Qu'est-ce être conscient ?
Fiche : Qu'est-ce être conscient ?. Recherche parmi 300 000+ dissertationsPar Marie Lonchampt • 21 Novembre 2020 • Fiche • 5 376 Mots (22 Pages) • 374 Vues
LA CONSCIENCE
Qu'est-ce être conscient ?
Voir : Bergson, L'Énergie spirituelle, 1919
INTRODUCTION
Dire que l’homme est doué de conscience, c’est dire qu’il se sait en relation avec le monde et avec autrui. En tant qu’être doué de conscience, je reste également en relation avec moi-même, quels que soient les événements qui m’arrivent. C’est ce que l’on appelle la conscience de soi. C’est alors se poser comme sujet du monde conscient de lui-même parmi les objets inertes qui composent le monde environnant.
Regardons sur ce point et analysons la notion de conscience comme intériorité :
Voir : Hegel, Leçons sur l'esthétique (1818-1829), Tome I.
Rappelez-vous le cours sur le vivant au sujet de la définition conceptuelle : est vivant notamment avec Aristote tout ce qui se meut et est insufflé d’une vie, doté d’une âme et surtout nécessairement d’un souffle moteur des parties composant le tout. Nous réfléchirons notamment sur le fait ou non que la conscience en tant que phénomène interne naturel puisse prouver sine quoi non que j’existe, que ma présence dans le réel est indubitable au moment où je me pose la question. Lorsqu’on parle de conscience, je prends note de ce qui se passe en moi et autour de moi, et je l’assume à la première personne. La conscience accompagne toutes mes perceptions, c’est-à-dire toutes mes perceptions sensibles souvenirs ou représentations. Elle correspond à un savoir assez particulier*, suggéré par l’étymologie latine cum scientia, littéralement « avec la connaissance » de quelque chose qui veut dire qu’être conscient, c’est avoir la capacité que j’ai de savoir que je fais quelque chose en même temps que je le fais.
EXERCICE 1 :Relevez les éléments qui corroborent le dernier élément exposé de l’introductionHume, Voir : Traité de la nature humaine, trad. A. Leroy, t. I, Aubier-Montaigne, 1968, pp. 342-34.
→ Perceptions qui valident mon existence dans le fait prendre conscience que je pense : je sais que j’existe quand je ressens, quand je perçois.
En français et notamment dans notre culture, le terme de conscience revêt également un sens moral. On en fait l’expérience par exemple dans le remord, (devoir moral) qui désigne le tourment intérieur provoqué par la conscience d’avoir mal agi. On a la conscience tranquille quand on a le sentiment d’avoir accompli son devoir. La conscience morale se manifeste comme une sorte de voix, d’injonction ou de commandement intérieur. Ainsi, le démon de Socrate se manifeste pour « l’arrêter quand il va faire quelque chose », notamment pour le dissuader de se mêler de politique, rapporte Platon dans l’Apologie de Socrate. La conscience morale fait valoir une exigence supérieure au désir, à l’impulsion du moment ou à l’intérêt immédiat*. Analysons ici à l’aide de Jankélévitch l’expression de mauvaise conscience, qui renvoyer au sentiment légitime* d’avoir mal agi, châtiment que l’on se donne à soimême, intimement lié à la société, la culture et à l’Etat.
Sur le sentiment du remord et du regret :
« Trop tard : toute la profonde amertume du regret tient dans ces deux mots ; ils reviennent, tel un obsédant remords, dans les contes et romans de Leonid Andreïev, Le silence, Le cadeau, et tant d'autres : plus jamais le pope inconsolable qui a laissé sa fille se tuer ne réparera l'irréparable ; jamais le petit garçon malade, mort à l'hôpital le lendemain de Pâques, ne verra le cadeau qui lui a été apporté en retard ; comme dans la Chanson du petit cheval de Prosper Estieu mise en musique par Déodat de Séverac, il est trop tard, incurablement, irrémédiablement trop tard. « Dis, qu'as-tu fait, toi que voilà, de ta jeunesse ? » C'est ainsi que Verlaine interroge son destin. Déodat de Séverac et Gabriel Fauré ont mis tous les deux en musique ce poème déchirant de la jeunesse perdue. Qu'as-tu fait de ta vie ? « Trop tôt » aussi est un échec, comme toute initiative trop précoce est un échec : les circonstances favorables n'étaient pas toutes réunies, et j'ai donc mal visé ; je suis tombé non à point nommé, mais à côté de ce point, et plus précisément en deçà de l'instant privilégié, avant le Kaïros, c'est-à-dire avant l'occasion propice. […] Le Trop tôt laisse intact l'espoir et préserve sinon les promesses, du moins les possibilités du devenir. Et quant aux deux mots Pas-encore, ils nous disent indirectement : patientez, ne désespérez pas, ne soyez pas trop pressés, vous aurez votre heure ; votre intervention était simplement « prématurée » : c'est-à-dire que la situation n'était pas « mûre », mais qu'elle le sera plus tard et que la « maturation » garde en réserve toutes ses virtualités organiques ; le devenir, en tant que futurition, les fera advenir ; il n'est que de savoir attendre ! Et par exemple : mieux vaut se tromper par excès de hâte que par excès de lenteur ; mieux vaut hâtivement que tardivement ; mieux vaut décorer trop tôt celui qui ne le mérite pas encore, mais le méritera peut-être un jour : rien n'est encore perdu puisque rien n'est joué ni tranché ni décidé. Le seul anachronisme irrémédiable est l'anachronisme rétrospectif, et plus encore l'anachronisme posthume, celui d'une intervention qui advient par-delà l'irréparable-irrévocable de la mort : dans le geste par lequel on épingle une médaille sur le veston du défunt faut-il voir une amère dérision ou la marque d'une solennelle impuissance ? Quand tout est fini et consommé, quand l'injustice est à jamais incompensable, il nous reste les symboles et les rites… ou bien le remords éternel d'avoir manqué l'occasion.
[…] La déception attend de la même manière celui qui se remémore et regrette de ne pouvoir revivre, et celui qui, tourné vers l'avant, s'apprête à recommencer. L'itération, qui est répétition élémentaire et en quelque sorte minimale – car la répétition commence avec la deuxième fois –, n'est jamais rigoureusement répétitive… On l'a suffisamment montré en parlant de la primultimité de toutes les « fois » : le « bis » de la seconde fois est aussi semelfactif que la première fois ; loin d'être la servile reproduction, la réédition itérative de l'édition « princeps », la deuxième fois est elle-même inédite et première-dernière ! La deuxième fois est elle-même un Hapax, une première et unique édition; une première et dernière audition ! Bien entendu, dans les cas concrets et psychologiquement très qualifiés où l'homme refait, redit, recommence pour la deuxième fois, et en même temps se rappelle la première fois, l’innovation n’est pas si caractéristique fois, et en même temps se rappelle la première fois, l'innovation n'est pas si caractéristique : la deuxième fois, réveillant l'écho de la première ou évoquant la résonance du passé, se mélange à la fois précédente pour former une synthèse nouvelle, un passé-présent original. Celui qui a déjà vécu l'expérience de la première fois accueille la répétition de cette fois non pas comme si c'était la « fois » précédente ou la « fois » initiale, mais comme si c'était une nouvelle première fois ; dans la deuxième expérience il éprouve, sous forme d'appréhension, d'ennui ou de familiarité, le sentiment du déjà-vu et du déjà-vécu : mais le sentiment du déjà vu implique lui-même que la seconde fois n'est pas identique à la première ; l'homme de la seconde fois est celui qui a connu la première fois, et par conséquent la « reconnaît » dans la deuxième : mais la re-connaissance est une toute nouvelle connaissance, un savoir spécifique, et non pas un redoublement ne varietur de la connaissance première. »
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