Par quels moyens Robert Badinter parvient-il à orienter le choix des députés en faveur de l’abolition de la peine de mort ?
Commentaire de texte : Par quels moyens Robert Badinter parvient-il à orienter le choix des députés en faveur de l’abolition de la peine de mort ?. Recherche parmi 300 000+ dissertationsPar Gérard Michel • 21 Mars 2021 • Commentaire de texte • 630 Mots (3 Pages) • 781 Vues
Le 17 septembre 1981, devant l'Assemblée Nationale, Robert Badinter, ministre de la Justice, à la demande du Président de la République, prononce un discours contre la peine de mort reprenant la déclaration du 16 mars 1981 du candidat aux élections présidentielles François Mitterrand contre la peine de mort. Il est élu Président de la République le 10 mai. Le 26 août 1981, le Conseil des ministres approuve le projet de loi abolissant la peine de mort. L’extrait que nous étudions est très important puisqu’il s’agit de la fin du discours, de la péroraison. Nous nous demanderons donc par quels moyens Robert Badinter parvient-il à orienter le choix des députés en faveur de l’abolition de la peine de mort? Nous verrons dans un premier temps comment Robert Badinter obtient l’adhésion des députés à sa thèse. Nous verrons ensuite comment il conduit les députés à penser que l’abolition est nécessaire.
Dans ce discours, R. Badinter veut obtenir l’adhésion des députés à sa thèse. Pour cela, il s’implique personnellement. Plusieurs fois, il utilise la première personne du singulier et des déterminants possessifs : « à cet âge de ma vie » « je ne parle pas seulement », « je parle aussi ». Il s’inclut avec la première personne du pluriel et le déterminant possessif: « notre société refuse une justice qui tue », « nous la refusons ».
Par contre, il dévalorise ses adversaires en utilisant la troisième personne « ceux qui veulent une justice qui tue », et il les traite comme des criminels qui « veulent une justice qui tue », qui pensent qu'il « existe des hommes totalement coupables », « totalement responsables de leurs actes » qui pensent que leur jugement est vrai « une justice sûre de son infaillibilité ». Ils sont donc dans l'erreur : « Cette société croit, en dépit de l'expérience des siècles, faire disparaître le crime avec le criminel »
Il dévalorise aussi la position adverse en utilisant des pronoms et des déterminants démonstratifs dépréciatifs : « ceux qui », « ceux-là », « cette justice.
Ce discours est un discours délibératif qui doit conduire les députés à faire un choix. On peut relever le lexique du choix « choix fondamental », « celui-là peut vivre et celui-là doit mourir » « le choix qui s’offre à vos consciences et donc clair: ou (…) ou. » qui se trouve au début et à la fin du texte. Ce texte est écrit sur le mode binaire. Par exemple, on trouve deux arguments pour la peine de mort des hommes totalement coupables, il peut exister une justice sûre de son infaillibilité. Mais ce choix est impossible car une seule réponse est attendue : l’abolition de la peine de mort. Pour cela, l’auteur récapitule les arguments (religieux : seul Dieu est infaillible et historique : la grandeur de la France et argument de l’inefficacité : il n’y a pas de rapport entre l’existence de la peine de mort et le nombre de crimes) qui se résument à des évidences : il n’y a pas d’homme totalement coupable et la justice n’est pas infaillible.
Avec trois adjectifs dépréciatifs, il qualifie la peine de mort d’inhumaine : « intolérable », « insupportable », « inacceptable ». Il oppose dans un parallélisme de construction les deux sociétés : « ou notre société refuse une justice qui tue (…) ou cette société croit... »
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