Etude Sur Les Migrants: les chibanis

Introduction

Les Chibanis, « cheveux blancs » en arabe dialectal, sont les vieux immigrés maghrébins arrivés en France pendant les Trente Glorieuses, dont la politique était celle du recrutement massif de la main-d'œuvre peu qualifiée provenant essentiellement du Maghreb et répondant à un besoin conjoncturel. Ces travailleurs migrants étaient orientés vers les mines, l’industrie sidérurgique, la construction, les travaux publics, etc., des secteurs délaissés à cause du travail qui était particulièrement pénible.

Certains, convaincus de la courte durée qu'ils allaient passer en France, n'ont pas opté pour le regroupement familial et ont vu leur situation s'éterniser voire vieillissent en France. Ils ont connu des parcours les menant de l’exil à l’enracinement dans la société française, sans pour autant renoncer à leurs identités, à leurs valeurs, à leur passé.

Aujourd’hui, la France compterait plus de 500 000 migrants âgés. Cette population encore mal connue et isolée, est confrontée une fois venue la retraite, à des difficultés liées à leur condition de vie précaire. Le vieillissement des travailleurs maghrébins est devenu dans le contexte migratoire, un phénomène nouveau et nous allons voir en quoi les politiques mises en place améliorent-elles la situation précaire des vieux migrants ? À présent, nous traiterons ce sujet en deux parties dont dans un premier temps nous présenterons le public concerné et dans un deuxième temps, nous verrons les politiques en faveur des Chibanis.

I. Présentation du public

D’après l’INSEE, au dernier recensement de 1999, on comptait en France 3,25 millions d'étrangers, dont 537 000 âgés de plus de 60 ans.

Dans la même année, la population des immigrés âgés de 60 ans et plus, non communautaire, représentait 49150 personnes en plus, en augmentation de près de 8% par rapport à 1982.

On constate que plus de 40% des immigrés âgées, non communautaire, sont d’origine maghrébine (20 560 individus, le nombre de Marocains âgés a plus que triplé, celui des Algériens a plus que doublé), et elle est essentiellement masculine (53%). Nous nous intéresseront d’ailleurs particulièrement ici à ce type de population qui est important dans le nord et l’est de paris.

La structure par âge de la population immigrée montre que les jeunes sont peu nombreux puisqu'en règle générale les immigrés ne naissent pas en France. Les moins de 20 ans représentent le quart de l'ensemble de la population. On a constaté un vieillissement de la population immigrée entre 1990 et 1999. Le nombre de moins de 20 ans a baissé de 22 % par rapport au recensement de 1990, au profit de la tranche de 40 et plus (plus 15 %).

Puisque la population immigrée a vieillit, leur besoin sanitaire et sociaux ont évolués.

A. La situation sanitaire des migrants

Les travailleurs immigrés âgés souffrent de pathologies particulières liées à leurs conditions de travail et leurs conditions de vie désagréable.

En effet ils souffrent souvent d’un vieillissement physiologique précoce lié aux conditions de travail qu’ils ont subies pendant leur période d’activité salariée (emplois peu ou non qualifiés, postes de travail très exposés aux conditions climatiques et aux risques professionnels).

Les études portant sur l’état de santé des immigrés soulignent la plus forte prévalence des pathologies liées aux mauvaises conditions de logement, aux carences alimentaires, aux affections respiratoires et les problèmes de santé bucco-dentaire. Un certain nombre de problèmes sont soulignés par les différentes sources : intoxications exogènes (alcool, tabac), handicaps dus notamment à des accidents du travail, troubles musculo-squelettiques, problèmes psychologiques et notamment dépression, etc.

En dépit de cet état de santé, la consommation de soins des populations immigrées est relativement plus faible et celles-ci font davantage appel aux services d’urgence ou au médecin généraliste. La personne âgée maghrébine consulte environ trois fois moins que la personne âgée d’origine française.

Pourtant, les travailleurs immigrés âgés qui résident en France bénéficient d’une bonne couverture sociale. L’accès aux soins varie selon la situation administrative des migrants âgés.

4 cas de figurent :

 Accès gratuit pour tous aux consultations externes

 Pour les détenteurs d’une carte résident : CMU, CMC, accès gratuit à tous les soins (pour les inactifs) et tiers payant (pour les actifs)

 Prise en charge de l’hospitalisation d’urgence (pour les détenteurs de la carte retraitée)

 Prise en charge minimum par l’AME

On constate aussi que les personnes nées au Maghreb sont dépendantes nettement plus jeunes que les autres. Les immigrés peuvent entrer dans la vieillesse assez tôt (entre 50 et 60 ans).

D’après l’INSEE entre 1998 et 2001, l’âge de dépendance est de 75,3 ans pour les personnes nées au Maghreb, contre 82 ans pour celles nées en France.

Le vieillissement, dans des conditions décentes, de toute personne pose donc la question du caractère adapté, ou non, de son environnement à cette étape de la vie. Deux facteurs sont, de l’avis des spécialistes, particulièrement importants pour faciliter l’accompagnement de la personne vieillissante : la famille et le logement. En cas d’absence de famille, l’existence d’un logement adapté constitue un élément encore plus important, en ce qu’il permet d’organiser une aide susceptible de pallier en partie cette absence. Un autre choix existe : le logement en institutions.

Les deux-tiers des personnes âgées de 60 ans ou plus résident à domicile, chez elles ou dans leur famille, et toutes bénéficient d’une aide familiale ou professionnelle régulière. Pour la population née en France, 4,2 % des 60 ans et plus résident dans des institutions telles que maisons de retraite, logements-foyers et unités des soins de longue durée des hôpitaux. La sous-population des personnes « nées au Maghreb » est celle ayant proportionnellement le moins recours aux établissements (environ 16 000 personnes). La faible présence des immigrés vieillissants dans les institutions s’explique pour des raisons

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