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En Quoi Le Fait D'évoquer La Vie Des Peuples « Barbares » Nous Amène-t-il à réfléchir Sur Nous, Peuples « Civilisés » ?

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Par   •  16 Mai 2013  •  2 592 Mots (11 Pages)  •  4 566 Vues

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La notion de barbarie est fréquemment associée à celle de civilisation. Le barbare est le non civilisé tout comme le civilisé est le non barbare. Mais alors, qu’est-ce qu’être barbare ? Et qu’est-ce qu’être civilisé ? « Il n’est pas un signe ou un acte de civilisation qui ne soit en même temps un acte de barbarie » disait Edgar Morin. Les termes de « barbare » et « civilisé » viennent de l’Antiquité. Pour les Grecs, tout peuple étranger est barbare, sans qu’il y ait de jugement moral car le mot « barbare » signifie pour eux « qui ne parle pas le grec, mais une langue incompréhensible ». Aujourd’hui, la définition de barbare a évolué signifiant ainsi au sens courant celui qui commet des actes inhumains, celui qui fait preuves de sauvagerie. Tandis que le civilisé est celui qui est capable d’agir et de penser où se construit l’humain Le terme de civilisation est apparu dans la seconde moitié du 18e siècle. Employé au singulier, il permet d’opposer le civilisé au barbare. En quoi le fait d’évoquer la vie des peuples « barbares » nous amène-t-il à réfléchir sur nous, peuples « civilisés » ? Par conséquent, dans quelles mesures les récits des cultures étrangères nous font réagir sur notre propre civilisation ? Existe-il des limites sur la remise en question de l’humanité liée aux rencontres avec le sauvage ? Nous montrerons dans un premier temps les conséquences de la rencontre avec d’autres peuples, mais nous verrons, par la suite, la transformation de cette rencontre au fil des siècles.

Tout d’abord, nous avons pu constater dans les siècles précédant que les rencontres avec des peuples différents se sont généralement soldées par la violence et la brutalité, amenant à des combats entre peuples ; ce qui a également amené à une supériorité de certains peuples par rapport à d’autre.

D’une part, en rencontrant des personnes étrangères, n’ayant pas les mêmes langues ni les mêmes coutumes, les peuples « civilisés » ont répondu par des actes de guerre et de colonisation.

La civilisation occidentale a su répondre par des conflits à la rencontre des peuples d’Amérique. Dans La Controverse de Valladolid, Sépulvéda justifie la guerre de conquête des Espagnols contre les Indiens d’Amérique, à l’aide d’argument d’autorité provenant d’Aristote. La barbarie de ces peuples indigènes, c’est-à-dire l’idolâtrie d’atroces Dieux comme le serpent à plume ou alors les sacrifices humains qu’ils effectuent pour leurs idoles, permet aux peuples d’Europe, les Espagnols, de les tuer et de provoquer des conflits. Pour Sépulvéda cela en devient même une nécessité et un devoir afin de punir les atrocités qu’ils exercent. Il dit même « on tressera des louanges à l’Espagne pour avoir délivré la terre d’une espèce sanguinaire et maudite », le théologien affirme que cette guerre a eut lieu afin de protéger des innocents. Alexis de Tocqueville disait aussi « la race indienne est appelée à une destruction finale qu'on ne peut empêcher et qu'il n'est pas à désirer de retarder. Le ciel ne les a pas faits pour se civiliser, il faut qu'ils meurent ». Lui, comme beaucoup d’autres, n’acceptait pas les personnes étrangères dans société. La rencontre de population dites civilisées avec des peuples dits barbares a souvent aboutie à des guerres ; en conséquence, les civilisations occidentales ont eut une soif de coloniser ces étrangers. « Du temps des entreprises coloniales on disait en Europe que les peuples du Tiers-monde étaient «primitifs», «arriérés», «barbares», «non-civilisés», etc. Ce qui contribuait à transfigurer le processus brutal d'expropriation colonialiste en mission civilisatrice et humanitaire » disait Alain Accardo. Dans Voyage autour du monde, Bougainville présente son voyage à Tahiti comme un paradis à conquérir : « Les pirogues étaient remplies de femmes qui ne le cèdent pas, pour l'agrément de la figure, au plus grand nombre des Européennes et qui, pour la beauté du corps, pourraient le disputer à toutes avec avantage », il dévoile comment les femmes qu’il a rencontré sont splendides, « La plupart de ces nymphes étaient nues […]comment retenir au travail, au milieu d'un spectacle pareil, quatre cents Français, jeunes, marins, et qui depuis six mois n'avaient point vu de femmes? », il montre l’importance de coloniser ces îles.

Tocqueville, lui, accordait une légitimité à la colonisation, car elle permettait de civiliser les peuples indigènes, il opposait d’une manière principielle les peuples « civilisés » aux peuples « barbares ». Le résultat de la colonisation des peuples étrangers selon Georges Clemenceau, en réponse à Jules Ferry, était un désastre, il disait « Regardez l’histoire de la conquête de ces peuples que vous dites barbares et vous verrez la violence, tous les crimes déchaînés, l’oppression, le sang coulant à flots, le faible opprimé, tyrannisé par le vainqueur ! Voilà l’histoire de votre civilisation ! » Les populations « civilisées » ont ainsi, avec les guerres et colonisations, mis en évidence leur civilisation et finit par affirmer leur supériorité.

D’autre part, la remise en question de l’autre a aboutie à une hiérarchisation et subséquemment à une domination des peuples « barbares » par les peuples « civilisés ». L’omniprésence des préjugés d’un peuple amène à penser que des peuples différents en sont inférieurs.

Les peuples « civilisés » représentent une société ordonnée, la civilisation occidentale est supérieure aux autres grâce à son avance technique mais aussi culturelle. Dans une rencontre, il y en a toujours un qui veut dominer l’autre. Jules Ferry affirmait que les Européens étaient une race supérieure par rapport aux étrangers : « Il faut dire ouvertement qu’en effet les races supérieures ont un droit vis-à-vis des races inférieures. [...] Je répète qu’il y a pour les races supérieures un droit, parce qu’il y a un devoir pour elles. Elles ont le devoir de civiliser les races inférieures » La colonisation européenne montre bien que l’Europe était capable de dominer les continents moins avancés et d’étendre le progrès de manière universelle. Les Indiens d’Amérique ou bien les Africains ont un retard technique et culturel tellement important par rapport à la civilisation occidentale qu’ils sont forcés d’être soumis à ces peuples, ne pouvant contester leur autorité. Dans La Controverse de Valladolid, Sépulvéda garantit que les Indiens d’Amérique sont inférieurs à eux, les Espagnols, et qu’ils sont nés pour être dominé. Ayant des us et coutumes différentes d’eux,

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