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Le secret dans les sociétés contemporaines

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Par   •  15 Novembre 2021  •  Dissertation  •  1 462 Mots (6 Pages)  •  333 Vues

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Questions contemporaines

A l’heure d’Internet, les informations sont désormais accessibles à tous. L’organisation Wikileaks créée en 2006 par Julian Assange témoigne de cette levée progressive des secrets pour une société transparente. Le secret désigne ces informations que leur détenteur doit garder cachées,dans un but pratique. Ce détenteur peut occuper différents rôles, tels que ceux d’une personne publique, comme l’Etat, ou encore des personnes privées, soit physiques c’est à dire des individus, ou morales, des entreprises. Si ces différentes personnes conservent toutes certains secrets, elles ne le font évidemment pas pour les mêmes raisons. L’exemple des Wikileaks précédemment évoqués est pourtant le reflet d’une mise à mal du secret, et ce, pour toutes les personnes mentionnées. L’émergence d’Internet, plus qu’un simple vecteur, est véritablement un catalyseur à la diffusion de secrets jusqu’alors cachés. On peut dès lors légitimement se demander si le secret est toujours envisageable dans les sociétés contemporaines puisque celles-ci se caractérisent par une exposition incessante de l’intimité?
Le premier acteur mis à mal par cet accès simplifié aux informations secrètes est évidemment l’Etat, et plus globalement toutes les structures institutionelles. Les individus privés se trouvent également confrontés à ce phénomène. Ceci étant, il semblerait qu’un certain nombre de secrets puisse subsister, même aujourd’hui.

Tout d’abord, nos sociétés contemporaines semblent profiter au déclin du secret étatique ou institutionnel, notamment avec la diffusion de la démocratie.

L’Ancien Régime se caractérisait par un pouvoir fort concentré entre les mains du Roi et d’une élite aristocrate. L’une des conséquences de cet absolutisme était le manque de transparence de l’information publique aux citoyens. N’étant pas acteurs de la vie politique, le citoyens ne disposaient que du minimum d’informations. Ainsi, la Revolution de 1789 est justifiée entre autres par les conséquences visibles sur la société de mauvais choix politiques, et non pas ces choix en eux même. La période révolutionnaire est ainsi particulièrement hostile au secret. On pourrait citer à titre d’exemple de cette défiance l’article 7 de la loi du 10 juin 1794, laquelle supprime la phase secrète de l’interrogatoire précédant un jugement. Cette «ère du soupcon», selon les mots de la politologue Virginie Martin était également prompte à la paranoia. La surveillance généralisée fut introduite, au profit de la liberté. Bien que cette période particulière ait justifiée une telle atteinte au secret, cette dynamique s’est poursuivie jusqu’aujourd’hui, à tel point qu’elle semble s’imposer comme un impératif en démocratie. Cette idéologie de la transparence paraît tendre vers le souhait d’André Breton au sujet de la «maison de verre», dès 1928. La transparence se confond avec la vérité, le secret avec le mensonge, une certaine forme de culpabilité.
Qu’en est il au 21ème siècle? Cette injonction morale de la transparence s’est traduite à la sphère politique. Les citoyens ont soif de vérité, y compris quand celle-ci ne présente pas d’intérêt apparent. Cette quête peut être assimilé à un désir de contrôler la chose politique.Il en ressort deux conséquences: d’une part une hostilité au secret se manifeste lors d’élections. C’est sans doute une des raisons qui explique la défaite de Nicolas Sarkozy lors de la primaire de la droite préliminaire aux élections présidentielles de 2017, ou encore l’échec du candidat désigné, Francois Fillon à parvenir au second tour des élections présidentielles. Ces deux hommes politiques empêtrés dans de nombreuses affaires évoquent aux électeurs le secret, des projets masqués et semblent avoir suffi à créer ces deux surprises. L’autre conséquence, sans doute aussi importante, si ce n’est plus sont les nombreuses lois inspirées par la volonté de transparence. On pourrait citer notamment les lois du 15 septembre 2017 «pour la confiance dans la vie politique». Cette norme impose au Président de la République, candidats et parlementaires de rendre publique une déclaration de patrimoine. Cette loi, pourtant ne se rapporte pas à l’efficacité d’un homme politique et pourrait s’apparenter à du voyeurisme: elle n’est que la traduction des aspirations des citoyens plus de transparence étatique.

Ce déclin du secret se manifeste aussi dans les rapports entre personnes privées.

Ce déclin du secret est ainsi évident dans les relations qu’entretiennent les individus avec les personnes privées morales, au premier rang desquelles les grandes entreprises informatiques. La collecte d’informations personnelles «data» en anglais atteint aujourd’hui un niveau sans doute inégalé. Ces entreprises béneficient ainsi d’un accès privilégié à nos informations personelles, nos goûts, nos activités et même nos conversations car celles ci transitent souvent par des géants du numérique. A titre d’exemple, la société Cambridge Analytica a pu, avec le concours de Facebook utiliser les données personelles de dizaines de millions d’utilisateurs, sans leur consentement. L’entreprise américaine a été condamné à une amende record de 5 milliards de dollars car cette collecte s’opérait en dehors de tout cadre légal, cependant force est de constater que de nombreux utilisateurs de réseaux sociaux confient de leur plein gré ces informations à ces entreprises qui peuvent les utiliser, par exemple pur de la publicité personnalisée. Pour ce faire, des «data brokers» tels qu’Acxiom détiennent en toute légalité les données de plus de 700 millions d’individus. La tendance semble donc être à une dépossession de ce que chacun a de plus intime, ces «datas».  
Mais le progrès technique ne se résume pas à confier à des entreprises ses données personelles. Les utilisateurs bénéficient d’un espace d’échange pour leur photos, de tchats de groupe etc... Ceux ci sont également un moyen d’ébranler ce qui était auparavant secret. Les discussions de groupe ou la publication de photos sont propices à la communication d’informations personelles, avec une facilité jamais atteinte jusqu’alors. Le revers de la médaille étant l’aisance avec laquelle peut obtenir des informations sur un tiers, que celui-ci n’aurait pas voulu être diffusées. Le «doxxing», s’il est interdit est grandement facilité par ces services. Le rapport au secret est de plus en plus challenge par ces technologies, et la place grandissante qu’elles occupent, allant de la montre mesurant le rythme cardiaque au GPS traquant nos déplacements sont autant de menaces pour notre confidentialité. Le progrès technique, outre la morale a donc un rôle majeur dans l’effritement du secret.

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