Romans (Don Quichotte de La Mancha de Cervantes)

Romans (Don Quichotte de La Mancha de Cervantes), pièces de théâtre (La vie est un Songe de Calderon de la Barca), films (La Rose Pourpre du Caire de Woody Allen, Inception de Christopher Nolan), les œuvres artistiques s’interrogeant sur le rêve et la réalité sont nombreuses. C’est également un sujet qui interrogea de nombreux philosophes. Mais que sont le rêve et la réalité ?

Nous définissons la réalité comme étant le monde que nous percevons. Nous définissons le rêve comme ce qui s’y oppose, ce qui n’existe pas, ne peut être perçu que par l’esprit et qui diffère selon les personnes. Il peut s’agir des rêves au sens onirique du terme, mais aussi d’aspirations, de désirs, on peut rêver d’une vie future, d’une réalité plus ou moins proche. Ces aspirations peuvent aussi prendre la forme d’utopies, on parlera alors d’une troisième définition du rêve: la représentation idéale ou chimérique. Il s’agira ici de toutes les créations de l’esprit conscient, c’est-à-dire l’espoir d’une société meilleure (les utopies), la création artistique, ou les produits de l’imagination (les hippogriffes que prend Descartes comme preuve des divagations de l’imagination). Cependant, le rêve se rapproche souvent de la réalité, nous croyons sentir, toucher, entendre, bouger, parler alors que nous dormons. Ce dont nous rêvons prend les formes de la réalité, et nous croyons ne pas rêver. Rêve et réalité ont donc tendance à se superposer et nous doutons alors de nos perceptions, ne sachant plus ce qui est réel ou non.

En tentant de définir ces deux termes nous avons vu qu’ils s’opposaient. Mais nos rêves ont une réalité et nous tentons parfois de rendre réels nos rêves, l’un et l’autre se complètent donc. Pourquoi associer ou opposer rêve et réalité poserait-il problème à la pensée? Nous allons tenter de répondre à cela en voyant tout d’abord le rêve au sens onirique du terme et l’imagination, puis le rêve comme aspiration et enfin nous verrons qu’il peut y avoir plusieurs niveaux de réalité.

Depuis toujours l’Homme s’interroge sur ses rêves, au sens onirique du terme. Quel est leur sens ? Que nous apprennent-ils sur le monde ? Certains ont prétendu qu’ils permettaient de connaître le remède indiqué lorsqu’on était malades, d’autres qu’ils étaient des messages des dieux et permettaient de connaître l’avenir. Plus près de nous, l’interprétation des rêves a été théorisée par Freud comme permettant de comprendre certains mécanismes de notre esprit et notamment les manifestions de ce qu’il définit comme étant notre inconscient. Confronter l’interprétation de nos rêves à la réalité permet alors de mieux comprendre ce qui nous entoure mais aussi de comprendre nos pensées. Ici la confrontation entre le rêve et la réalité ne pose donc pas de problème à la pensée et participe même à sa bonne marche.

Le rêve peut aussi être entendu au sens d’imagination. Prenons l’expression « rêver les yeux ouverts», il s’agit bien d’une activité consciente de l’esprit qui consiste à imaginer toutes sortes de choses. L’imagination, aussi peu fiable qu’elle soit, peut nourrir l’esprit, participer à son activité créatrice. En effet, d’où provient l’activité littéraire, artistique ou musicale sinon de l’imagination ? Pour créer, il faut bien rêver, laisser notre esprit vagabonder pour en retirer quelques idées qui associées à un raisonnement permettront de produire un objet artistique. Ainsi nos rêves peuvent nourrir notre pensée.

Mais l’imagination est à double-tranchant. Si nous ne nous fions qu’à elle, nous pouvons être trompés, comme l’affirme Pascal dans ses Pensées : « imagination. C'est cette partie dominante de l'homme, cette maîtresse d'erreur et de fausseté et d'autant plus fourbe qu'elle ne l'est pas toujours, car elle serait règle infaillible de vérité si elle l'était infaillible du mensonge ». L’imagination est donc aléatoire, hasardeuse, source de mauvais comme de bons jugements.

Le rêve peut également s’entendre au sens d’aspirations. Pourquoi espérer ? Nous formons des espoirs, nous rêvons de ce que nous pourrions devenir. Pourquoi cela ? Nous espérons modifier la réalité, la transformer selon nos espérances. D’ordinaire, nous considérons que l’espoir est salvateur car il permet de résister à divers maux. Mais selon la mythologie gréco-romaine, et notamment selon le mythe de Pandore, l’espoir est un mal, puisqu’il reste enfermé dans l’outre des maux après que Panurge l’ait ouverte. En effet, parfois nous rejetons la réalité et imaginons un monde selon nos désirs. Un cas extrême est celui de Don Quichotte dans le roman éponyme de Cervantès. Don Quichotte, à force de lectures, devient fou et se prend pour

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