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Comment expliquer l'attrait des médias traditionnels pour des supports en ligne alors qu'ils ne proposent pas de modèle économique stable?

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Par   •  8 Mai 2018  •  Dissertation  •  2 080 Mots (9 Pages)  •  648 Vues

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La révolution numérique a changé nos relations sociales, notre manière de vivre etc. L’apparition d’un nouveau « méta-média » (Internet) comme « à la fois le plus grand journal du monde, la bibliothèque rassemblant le plus grand nombre de livres, l’hypermarché le mieux approvisionné et le musée imaginaire que Malraux n’aurait jamais osé rêver. » selon l’expression de Francis Balle, s’accompagne d’un taux d’équipement en objets numériques qui ne cesse d’augmenter[1]. Le tout bouleverse les cinq médias traditionnels [2]qui connaissent de fait diverses crises. Ainsi, et selon l’idée de destruction créatrice[3], ces médias traditionnels s’orientent de plus en plus vers des plateformes en ligne. Pourtant on observe que les médias en ligne déjà existant ont parfois du mal à atteindre leurs objectifs économiques[4] . Alors comment expliquer que tant de médias d'information passent en partie ou en totalité à une diffusion en ligne, alors que les entreprises de presse ayant trouvé un modèle économique garantissant la rentabilité de leur activité et l'indépendance de l'information restent très rares ? Il est vrai que la révolution numérique a multiplié les supports et démocratisé l’accès aux informations, mais les médias en ligne sont soumis à de fortes contraintes de logiques économiques. Enfin il existe des cas particuliers qui arrivent à se démarquer et à être prospères.

Tout d’abord il paraît légitime de s’interroger sur l’existence d’une « révolution démocratique » due à Internet. Le phénomène de gratuité permet aux sources d’informations donc aux sujets, aux opinions de se diversifier. La dématérialisation a conduit à des comportements qui ne sont plus fondés uniquement sur l’échange marchands (échanges de fichier peer to peer, dons, etc. Internet crée de nouveaux échanges culturels et sociaux soit nouveaux systèmes d’affaire. En réalité rien n’est gratuit comme l’explique l’adage « si c’est gratuit c’est vous le produit ». L’ère du big data concentre toutes les informations qui forment notre identité numérique pour les vendre à des agences publicitaires qui les analyseront pour proposer une publicité ciblée plus proche du consommateur et de sa façon de se comporter (publicité comportementale[5]).

De plus avec Internet l’utilisateur n’est plus un simple consommateur mais un véritable « conso-acteur » selon l’expression de Gensollen. L’information ne vient plus que du journaliste mais aussi d’autres utilisateurs (wikipédia) ce qui accentue l’idée de démocratie[6]. Une véritable interactivité s’est établie, on l’observe principalement sur les réseaux sociaux où la participation des personnes est essentielle au fonctionnement du médias (Facebook, Weibo). Sans cette participation les mécanismes économiques comme l’effet de club ou l’effet boule de neige[7] ne fonctionnent pas, or ce sont des mécanismes d’effet de réseaux[8] qui sont un élément de base de l’économie des médias en ligne. Cette « économie des contributeurs » (Chantepie P. 2008) se base sur l’externalité positive qu’ils engendrent. Elle est donc entretenue par des dynamiques incitatives comme l’ego gratification[9] ou la promesse d’effets externes positifs (« apprentissage par l’usage », reconnaissance). En d’autres termes Internet permet donc une certaine « citoyenneté numérique »[10].

Certes une révolution démocratique s’est mise en place mais peu de médias au final arrivent à remplir leurs objectifs économiques, et la publicité dont ils dépendent ne peut-elle pas être un frein à cette démocratie ? La plupart des médias en ligne sont soumis aux revenus publicitaires. En 2000 selon Secodip la dépense publicitaire française dépasse le 1% du PIB (soit 92,4 milliards de francs)[11]. En effet la publicité a plus intérêt à être sur le net car elle est plus ciblée. C’est le cas de 20 minutes, Yahoo etc. qui propose un contenu gratuit avec une forte audience pour attirer les annonceurs. Cela place en position d’autorité les sponsors qui se cachent de moins en moins d’une forme de censure[12] car ils se savent importants. Dans ces rédactions la priorité est accordée à la rapidité. L’article doit attirer le consommateur et ce au prix d’une rédaction moins soignée (pas de relecture, de vérification de l’information) parfois même allant jusqu’à des articles basés sur la spéculation. Cette « course au clic »[13] est un problème car les conditions de travail des journalistes ne cessent de se détériorer, l’information devient une publicité déguisée (publi-reportage[14]), et le lecteur lui a de moins en moins un regard critique. Pour contrer ces effets négatifs certains médias (Alternatives Economiques, Le Monde) optent pour du micropaiement ou plus généralement un système d’abonnement. Or ce système pose un autre problème : la possibilité de diviser la population en deux catégories. La première engloberait les personnes choisissant de payer cet abonnement et aurait accès à un contenu travaillé. La seconde catégorie n’aurait au contraire accès qu’à du contenu de moindre qualité car soumis à la « course au clic ». On observerait alors une « société à deux vitesses » (B. Poulet).

D’autres conflits existent concernant la rémunération. Chez les infomédiaires deux conflits éclatent : entre les infomédiaires et les éditeurs, et entre les infomédiaires et les blogueurs. Dans un premier temps, les infomédiaires refusent de rémunérer les éditeurs avec leurs recettes, alors qu’ils s’approprient tout de même leurs contenus, ce qui laisse place à une forme d’inégalité. Il existe aussi une contestation au niveau du plagiat parmi les blogueurs qui voient leur contenu être copié/collé par les infomédiaires qui augmentent ainsi leur visibilité mais sans citer leurs sources la plupart du temps. Ces conflits complexes se trouvent dans une relation de coopétition (coopération & compétition) entre les infomédiaires et les éditeurs/blogueurs. L’infomédiaire a besoin des éditeurs/blogueurs pour obtenir du contenu, et à l’inverse, les éditeurs/blogueurs ont besoin des infomédiaires pour avoir davantage de visibilité sur le net.

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