Mémoire / aide-soignant
Mémoire : Mémoire / aide-soignant. Recherche parmi 300 000+ dissertationsPar dissertation • 3 Mai 2013 • Mémoire • 2 463 Mots (10 Pages) • 4 020 Vues
Introduction
Dans le cadre de notre formation d’aide-soignant, nous sommes amenés à effectuer des stages dans différents services. La communication, que ce soit avec les soignants ou avec les patients, est très importante dans le métier que j’ai choisi. Je souhaiterai vous parler d’une situation toute particulière que j’ai vécue lors d’un stage au cours duquel j’ai été confrontée à différentes pathologies et qui m'a permis de découvrir l'accompagnement de fin de vie.
Je présenterai d'une part une situation particulière, d'autre part, je vous parlerai de mon ressenti, puis je conclurai mon travail en dégageant les éléments qui m’ont permis de poser un autre regard sur la fin de vie.
Développement
Durant ma formation, je dois faire un stage dans un service hospitalier. Il se déroule parfaitement bien. Au cours de la première semaine, je découvre énormément de nouvelles techniques et de pathologies. Je suis très intéressée et j’aime beaucoup ce que je fais.
Durant la deuxième semaine, le mardi précisément, l’infirmière me signale qu'il y aura une admission dans le courant de l’après-midi et qu’elle souhaite que je m’en occupe. C’est avec plaisir que j’accepte et je vois aussi qu’elle me fait suffisamment confiance pour me déléguer une telle tâche.
Faire connaissance...
Il est environ 15h lorsque le patient arrive. Il est transporté sur un brancard par deux ambulanciers, il est également accompagné d’une dame. Je les conduis immédiatement à la chambre n°20 qui lui a été réservée. Les ambulanciers l’installent dans son lit. Le patient est sous oxygène, il respire mal et sa peau est de couleur jaunâtre.
Je m’occupe de lui, je le change, je lui prends les constantes, puis je commence à lui poser les questions nécessaires pour remplir son dossier de soin. Lorsque je lui demande comment il va, il me sourit et me dit : « Madame je n’ai pas à me plaindre, les médecins m’avaient dit qu’il me restait 3 mois à vivre, il y a 6 mois de cela ! J’ai eu droit a un sursis, alors pour répondre à votre question, je souffre physiquement, mais moralement ça va, je suis là pour mourir et je sais que c’est pour bientôt ! ».
Me voilà plantée devant lui, je ne sais plus quoi dire, je me retrouve pour la première fois, face à un patient qui est en fin de vie. Il a le moral, il me sourit et moi je suis là, bouche bée, car personne ne m’avait prévenu et je ne m’étais pas préparée à une telle situation. Il y a un grand moment de silence et, soudain, il reprend la parole en disant : « vous ne savez pas quoi dire n’est-ce pas ? Vous êtes jeune et je comprends que vous n’osez rien dire par peur de dire quelque chose de mal, mais allez-y, dites moi les choses que vous pensez ».
C’est à ce moment là que j’ose enfin prendre la parole. Je me mets à lui expliquer que je suis stagiaire et que la fin de vie auprès d’un proche je connais, mais pas en milieu hospitalier... Je lui pose des questions sur sa pathologie et c’est avec beaucoup de connaissances médicales qu’il me répond. Nous dialoguons un long moment lorsque, soudain, quelqu’un frappe à la porte.
C’est en fait la dame qui l’accompagne qui se demande pourquoi c’est si long. Monsieur S. lui répond que nous étions en train de parler du traitement qui va être mis en place pour tenter de vaincre son cancer. C’est alors que je ne comprends plus vraiment ce qui est en train de se passer. Il me confiait il y a 10 minutes encore que son cancer des poumons était en train de « l’achever » (selon ses dires) et lorsqu’elle arrive il parle de « traitement curatif ».
Il me fait un clin d’œil et me dit « nous poursuivrons cette discussion plus tard si vous le voulez bien ».
Me voilà totalement perturbée. Je vais voir l’infirmière pour lui transmettre le dossier d’admission et lorsqu’elle me demande si tout s’est bien passé, je lui raconte vaguement les faits. Elle me regarde en souriant et me dit que mon patient est prêt à mourir, mais que ses proches ne sont pas prêts à le voir partir, et que donc il les protège. Voilà pourquoi il parle de guérison et non de soins palliatifs.
Ce jour là, mon poste est assez chargé et, malheureusement, je n’ai plus eu le temps d’aller le revoir. En rentrant le soir, je sais déjà que je retournerai le voir le lendemain.
La nuit a été courte...
Nous sommes aujourd’hui mercredi. Ma nuit a été courte, je me pose beaucoup de questions, j’ai fait des recherches sur la fin de vie et l’accompagnement de fin de vie sur internet 1 et je suis impatiente de me rendre à l’hôpital pour le revoir et lui demander s’il veut bien répondre à mes questions.
En début d'après-midi, les transmissions sont terminées et mon référent m'indique que je peux faire un tour du service pour voir si tout va bien. J'effectue une visite de toutes les chambres et, enfin, j’arrive au bout du couloir.
Je suis devant la chambre 20. Je frappe, je patiente quelques secondes et j’entre. Monsieur S. m'accueille avec un grand sourire et me dit qu’il m’attendait.
Il m’explique que la dame qui était avec lui hier pour son admission était sa sœur. Il n’est pas marié, il vit seul et n’a pas d’enfant. Sa seule famille, c’est sa sœur. Je lui propose de prendre contact avec l’équipe mobile de bénévoles qui intervient dans l’hôpital pour discuter et accompagner les patients en fin de vie, mais il refuse.
Je l’écoute avec beaucoup d’émotions. Il me dit que sa sœur le couve beaucoup. Elle sait qu’il a un cancer, mais ne veut pas croire qu’il va mourir bientôt, alors il la préserve et parle de guérison. Il s’exprime avec beaucoup de calme. Conscient de ce qui lui arrive, il aimerait ne pas trop souffrir, et espère que « la mort assistée dans l’intention de soulager les souffrances » soit légalisée. Il le souhaite non plus pour lui, mais pour ceux qui vont suivre.
C’est à ce moment que je lui explique à titre d’information, qu’en France il est aujourd’hui possible d’utiliser des traitements qui « soulagent les souffrances, même s’ils risquent d’abréger la vie » 2. Il sourit et ajoute : « un jour, on dira " injecter un traitement qui aide à mourir" ».
Je lui pose quelques questions, mais je l’écoute beaucoup. Je sens qu’il a envie de parler et surtout
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