette scène marquera les esprits et ouvrira la voie de l’alliance entre le sexe et la mode.
Par la suite, divers courants verront le jour mais l’objectif sera toujours le même : faire de la femme un objet de désir à travers la mode, la publicité et les médias.
Quant à la sexualisation de la mode masculine, elle verra le jour bien plus tard.
I. Début d’une mode sexualisée
I.1 L’apartheid sexuel
Le XIXe siècle est une période charnière. Il invente une sorte d'apartheid sexuel, où les règles du jeu ne sont pas les mêmes pour les hommes et pour les femmes. Sennett note que l'homme du XIXe a une approche psychologisante du quotidien : «Désormais, l'on est ce que l'on paraît.» Dans cette société-théâtre, seuls les vêtements permettent de percer à jour la personnalité, cependant que «l'apparence devient une source d'anxiété». D'où une tendance à l'uniformisation vestimentaire – des habits sobres, de préférence sombres, dissimulant la peau et les dessous.
Vu les infimes différences qui subsistent, le moindre signe peut trahir. «Etant donné que les principales parties du corps sont dissimulées, écrit Sennett, et que la forme du corps féminin habillé n'a aucun rapport avec la forme de ce corps nu, de menus détails, comme une légère décoloration des dents, la forme des ongles, etc., deviennent des signes de sexualité.» Une poussière dans l'œil peut ressembler à une œillade coupable. La pruderie victorienne a poussé le vice jusqu'à couvrir les pieds des tables et des pianos de housse, dans l'idée qu'aucun pied ne devait être montré, parce qu'il s'agissait d'une partie du corps suggestive.
C'est à partir de cette approche psychologique du vêtement que les sous-vêtements, cachés jusque-là, osèrent peu à peu afficher une signification érotique et sexuelle.
Si les sous-vêtements masculins ont peu évolué à travers les âges, la mode a imposé aux femmes toutes sortes de dessous, qui furent parfois de véritables supplices.
Aux XVIIe et XVIIIe siècles, un corset rigide pressait les poitrines aristocratiques vers le haut ou les mettait en évidence quand le décolleté était à la mode. Les surnoms donnés aux différents corsets sont peu équivoques : «l'innocente», «la culbute», les «guêpes», «le boute-en-train», le «tâtez-y», «les engageantes», «l'effronté», «la criarde», etc...
Le corset reste à la mode, malgré les mises en garde médicales sur les déformations de la colonne vertébrale. La croyance soutenait que la femme avait une constitution naturellement fragile. Les femmes ornaient leur «armure» de broderies, de dentelles, de ruchés et de rubans. L'usage voulait que les femmes brodent elles-mêmes leur trousseau et donc leurs dessous : chemisettes, jupons et culottes témoignent encore d'une créativité à la mesure de l'ennui dans lequel le monde masculin les a tenues recluses.
L'industrialisation et la fabrication en série (la machine à coudre est brevetée par Singer en 1851) mirent bientôt les sous-vêtements à portée de toutes les bourses, si l'on peut dire. Vers la fin du XIXe siècle apparaît la publicité sous-vestimentaire. Le corset se voit attribuer de nouvelles fonctions. Il ne sert plus seulement au maintien de la femme, mais devient un accessoire érotique.
«Ce n'est pas la robe qui fait la femme, mais le «corset», dit la maison Claverie.
Cela n'empêche pas l'étau de se resserrer. A la fin du siècle, l'impressionnante forme en «S» atteint toutes les limites.
Les Années Folles marquent les débuts de la libération de la femme. Les suffragettes donnent de la voix. Les thèses de Freud sur la sexualité se répandent. Dans les années 20, le soutien-gorge s'est généralisé, marquant un tournant décisif dans l'histoire des sous-vêtements. La gaine et les jarretelles remplacent le corset. Apparaissent aussi des pantalons-chemises boutonnés à l'entrejambe et symboles d'une nouvelle liberté de mouvement.
L'ourlet des robes était remonté de quelques centimètres pendant la guerre 14-18, découvrant le mollet puis le genou. Les deux premières décennies du siècle marqueraient-elles l'abolition du corset, symbole de l'oppression? Pas du tout. Néanmoins, la lingerie suit la mode. Avant 1914 déjà, le pantalon ouvert (un sous-vêtement alors) tend à être remplacé par une culotte fermée à jambe courte et en tissu léger. Ce qui fait bondir certains. Emile Henriot écrit en 1913 : «Mais de grâce! Quittez cette mode ridicule des culottes de soie dans lesquelles vous vous enfermez. N'invoquez pas les courants d'air: nous savons tous que les femmes n'ont jamais froid.»
La culotte a survécu. Comme toujours dans les périodes pudibondes, un argument de poids est venu au secours de la lingerie : la santé. La santé c'est scientifique, donc sérieux. Tant que l'on vantait les mérites thermiques et protecteurs des dessous, hommes et femmes pouvaient être montrés peu vêtus sans heurter les bien-pensants. La sexualité n'en est pas moins présente dans toutes les publicités.
Après la mode garçonne, les années 30 et 40 marquent le retour à la féminité : la gaine haute réapparaît, ceinturant la taille et l'estomac. Le modèle américain – taille de guêpe et ample poitrine – commence à s'imposer.
Les marques
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