En quoi l’essor de l’instruction féminine permet des avancées sociales limitées à l’échelle des inégalités lié au processus de sexuation ?

Exposé Domination sociales sur « Allez les filles » de Christian BAUDELOT et Roger ESTABLET

En quoi l’essor de l’instruction féminine permet des avancées sociales limitées à l’échelle des inégalités lié au processus de sexuation ?

I- Des différences biologiques vers les inégalités sociales dans l’institution scolaire

1- L’influence des instances de socialisation primaire

2- La féminisation de l’école au XXème siècle

3- Les limites de la « discrimination positive » des filles

II- La domination masculine, toujours d’actualité ? : de l’école à l’entreprise en passant par l’institution familiale

1- Une structure des emplois figée dans sa ségrégation/ la division sexuelle du travail

2- La violence symbolique dans la division domestique des tâches

3- Inégalité récurrente dans le monde du travail : les mécanismes de fixation des salaires

Bibliographie :

BLOSS, Thierry et Alain FRICKEY, la femme dans la société française, Paris, Que sais-je ?, 1994, 127 pages.

BAUDELOT, Christian et Roger ESTABLET, Allez les filles !, Paris, Seuil, 1992, 243 pages.

BAUDELOT, Christian et Roger ESTABLET, Quoi de neuf chez les filles? Entre stéréotypes et libertés, Paris, Nathan, 2007, 141 pages.

Lexique de sociologie (3ème édition), Dalloz, 2010, 425 pages.

Introduction :

L’ouvrage que nous allons vous présenter Allez les filles a été écrit par Christian BAUDELOT et Roger ESTABLET. Christian Baudelot est un spécialiste de l'éducation et de la sociologie du travail. Actuellement, il est professeur à l’université de Nantes et à l’Ecole normale supérieure et chercheur au Centre Maurice-Halbwachs (CNRS). Roger Establet quant à lui est sociologue français spécialiste de l'éducation. Il est professeur à l’université de Provence. Tout deux on publié de nombreux ouvrages dont L'école capitaliste en France (1971) ou encore Le niveau monte (1989).

Les deux auteurs sont à la base marxistes parce qu’ils considèrent que d'un point de vue politique le système scolaire institutionnalise et légitime la domination des bourgeois (détenant les moyens de production) sur les prolétaires (détenant que leur force de travail) et leur exploitation car elles créent des futurs salariés. Selon eux, l'institution scolaire joue un rôle dans la reproduction des rapports sociaux de production, ils évoquent cette idée dans leur ouvrage L'école capitaliste en France (1971) qui prolonge celle évoquée par P.BOURDIEU dans son texte sur l’idéologie jacobine, ils pensent qu'il y aurait deux réseaux de scolarisation séparés qui divisent les scolarités dès le primaire en deux types de parcours: l’un menant les fils d'ouvriers au salariat d'exécution et l’autre menant à des postes de commande l’économie capitaliste par les enfants de la bourgeoisie. Cependant, dans cet ouvrage, on pourrait penser qu'ils adoptent une approche bourdieusienne en considérant la sociologie comme « la science du dévoilement » en montrant les mécanismes cachés du système scolaire conduisant à une "domination masculine" dans le monde professionnel.

D’un point de vue historique, le mouvement féministe du 19ème siècle a joué un rôle important dans la reconnaissance sociale de l’activité féminine dans la sphère productive, dans l'évolution des moeurs avec le passage de valeurs traditionnelles à des valeurs plus égalitaires (passage de la notion de travail à celle d’emploi). Les féministes sont à l'origine de la distinction entre le sexe et le genre, elles ont voulu dénaturaliser les rôles sociaux en fonction du genre. Elles revendiquent des droits égaux en matière politique (1945: droit de vote) et professionnelle durant la période du "compromis fordiste" (après la SGM, dans les années 1960) marquée par une forte féminisation de l’emploi salarié.

Dans l’ouvrage Allez les filles!, les auteurs commencent par dénaturaliser les stéréotypes sexués crées tout ou partie par les agents de socialisation primaire notamment (l'institution familiale et scolaire). Ensuite, à travers de nombreuses données statistiques, ils évoquent la montée spectaculaire des filles dans le système scolaire au 20ème siècle. Néanmoins, selon eux, ce phénomène ne gomme pas pour autant les inégalités dont les femmes sont victimes dans les sphères professionnelle et domestique soit le travail et la famille qui représentent selon M.A BARRERE-MAURISSON: « deux pôles inséparables de l'existence individuelle et sociale. » Ils parlent alors de « faits sociaux paradoxaux » car si les filles sont avantagées durant leur cursus scolaire par rapport aux garçons, leur destinée sociale s'avère d'autant plus défavorable que ces derniers. L’institution scolaire « continuerait de  reproduire les rapports de force de la société favorables aux hommes ».

Problématique : En quoi l’essor de l’instruction féminine permet des avancées sociales limitées à l’échelle des inégalités lié au processus de sexuation ?

I- Des différences biologique vers des inégalités sociales dans le système scolaire

A. L’influence des instances de socialisation primaire

L’identité féminine est une construction sociale, c’est le contexte historique et social qui organise l’existence de la femme de son enfance jusqu’à l’âge adulte.

Tout d’abord, il faut faire la distinction entre le sexe (différence biologique) et le genre (différence sociale). Ce dernier est une construction sociale, « il nécessite éducation, apprentissage et intériorisation de son rôle sexué, processus codifiés par un certain nombre de rites de passage » (par exemple, la circoncision) selon M.GODELIER ou même Pierre BOURDIEU dans son œuvre la domination masculine. D’ailleurs, Simone DE BEAUVOIR, féministe, disait « on ne naît pas femme, on le devient ». Ainsi, elle montre le rôle important des instances de socialisation primaire soit l’institution familiale et scolaire dans l’incorporation de rôles sexués. La socialisation est un processus (de la

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