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La Nature De La Famille

Note de Recherches : La Nature De La Famille. Recherche parmi 300 000+ dissertations

Par   •  28 Mai 2013  •  4 798 Mots (20 Pages)  •  1 116 Vues

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Numéro 214

Décembre 2007

( sommaire )

Cahier : La famille recomposée

par Jean-Paul et Anne Sauzède-Lagarde

En mai 2005, Évangile et liberté avait déjà publié un cahier intitulé «Que sera la famille au XXIe siècle?», écrit par Anne-Catherine Masson, pédopsychiatre.

Il y a plusieurs raisons de parler de la famille aujourd’hui.

D’abord la fête de Noël, qui est traditionnellement, en Europe, une fête de famille ; ensuite l’actualité des derniers mois, avec le vote de la loi sur la maîtrise de l’immigration, qui a provoqué tant de débats à propos de la détermination par l’ADN des liens familiaux pour les immigrés. À ce propos, Didier Sicard et Axel Kahn rappelaient dans un article du Monde que, dans les familles françaises, 3 à 8 % des enfants, selon les régions, ont un père biologique différent du père légal, sans que cela mette en question le lien familial. Et ils posaient la question : « Nous résolvons-nous à ce que la filiation humaine soit ramenée à sa dimension biologique, animale, celle de la transmission des gènes ? »

Carlos Cruz-Diez : Physiochromie n° 1258. 50 x 70 cm. Paris, 1988.

Carlos Cruz-Diez : Physiochromie n° 1258. 50 x 70 cm. Paris, 1988.

Comment aujourd’hui définir « la famille » ? Qu’est-ce qui fait le lien familial ? Le mariage à l’église ou à la mairie, la vie sous le même toit, l’amour, les gènes communs ? En tout cas un sondage, réalisé par la SOFRES en 2000, a montré que « la famille » vient largement en tête des mots très importants pour les 15-24 ans ! Loin de la phrase d’Hervé Bazin : « Où peut-on être mieux qu’au sein de sa famille ? Partout ailleurs ! »…

Depuis plusieurs dizaines d’années les divorces, les enfants nés hors mariages, les remariages de divorcés se multiplient. On voit apparaître des familles monoparentales (un seul parent) et des familles homoparentales (deux parents du même sexe). La « famille recomposée » (terme apparu récemment) est devenue une banalité.

Autrefois on se remariait après le décès de son conjoint. Aujourd’hui les remariages sont devenus indépendants des décès, si bien qu’il n’y a plus seulement un couple et ses enfants, mais le couple actuel avec ses enfants, les enfants des précédents mariages, les anciens conjoints qui sont rarement très loin, les nouveaux enfants des remariages des anciens conjoints, sans parler des parents des conjoints…

Ces nouvelles façons de vivre entraînent-elles automatiquement des traumatismes psychiques ? Certainement pas, répondent les conseillers familiaux et les thérapeutes ; mais il y a néanmoins des conditions nécessaires pour faire une famille heureuse.

Jean-Paul Sauzède, pasteur, et Anne Sauzède-Lagarde, tous deux psychothérapeutes de la famille et du couple, ont récemment écrit Former une famille recomposée heureuse (InterEditions, 2005). Ils précisent dans les pages qui suivent ce qui, à leur avis, détermine les liens familiaux permettant l’épanouissement des personnes. feuille

Marie-Noële et Jean-Luc Duchêne

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Les nouvelles configurations familiales

par Jean-Paul et Anne Sauzède-Lagarde

Carlos Cruz-Diez : Chromosaturation. Labyrinthe de la couleur pure. Dimensions variables. Paris, 1965

Carlos Cruz-Diez : Chromosaturation. Labyrinthe de la couleur pure. Dimensions variables. Paris, 1965 .

La famille pouvait être antérieurement définie comme un ensemble de personnes vivant sous le même toit, ou encore comme espace légal de transmission des biens ou comme le rassemblement de ceux qui sont liés par des liens de sang.

La réalité sociale du divorce, des recompositions familiales, des familles monoparentales, homoparentales nous contraint à d’autres approches.

Une réalité sociologique est à prendre en compte. Plus d’un couple marié sur deux aujourd’hui à Paris divorce. Le titre d’un film était à ce sujet évocateur : « Chic mes parents divorcent ! ». La séparation et la recomposition familiale se banalisent. Le divorce est considéré comme une bonne nouvelle, à l’image d’un départ en vacances ! Nous connaissons le mot d’enfant interrogeant ses parents : « Papa, maman, pourquoi vous ne divorcez pas ? » Comme si l’enfant se sentait hors norme lorsqu’il continue à vivre avec ses deux parents biologiques.

Pour autant, la majorité des enfants continuent à vivre au sein de leur famille d’origine. L’impermanence suscite plus d’anxiétés et de contraintes d’adaptation, pour les enfants comme pour les parents, que la permanence qui par nature est moins sujette à changements et controverses.

Cette réalité de l’impermanence s’étend au-delà de la famille et affecte différents domaines du quotidien : le champ professionnel confronté à la nécessité d’une mobilité géographique et de changements de métier ; l’impermanence touche aussi nos frontières intellectuelles et politiques, nous confrontant au quotidien à une autre monnaie, à une identité nationale changeante et des croyances remises en cause dans leurs fondements.

La famille recomposée a toujours existé suite au décès d’un membre parent par maladie, à la disparition de l’homme à la guerre ou encore aux décès en couches pour les femmes. La famille recomposée a toujours existé, même si elle n’était pas nommée comme telle, ni choisie par aucun de ses membres. Les historiens de la famille estiment à 10 % les familles qui étaient recomposées. Le pourcentage est sensiblement le même aujourd’hui. Au point que nous nous interrogeons sur cet invariant, comme une sorte d’élément constitutif de la société.

Les causes actuelles de la recomposition familiale et donc ses fondements sont radicalement différents.

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