Comment devenir ami avec quelqu’un qui ne nous ressemble pas ?

          Comment choisissons-nous nos amis? D’ailleurs les choisissons-nous ou est-ce le hasard qui les portent à nous? Est-ce qu’ils nous ressemblent ou sont-ils opposés à nous? Il semblerait logique que nos amis nous ressemblent, que nous partagions les mêmes intérêts et les mêmes passions. Cependant, si un ami est un moyen pour parvenir au bonheur et que pour parvenir au bonheur il faut devenir meilleur et que pour devenir meilleur il faut observer les autres pour comprendre nos défauts et ce qu’on pourrait faire de mieux, il faudrait que nos amis soit l’opposé de nous afin que nous nous apportions mutuellement ce que l’autre n’a pas. Mais comment devenir ami avec quelqu’un qui ne nous ressemble pas?

        Dans Éthique à Nicomaque, Aristote définit trois types d’amitiés l’amitié d’utilité, l’amitié de plaisir et l’amitié parfaite. L’amitié d’utilité n’est qu’une relation de service entre deux personnes, elle est donc sûr de se finir un jour. L’amitié de plaisir est une relation entre deux personnes pour être heureux, elle est donc aussi vouée à sa fin puisque le plaisir est éphémère et que l’intensité à ses limites. L’amitié parfaite aussi appelé l’amitié de vertu est la seule amitié durable, est composées de deux personnes qui sont bonnes en eux-mêmes et qui se ressemblent en vertu. Aristote écrit aussi que cette amitié doit être réciproque, donc lorsqu’un des deux donne, il devrait recevoir quelque chose d’équivalent en retour, mais il ne faut pas donner dans l’intention de recevoir, cela doit se faire naturellement. Il serait donc difficile d’être ami avec un riche lorsqu’on est pauvre ou vice-versa. Les amis doivent donc se ressembler au niveau social aussi. Aristote écrit aussi que l’amitié est un moyen pour parvenir au bonheur. Donc dans une amitié parfaite, les amis doivent se mener réciproquement vers le bonheur afin qu’ils n’aient plus besoin d’être amis. C’est le but d’une amitié parfaite : Ne plus avoir besoin d’ami.  

        Dans l’Alcibiade, Platon écrit que l’œil est le miroir de l’âme et, par métaphore, qu’il faudrait regarder dans l’œil de quelqu’un d’autre afin de se voir soi-même, comme si l’œil était le miroir de l’âme. Je trouve cette réflexion très belle et très intéressante, qu’il faut regarder dans l’âme d’un autre pour voir le reflet de son âme, comme dans un miroir. Sauf que si quelqu’un se regarde dans le miroir et qu’il lève le bras droit, son reflet lèvera le bras gauche. S’il se retourne son reflet se retournera aussi, mais regardera dans la position opposée. En d’autres mots, il fait la même chose que nous mais d’une autre façon. Évidemment, tout cela n’est qu’une métaphore. Il ne suffit pas que de regarder dans les yeux d’un autre pour être vertueux. Mais il faut observer les autres pour devenir meilleur, mais qui faut-il regarder? Aristote dit que nos amis sont un moyen pour parvenir au bonheur donc nos amis serait le reflet dont Platon fait allusion dans l’Alcibiade. Il faudrait donc que nos amis soient différents dans ce qui nous ressemble. Par exemple, il faudrait que les deux amis soient passionnés du même sport, mais qu’ils aient une technique différente. Qu’ils aiment tous les deux la peinture, mais deux styles différents. Qu’ils soient tous les deux intéressés par la politique, mais qu’ils n’aient pas les mêmes idées. De cette manière, ils se complèterait dans tous les aspects de leur vie afin d’être le plus vertueux possible. Aussi, cela voudrait dire qu’ils correspondent aux deux citations d’Aristote « Les contraires s’attirent » et « Qui se ressemble s’assemble » puisqu’ils se ressemblent étant donné qu’ils ont les mêmes passions et ils sont contraire puisqu’ils ne voient pas leurs passions de la même manière.          

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