La Parole sécateur
Dissertation : La Parole sécateur. Recherche parmi 300 000+ dissertationsPar Hauteclaire • 28 Septembre 2013 • 662 Mots (3 Pages) • 642 Vues
Sujet :
« La conversation est un jeu de sécateur, où chacun taille la voix du voisin aussitôt qu’elle pousse » (Jules Renard). Selon vous, cette citation pourrait-elle caractériser tous les échanges, y compris les échanges numériques ?
En utilisant la métaphore filée du jardinier, Jules Renard semble indiquer que la parole sort naturellement, tout comme l’herbe pousse. Il y aurait donc, dans la conversation, une part incontrôlée par l’homme et les codes mis en place pour la réglementer. Et en effet, comme F. Flahaut le précise dans son article intitulé « Une manière d’être à plusieurs », il semble bien qu’une part non négligeable de l’inconscient interviennent plus ou moins directement chez tout sujet au moment où il prend la parole. Son égo, quoiqu’il fasse, le déborde au point de vouloir couper la parole à l’autre. Ce que Jules Renard traduit grâce à l’image du sécateur. L’échange deviendrait pour lui comme un jeu consistant à prendre l’avantage sur l’autre dès qu’il ouvre la bouche. C’est vrai que, dans la vie courante, on remarque nombre de personnes qui ne laissent pas l’autre terminer sa phrase, l’interrompt ou même s’arrange pour qu’il se taise plus ou moins définitivement, lorsque le plus faible a compris que rien ne serait échangé au sens premier du terme, au point de s’auto-censurer. C’est ce qu’illustre d’ailleurs merveilleusement bien le film de Roman Polanski « Carnage ». Car, comme le précise aussi l’universitaire, lorsque la parole est le lieu d’un véritable échange, les protagonistes se nourrissent progressivement de la parole de l’autre si bien qu’ils découvrent avoir une vision du monde qu’ils ne soupçonnaient pas. Et dans ce cas, Jules Renard aurait pu utiliser la métaphore de l’herbe plus verte rendue possible grâce à l’engrais de la parole efficace…
En outre, avec les nouveaux outils de communication, on remarque que la vitesse prime sur l’échange. Il apparaît donc que, sous prétexte de rester en contact avec l’autre, on s’envoie, par exemple, de nombreux sms. Mais la vitesse dans ce type d’échange ne pourrait-elle pas être assimilée à ces conversations du tact au tact dans lesquelles il s’agit de faire mouche à tous les coups, dans lesquelles la vivacité d’esprit prime sur l’écoute de l’autre ? Dans ce type d’échange, les interlocuteurs ne seraient-ils pas, malgré les apparences, incapables de s’effacer pour laisser l’autre s’exprimer, avec ce que cela suppose de temps de réflexion ?. Dans ce cas, les nouveaux outils de communication seraient, eux aussi, proches du sécateur dont parle Jules Renard, en ce qu’ils deviennent, par un usage immodéré, un autre moyen de couper la parole de l’autre.
Enfin, il est de plus en plus évident que les réseaux sociaux peuvent être le lieu d’un délitement social lorsqu’on entend que certains réseaux sont utilisés pour agresser une personne verbalement ou faire en sorte qu’elle soit mise à l’index, pour une raison ou pour une autre, par un groupe. Ce type de comportement stigmatisant débouche parfois sur un suicide qui fait alors les journaux. Le film Social Network illustre cette utilisation néfaste des nouveaux moyens de communication, dans la mesure où il montre que le but premier du créateur de facebook, Mark Zuckerberg, était de se venger de
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