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Les rites comme acte d'institution

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Par   •  5 Mars 2017  •  Dissertation  •  1 987 Mots (8 Pages)  •  3 574 Vues

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Pierre Bourdieu, Les rites comme actes d’institution

Pierre Bourdieu est considéré par beaucoup comme l'un des sociologues français les plus importants du XXe siècle. Sa pensée a exercé une influence considérable dans les sciences humaines et sociales en particulier sur la sociologie française d’après-guerre.                           Le travail de Bourdieu portait avant tout sur la dynamique du pouvoir dans la société et surtout sur les diverses et subtiles façons dont le pouvoir est transféré et l'ordre social maintenu à l'intérieur et entre les générations. Ses recherches ont ouverts la voie à de nouveaux cadres et méthodes d'investigation et introduit des concepts aussi influents que les formes culturelles, sociales et symboliques du capital, la reproduction culturelle, l'habitus ou encore l'accès à la violence symbolique.                                                                                             Dans son article « Les rites comme actes d’institution », publié en 1982 il s’intéresse à la signification et à la fonction sociale des rites puisque d'après lui Arnold Van Gennep et Victor Turner ne sont pas allé assez loin.

Bourdieu explique d'abord pourquoi il parle de rite de légitimation ou de rites d’institution. Pour lui l'importance ne semble pas tellement être à propos du passage d'un stade à un autre mais plus la séparation entre d'un coté les personnes qui ont subi un rituel et de l’autre ceux qui n'en subiront jamais un, marquant ainsi leur différence.                                                              Afin d'illustrer son propos il prend l'exemple de la circoncision, cette dernière ne peut être effectuée que sur les hommes qu'ils soient enfants ou adultes. Ainsi ce que l'on pourrait appeler le rite de la circoncision en traitant différemment les hommes des femmes institutionnalise leur différence. Un autre exemple que l'on pourrait prendre est celui de la « Bar Mitzvah » et de sa version féminine la « Bat Mizvah », dans ce contexte également les hommes sont traités différemment des femmes. Mais ce qu'il est intéressant de remarquer c'est que la « Bar Mitsvah » a émergé au Moyen Âge alors que la « Bat Mitsvah » n’a commencé à se diffuser qu'à partir des années 1950, ainsi jusque à peu les hommes étaient les seuls à avoir accès à un rite.
Bourdieu se demande ensuite ce que signifie vraiment consacrer et consacrer une différence. D'après lui une part importante des rites d'institution se situe dans leur « efficacité symbolique » puisque la personne consacrée est réellement changé et cela a deux niveaux :                                                                                                                       -Premièrement au niveau de la vision et du comportement des gens auprès de la personne investie.                                                                                                                           -Mais également au niveau de la vision que la personne investie aura d'elle même et du comportement qu'elle pensera devoir adopter.                                                                   Bourdieu précise ainsi que « Le titre de noblesse ou le titre scolaire, multiplient, et durablement, la valeur de leur porteur en multipliant l’étendue et l’intensité de la croyance en leur valeur ». Il ajoute ensuite que pour lui l'institution est une sorte de « magie » sociale qui peut soit créer la différence à partir de rien soit exploiter des différences qui existait déjà. Pour développer cela il va utiliser deux exemples, premièrement celui du concours qui se voulant être méritocratique fait que ceux qui le réussisse auront « tout » alors que ceux qui le loupe n'auront « rien », la différence est ainsi a priori créé à partir de rien. Le deuxième exemple qu'il prend est celui de deux escrimeur : l'un est noble et même s'il n'est pas doué dans cette discipline, il sera toujours considéré comme noble et l'autre est un roturier qui même s'il est très bon sera toujours considéré comme un roturier, la différence était ici préexistante.                      Il évoque ensuite la «Signification » a un individu de son identité, il explique ici que le rite d'institution peut être considéré comme un acte de communication qui à pour but de montrer l'identité d'une personne « à la face de tous » et cela afin de lui notifier et lui imposer « ce qu'il est et ce qu'il a à être ». Comme il le dit lui même il faut «tenir son rang », un noble doit agir noblement et un héritier comme il en prend l'exemple doit se conduire comme un héritier s'il veut son héritage. Continuant sur cette idée, Bourdieu explique que l’acte d’institution a également pour fonction d’empêcher tout manquement/transgression. Il donne ainsi l'exemple d'Owen Lattimore sur la grande muraille de chine qui à autant le rôle d’empêcher les étrangers d'entrer que les chinois de sortir. En rappelant aux individus qu'ils ont un rôle et une identité bien définit, le rite d’institution permet de les « sauver » du déclassement et d'éviter qu'ils soient tenté par la désertion, cela est rendu possible grâce à « l'inculcation et l'incorporation sous forme d'habitus ».                                                                                                             Bourdieu explique ensuite que des expériences psychologiques ayant été menées montrent que les rites initiatiques sévères et douloureux autant du point de vue physique que psychologique provoquent une adhésion plus forte à l’institution et de nombreux exemples vont dans ce sens : les écoles préparatoires, les rites initiatiques pouvant être assimilé a la torture de certaines tribus ou même l'ascétisme. Tout cela dans le but de former des « gens hors du commun »
. Il émet par la suite l'idée que tous les agents sociaux ont des signes distinctifs en fonction de leur catégorie sociale, ces derniers servant autant à réunir qu’à séparer. Cela commence avec l’homogamie, c’est à dire le fait de rechercher un conjoint étant dans le même groupe social que le notre, un conjoint dont le niveau social est équivalent. Mais il y aussi les signes dit extérieurs au corps comme les décorations, les uniformes, les galons ou encore les signes incorporés tel que les manières (de marcher, parler, se tenir), la démarche, le goût..         Ces signes et codes ne sont évidemment pas les mêmes en fonction de la classe sociale et permettent de distinguer ceux appartenant à la classe populaire et ceux de la classe supérieur à une différence prêt que Bourdieu appelle les « stratégies de condescendance ces transgressions symboliques de la limite qui permettent d’avoir à la fois les profits de la conformité à la définition et les profits de la transgression ». Le bourgeois étant sur de son identité culturelle peut ainsi jouer volontairement avec les règles dues à son rang et afficher son goût pour des choses ne correspondant pas à son milieu social, il peut prendre des libertés avec son privilège. Enfin Bourdieu évoque les actes qu'il caractérise de « magie social » comme un adoubement, un mariage, une circoncision ou encore une nomination. Ces derniers ne sont considérés comme réussi seulement s’ils sont reconnus par tout le groupe. La légitimité de l'agent mandaté est ainsi fondée pas sa propre croyance en ce qu'il fait mais dans la croyance collective ayant été garantie par l'institution et matérialisée par un titre, un uniforme, des galons... Par exemple le titre « Monsieur le Président » est un gage de reconnaissance non auprès de la personne qui possède le titre mais auprès de l'institution.                                     Bourdieu termine cet extrait sur une question qu'il qualifie de métaphysique, il se demande si les rites d'institutions n'ont pas pour rôle de donner une certaine importance aux être humains.                                                                                                       Il conclut en disant que même si il permet d' « arracher à l'insignifiance » certaines personnes et leur fait croire qu'ils servent à quelque chose en contrepartie ceux qui n'ont pas cette chance tombent dans le néant.

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