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Commentaire sur le roman l'Assommoir d'Emile Zola

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Par   •  21 Janvier 2013  •  4 178 Mots (17 Pages)  •  1 534 Vues

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Le roman suit en 13 chapitres l’évolution du destin de Gervaise qui s’élève jusqu’au chapitre VII, épisode du repas et de l’apothéose de la fête, et glisse vers la déchéance finale. Nous sommes ici au douzième chapitre et ainsi très proche de la fin dramatique.

De plus, dans le chapitre XI, nous pouvons remarquer que la déshumanisation de Gervaise et son opprobre étaient déjà effectifs. A présent, le passage que nous allons étudier représente l’apogée de son humiliation.

Ce chapitre est primordial dans l’économie du roman puisqu’il se déroule en une seule journée et car il opère une rétrospective sur la vie de Gervaise. A demi-mourant de faim, réduite à tenter de se prostituer pour survivre, elle erre dans les lieux qui ont marqués son existence. Il s’agit de la dernière étape de sa déchéance fatidique avant la mort.

A travers ce passage, Zola nous rend compte de l’avachissement physique et psychologique de l’héroïne. De plus, il en renforce le degré, en sollicitant la mémoire du lecteur, à travers des rencontres symboliques et prémonitoires telle que celle du Père Bru. L’entrevue avec Goujet et l’écart qui s’est creusé entre les deux personnages sont également significatifs de sa chute. Ainsi, le retour sur la vie heureuse de Gervaise laisse présager sa mort rapidement.

Ce texte nous incite donc à nous demander comment Zola, à travers cette peinture d’errance hivernale à tonalité spectaculaire et mélodramatique, fait passer Gervaise par toutes les hontes et nous montre une chute inévitable ?

Tout d’abord, il s’agit pour l’auteur de montrer la déchéance de l’héroïne en la resituant comme femme du peuple. Gervaise apparaît dénaturée, affamée, se livrant à des soliloques interrompus par une sorte de polyphonie populaire. Ensuite, comme il l’avait prévu, Zola la fait passer d’avanie en avanie : l’héroïne prend conscience de son avilissement, puis elle est doublement humiliée face au père Bru et à Goujet. Enfin, ce dernier, ange salvateur, nourricier, amant ne pourra que se soumettre face à cet avilissement.

I. La rue, la condition du peuple, Gervaise :

1. Le quartier : mise en abyme du sort de Gervaise

Tout d’abord, Zola, dans ce passage, met en scène la beuverie du quartier. Grâce au style indirect libre, il crée une sorte de polyphonie.

La description de la soûlerie p. 478 est en focalisation interne. Ici, ce n’est plus Gervaise qui s’exprime mais le narrateur. Celui-ci décrit les conséquences de l’alcool : les coups et les querelles, la violence qui s’extériorise. Il expose toute la perversité de la consommation d’alcool qui assomme, qui « fait tomber » les hommes : « de grands silences se faisaient, coupés par des hoquets et des chutes sourdes d’ivrognes. » Zola cherche à montrer que le monde ouvrier est en proie à la même déchéance que Gervaise. Ici alcool et classe ouvrière se confondent.

« Le vin coulait si fort depuis 6 h qu’il allait se promener sur les trottoirs. ». Il y a dans cette phrase, une personnification du vin qui enivre le quartier, qui le submerge, l’inonde. Cela fait écho à l’ombre coulante de Gervaise, signe de la dévastation du corps par l’alcool. Cette description permet de resituer Gervaise et de nous rappeler le but premier de Zola. Toute la condition populaire, la pauvreté et les ravages de l’alcoolisme se dessinent au travers de la vie de l’héroïne. Il s’agit donc d’une mise en abyme du sort de Gervaise, femme du peuple, un exemple parmi tant d’autre.

Le discours du narrateur est ensuite remplacé par la voix d’un personnage externe qui pourrait être celle d’un vieux parisien du quartier « Vrai, le quartier était propre ! Un étranger, qui serait venu le visiter avant le balayage du matin, en aurait emporté une jolie idée. », « Nom de dieu ! Les couteaux sortaient des poches et la petite fête s’achevait dans le sang ».

Ainsi par la voix du qu’en-dira-t-on, la voix du narrateur qui s’intègre quasiment totalement et le soliloque de Gervaise qui parsème le texte, ce discours indirect libre engendre la fusion et l’amalgame des voix. Zola a choisit de créer une polyphonie pour mettre en avant Gervaise en tant que représentante du peuple donc de la fatalité sociale des basses classes. Mais ce discours permet également de doter Gervaise d’une intériorité paradoxale par l’absence de la 1ère personne. Par-là, il témoigne de la confusion mentale que détermine un état physiologique, la faim. Ce trouble psychologique se double de la conscience vagabonde de Gervaise suivant l’errance de ses pas.

2. Gervaise dénaturée:

Dès le début de cette scène et tout au long du passage, Gervaise apparaît comme dénaturée. Sa métamorphose avait déjà débutée au chapitre XI : « elle devenait trop flasque, trop molle. » Mais ici, elle semble tomber en liquéfaction : « Cela s’étalait, le ventre, la gorge, les hanches, coulant et flottant ensemble. » Zola utilise ici une métonymie: elle est devenue liquide à l’image de l’alcool qui coule en elle.

Cet avachissement physique est caractéristique de l’anéantissement mental. En effet, c’est une des premières fois qu’elle se voit, et c’est à travers son ombre qu’elle se perçoit comme un être avachit, énorme, un monstre carnavalesque, un guignol. La description de son ombre révèle un excès des formes qui appuie justement sa difformité. « L’ombre faisait la culbute à chaque pas », cette phrase montre que la chute n’est plus seulement physiologique mais physique. Elle prend conscience de sa déchéance sans réagir ce qui montre le caractère imminent de son effondrement. Elle se voit monstre et restera monstre car elle n’a plus de volonté. Elle a faim, elle a froid : sa vie semble purement végétative.

En outre, son corps est ruiné par des désordres physiologiques irréparables. Elle n’est plus qu’un animal : « il lui fallait un trop grand effort pour penser. » La déshumanisation de Gervaise atteint donc son paroxysme.

De plus, par sa nature dépravée, elle semble s’être transformée en machine. La menace extérieure que constituait la monstruosité de l’alambic au début

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