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Nicolas Poussin, l'inspiration du poète

Commentaire d'oeuvre : Nicolas Poussin, l'inspiration du poète. Recherche parmi 300 000+ dissertations

Par   •  19 Mars 2013  •  Commentaire d'oeuvre  •  1 647 Mots (7 Pages)  •  1 106 Vues

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Polémiques autour d'une définition[modifier]

Nicolas Poussin, L'inspiration du poète.

Marc Fumaroli comme Joëlle Gardes-Tamine ont étudié les conceptions de la rhétorique au cours des siècles et relèvent que celles-ci peuvent se rattacher à deux traditions philosophiques4 :

la définition d'origine sophistique, selon laquelle la rhétorique doit persuader. Bien que propagée par les sophistes comme Gorgias, il s'agit de la conception héritée d'Aristote qui la définit comme « la faculté de considérer, pour chaque question, ce qui peut être propre à persuader »5 ;

la définition de la martinache d'origine stoïcienne qui pose qu'elle est l'art de bien discourir. Elle requiert une bonne moralité et se rapproche en cela d'une représentation de la sagesse. Ses représentants sont Quintilien et Cicéron.

Cette double tradition a conduit les auteurs, au cours des siècles, à multiplier les définitions de l'art rhétorique. « Aide mémoire » pour Roland Barthes6, la rhétorique est pour Arthur Schopenhauer ou John Stuart Mill la technique du discours public7, alors que, pour Antelme Édouard Chaignet, dans La Rhétorique et son histoire (1888), elle consiste à « persuader et convaincre », deux buts qui lui sont associés systématiquement dans la conscience populaire et même dans l'enseignement du françaisnote 1. Pour le philosophe anglais Francis Bacon, elle est « l'art d'appliquer la raison à l'imagination pour mieux mouvoir la volonté »8, alors que, pour l'Américain Richard Weaver, elle est « un art de l'emphase ».

En dépit de toutes ces définitions, parfois nettement divergentes, l'expression d'« art rhétorique » renvoie avant tout, et historiquement, au « système rhétorique », c'est-à-dire l'ensemble des techniques pour structurer son discours, en vue de convaincre ou persuader l'auditeur. Partant de là, selon Michel Meyer, il existe trois définitions historiques concurrentes de la rhétorique9 :

la rhétorique est une manipulation centrée sur l'auditoire (cette idée prévaut chez Platon qui y voit un mouvement verbal fallacieux) ;

la rhétorique est l'art de bien parler (suivant la formule latine de Quintilien, la rhétorique est un « ars bene dicendi » (un « art du bien dit »), notion qui renvoie à celle d'éloquence ;

la rhétorique est le fait d'un orateur ; en ce sens elle est l'exposé d'arguments ou de discours qui doivent persuader l'auditoire au sein d'un cadre social et éthique. Selon Michel Meyer, l'humanisme incarne cette définition.

Michel Meyer parle par ailleurs, dans son Histoire de la rhétorique des Grecs à nos jours, de véritable « casse-tête » quant à donner une définition acceptable de la rhétorique ; il ajoute : « on peut tirer la rhétorique de tous les côtés, mais ça sera aux dépens de son unité, si ce n'est par réduction et extension arbitraires qui se verront de toute façon opposées par une autre »note 2. Le spécialiste et universitaire Jean-Jacques Robrieux souhaite quant à lui mettre un terme au débat, dans Éléments de rhétorique, en expliquant qu'on peut : « essayer de résumer très simplement : la rhétorique est l'art de s'exprimer et de persuader »10. Enfin, Michel Meyer ajoute que « la rhétorique lisse et arrondit les problèmes, qui s'estompent du même coup sous l'effet du discours éloquent », se focalisant alors sur la portée utile de la discipline oratoire, qui reste un assemblage de techniques prévalant dans une situation de communication socialement cadrée.

Les recherches contemporaines ont disséqué la rhétorique et les interprétations se sont multipliées. En dépit de cela, remarque Michel Meyer, la rhétorique est demeurée cohérente avec ses fondements. En effet, « L'unité est une exigence interne de la rhétorique » selon cet auteur11, autrement dit, il existe un « noyau technique » irréductible au sein de la discipline, en dépit d'applications très différentes les unes des autres. Il existe ainsi une rhétorique judiciaire, une autre politique, une troisième scolaire etc. Cette logique interne à la discipline concerne en effet à la fois le droit, la littérature, la vente, la publicité, le discours religieux comme politique et bien sûr le parler quotidien. Ainsi pour les Grecs, la rhétorique est « la discipline de la parole en action, de la parole agissante »12.

Une définition globale de l'art rhétorique doit donc prendre en considération l'acte de communication et la dimension proprement personnelle de celui-ci :

« La rhétorique est la discipline qui situe [les problèmes philosophiques, comme scientifiques] dans le contexte humain, et plus précisément inter-subjectif, là où les individus communiquent et s'affrontent à propos [des] problèmes qui en sont les enjeux ; là où se jouent leurs liaison et leur déliaison ; là où il faut plaire et manipuler, où l'on se laisse séduire et surtout, où l'on s'efforce d'y croire13. »

Trois notions centrales : le logos, le pathos et l'êthos[modifier]

Articles détaillés : logos, pathos et êthos.

La rhétorique utilise, dès ses fondements, trois notions centrales dans la pensée grecque et latine, que résume Cicéron lorsqu'il dit que la rhétorique consiste à « prouver la vérité de ce qu'on affirme, se concilier la bienveillance des auditeurs, éveiller en eux toutes

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