La désinformation
Cours : La désinformation. Recherche parmi 300 000+ dissertationsPar Tim971 • 10 Janvier 2013 • Cours • 1 965 Mots (8 Pages) • 808 Vues
« Au temps de l’hyper information, le conspirationnisme actuel est la conséquence directe de la société de l’hyper désinformation dans laquelle nous baignons au quotidien. »
22 avril 2011
Dix ans après la tragédie du 11 septembre, les théories du complot font plus que jamais recette. Leur succès traduit la naissance d’un conspirationnisme de masse qui se nourrit des mensonges de nos sociétés et se propage grâce à internet en défiant toutes les formes d’autorité. L’occasion d’en discuter avec Bruno Fay, journaliste indépendant, auteur du bien nommé ouvrage « Complocratie, Enquête aux sources du nouveau conspirationnisme. » (ed. du moment, 2011). Entretien.
Quelles sont, pour vous, les principales causes du conspirationnisme ? Sommes-nous naturellement amenés à douter de la parole officielle ?
Il faut commencer par dire que le conspirationnisme a toujours existé. Au XIXe siècle, la théorie d’un vaste complot maçonnique était par exemple très en vogue. Rappelons-nous aussi les faux protocoles des sages de Sion qui ont connu un large succès au début du XXe siècle. Ce n’est donc pas un phénomène nouveau. Il a toujours existé un terreau psychologique qui incite certains individus à croire aux théories du complot. Le sentiment de puissance, bien sûr, en ayant l’impression d’accéder à une vérité cachée du commun des mortels. Le besoin de trouver des réponses simples à la complexité du monde, aux mystères de la science. Une forme de « raison paresseuse », pour reprendre l’analyse de Kant, qui évite de rechercher des causes qui nous échappent en apportant des explications logiques et rationnelles en se contentant des connaissances acquises. Le refus de la fatalité et du hasard dans la marche du monde. Le besoin de réenchantement, parfois d’essence religieuse, pour comprendre notre environnement et donner du sens à l’absurde. La recherche d’un bouc émissaire, aussi. Quand la société souffre, écrivait le sociologue Emile Durkheim au moment de l’affaire Dreyfus pour expliquer la montée de l’antisémitisme, elle éprouve le besoin de trouver quelqu’un à qui elle puisse imputer son mal, sur qui elle puisse se venger de ses déceptions. Un jour, le Juif que l’on imagine manipuler le monde en secret. Un autre jour, le Maghrébin que l’on soupçonne d’appartenir à un grand complot islamique ou l’homme politique qui œuvrerait secrètement pour l’avènement d’un Nouvel Ordre Mondial, etc. En revanche, ce qui est nouveau aujourd’hui, c’est que les théories du complot sont sorties de leur registre traditionnel pour gagner l’ensemble de la société. Si le mythe du grand complot juif ou franc-maçon perdure dans certains cercles, il est aujourd’hui noyé parmi des centaines de théories qui n’ont plus grand chose à voir avec l’antisémitisme ou les loges de la République. Nous sommes en quelque sorte passés d’un conspirationnisme idéologique, propagé à des fins politiques auprès d’une population fragile psychologiquement, réceptive, à une forme de conspirationnisme ordinaire, de masse. Aujourd’hui, les nouveaux croyants sont, dans leur immense majorité, des personnes sensées, issues de toutes les couches sociales, pas forcément engagées politiquement, qui doutent tout simplement de plus en plus de la parole officielle. Comme je l’écris dans mon livre, d’une certaine manière, en refusant dans une très large majorité de nous faire vacciner contre la grippe A, convaincus que la ministre de la Santé serait de mèche avec l’OMS et les laboratoires pharmaceutiques, en doutant de la version officielle des attentats de Karachi, du naufrage du Bugaled Breizh ou en nous interrogeant sur les véritables intentions du gouvernement américain en Irak et en Afghanistan, nous sommes tous devenus des adeptes de théories du complot. J’ai sous-titré mon livre « Enquête aux sources du conspirationnisme » car les sources, justement, ont changé de nature. Au temps de l’hyper information, le conspirationnisme actuel est la conséquence directe de la société de l’hyper désinformation dans laquelle nous baignons au quotidien. Que ce soit dans le domaine politique, économique ou spirituel. Les mensonges et les manipulations avérées à répétition amènent les citoyens à douter de plus en plus : le nuage de Tchernobyl qui se serait arrêté à la frontière, l’existence de financements occultes des partis politiques nié jusqu’à l’absurde, les pseudos armes de destruction massive en Irak, la fausse affaire d’espionnage chez Renault, etc. Les citoyens ont perdu leurs repères et ne savent plus où est la vérité. Les théories du complot prospèrent sur cette crise de confiance.
Vous parlez, bien sûr, du 11 septembre et des différentes théories qui l’entourent. Pensez-vous qu’il s’agisse d’une théorie du complot comme les autres ?
Les théories autour des attentats du 11 septembre sont emblématiques de ce nouveau conspirationnisme que j’évoquais précédemment. Des centaines de millions d’internautes ont regardé la vidéo Loose Change qui affirme que les attentats seraient l’œuvre d’un complot intérieur. Tout le monde a entendu un jour, à l’occasion d’un dîner en famille ou avec des amis, des personnes remettre en question la version officielle. Le livre de Thierry Meyssan sur la thèse d’un missile qui aurait été lancé sur le Pentagone a fait un tabac, bien au-delà des cercles conspirationnistes traditionnels. Les théories sur le 11 septembre reflètent cette crise de confiance de plus en plus profonde entre les citoyens et les autorités. Une crise qui se nourrit des mensonges et des manipulations avérées des autorités. Je ne prendrai qu’un exemple, sans doute le plus frappant : le bunker de Ben Laden à Tora Bora. On nous a expliqué qu’Al-Qaïda disposait d’une base secrète high-tech à la James Bond, alors qu’il ne s’agissait en réalité que de quelques grottes minuscules creusées dans la roche. Si l’on ajoute à cela les deux gros mensonges proclamés à la tribune de l’ONU sur les armes de destructions massives irakiennes et les liens entre Saddam Hussein et Ben Laden, ainsi que les omissions du premier rapport de la commission d’enquête américaine sur les attentats, on a tous les ingrédients pour faire germer le doute dans l’opinion publique. S’agit-il de théories comme les autres
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