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L'étranger.

Dissertation : L'étranger.. Recherche parmi 300 000+ dissertations

Par   •  24 Novembre 2016  •  Dissertation  •  1 321 Mots (6 Pages)  •  690 Vues

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L’étranger

Chacun a une idée de ce qu'est un étranger. C'est un inconnu, mais un être humain tout de même.

Par définition, l'étranger est ce qui n'est pas moi, sans quoi il ne serait précisément pas un étranger pour moi.

Or, l'étranger n'est pas non plus un autre radicalement extérieur à moi, sans quoi il ne saurait non plus être jugé comme étranger, ainsi un chien n'est pas jugé comme étranger par rapport à un homme, parce qu'il est précisément radicalement autre, humainement parlant, par rapport à cet homme. Cette définition n'est pas neutre, puisqu'elle définit d'emblée l'étranger comme celui qui est à la fois différent et proche de moi. En cela on peut bien dire qu'il existe un paradoxe puisque pour dire qu'un homme est différent de moi il faut bien poser son altérité et la référer.

Ainsi, comment définir l'étranger, s'il n'est ni le même que moi, ni un autre radicalement autre par rapport à moi ? L'étranger, en raison de cet entremêlement irréductible du même et de l'autre, ne constitue il pas cela même à l'épreuve de quoi chaque individu peut mesurer sa propre humanité ? Et peut on réellement comprendre la différence de l'autre homme en la comparant à notre identité ? On répondra à ces questions en étudiant d'abord la thèse selon laquelle l'étranger nous est différent, avant de décrire celle requalifiant l'étranger comme m'étant similaire, pour finir par analyser un autre point de vue, celui

I L'étranger est étranger pour moi, il constitue l'altérité

La conscience, en tant que conscience pour soi, se pose comme négation de ce qui n'est pas elle : elle se pose en s'opposant. Ainsi, au début de son mouvement, la conscience se pose comme pure négativité, elle est une pure pure puissance de négation de ce qui n'est pas elle. Ainsi, tout ce qui n'est pas la conscience, c'est à dire la totalité des choses, puisque la conscience n'est qu'une puissance de négation sans négativité propre, figure-t-il l'étrangeté radicale par rapport au pour soi : ce qui n'est pas moi m'est étranger.

Cette figure de la conscience, ainsi analysée sur le plan strictement logique, se retrouve sur le plan plus largement anthropologique : toute conscience va considérer comme étrangère toute conscience extérieure à elle, et cette étrangeté va s 'accompagner d'une réaction de rejet : tout ce qui n'est pas moi vaut moins que moi, pour reprendre la fameuse réplique du personnage de Victor Hugo, Hernani. Cette réaction de rejet peut aussi s'expliquer par l’imprécision du modèle d'analogie par lequel on détermine qui nous ressemble ou non : en restreignant ce principe de ressemblance, je puis décréter, plus ou moins spontanément, que celui ci ou celui la n'est pas humain. Relativisme ou racisme, tels sont les excès moraux possibles d'une pareille conception de l'autre et de l'étranger, excès que l'on a pu aisément observer ces derniers mois avec les migrations vers l'Europe.

Ainsi au terme de cette 1ère partie, on a pu constater que l'étranger est d'abord ce qui est différent de nous, différence qui nous pousse donc à le rejeter de prime.

Mais nous allons voir dans un second temps qu'il est nécessaire de transcender ces différences pour reconnaître l'étranger dans ce qu'il a de commun avec nous. En effet, si l'étranger n'est que l'autre, il n'est même plus comparable à moi, ce qui contredit la définition initiale de l'étranger, à la fois proche et différent de moi.

Ainsi, toute civilisation, toute culture particulière est naturellement portée à juger une culture étrangère à la sienne comme barbare, en tant précisément qu'étrangère. Un village peut considérer les habitants d'un village étranger mais situé à proximité comme des non-hommes, en raison de leur caractère d'extériorité : l'inhumain constitue alors ce qui est étranger à une communauté donnée (on peut prendre l'exemple des romains et de leur empire). L'étranger, comme autre et comme rien d'autre que tel, est dépossédé de son humanité même : c'est la que prend son sens le terme de barbarie pour juger l'étranger.

Or tout jugement de barbarie révèle une vision extrêmement ségrégative

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