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Le darknet

Analyse sectorielle : Le darknet. Recherche parmi 300 000+ dissertations

Par   •  8 Juin 2014  •  Analyse sectorielle  •  1 482 Mots (6 Pages)  •  1 125 Vues

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Depuis Galilée, on sait que la Terre est ronde. Mais Internet ? On le sait protéiforme, on l'imagine infini. On connaît moins son ultime frontière, son dernier péage avant le néant ou, plutôt, le grand n'importe quoi : une zone non cartographiée, hors de portée des radars, et qu'on appelle communément le « Darknet ».

Sombre et clandestin, inconnu du grand public, c'est un royaume de l'anonymat, inaccessible depuis un navigateur traditionnel. Sa réputation est sulfureuse, et il y régnerait une ambiance proche de celle des bas-fonds de Blade Runner. Pêle-mêle, il mettrait la pédo­pornographie à portée de souris, offrirait aux polytoxicomanes de tous les pays un hypermarché où faire leurs courses et proposerait à prix cassé des numéros de carte Bleue par palettes entières. Il a même ses légendes urbaines, comme ces combats à mort de gladiateurs modernes retransmis par webcam (mais que personne n'a jamais vus).

Un corps invertébré

L'animal se conjugue au pluriel. La vie y est moins manichéenne que dans un reportage d'Enquête exclusive : le pire côtoie souvent le meilleur, sans panneaux indicatifs. Difficile à cerner, impossible à mesurer, le Darknet est un corps invertébré. Que les initiés parcourent avec discrétion. Les dinosaures du Web, sous prétexte de ne pas susciter de mauvaises vocations, répugnent à le faire connaître. Le Darknet, c'est un peu comme la première règle du Fight Club dans le roman de Chuck Palahniuk : on n'en parle pas. Sauf quand il surgit, par erreur, par effraction, dans la vie civilisée.

C'est ce qui est arrivé, au mois d'avril, à la faveur du phénomène bitcoin. Dans les médias, tout à coup, le quidam a appris qu'un krach venait de se produire, celui d'une monnaie virtuelle, internationale, décentralisée et anonyme. Une monnaie marginale, hors de tout contrôle.

Les médias ont profité de l'actualité pour sortir leur double décimètre, tenter de jauger l'insondable profondeur de cette terra (presque) incognita. France Inter a évoqué « un Internet parallèle sans limite ni protection » ; Marianne, disserté sur un « monde interlope » dans lequel il faudrait plonger tête la première. Arpenter le Darknet, c'est immanquablement convoquer l'image de l'apnéiste qui descend dans l'abysse, fermement accroché à sa gueuse. Et développer tous les fantasmes. Qu'en est-il réellement ?

Difficile à capturer

D'abord, le Darknet ne doit pas être confondu avec le « Deep Web », le Web profond, qui regroupe les sites accessibles librement mais non indexés par les moteurs de recherche. Selon une étude publiée en 2001, ce dernier, traditionnellement représenté comme la partie immergée d'un iceberg, ferait plus de cinq cents fois la taille du Web commercial. Le Darknet, lui, si tant est qu'on puisse le nommer ainsi, est encore plus difficile à capturer.

Comme l'explique Okhin, un jeune trentenaire qui se définit avec provocation comme un « cryptoterroriste », « un darknet est un réseau qui n'est pas connecté à Internet. Chacun d'entre eux est une maison, et il faut la bonne clé pour y pénétrer ». Il en existe donc des myriades, corps autonomes reliés entre eux par des passerelles aux noms barbares, comme I2P (Invisible Internet Project) ou TOR.

TOR, c'est justement le moyen le plus simple de passer la tête par l'entrebâillement de cet Internet qui n'en est pas un. Acronyme de « The Onion Router », le routeur en oignon, TOR a d'abord été conçu à des fins militaires avant de devenir le dernier rempart de milliers d'activistes qui ont le malheur de vivre sous des horizons peu cléments pour la liberté d'expression. Par extension, il s'est également imposé comme le meilleur allié de tous ceux qui ont quelque chose à cacher.

Son principe est redoutable : lorsqu'un internaute se connecte au réseau, ses paquets de données transitent à travers plusieurs couches (d'où la métaphore de l'oignon), ce qui a pour objectif de dissimuler son identité. Ainsi, en quelques heures sur le Darknet, mon adresse IP [la plaque d'immatriculation de mon ordinateur, ndlr] s'est tour à tour promenée entre les serveurs de l'hébergeur OVH à ­Roubaix, le relais d'un informaticien de l'Ontario… et le prestigieux Massachusetts Institute of Technology (MIT).

Le grand bazar du Wiki caché

Une fois parachutés en territoire inconnu, oubliez les familiers .fr ou .com. Sur TOR, nous sommes tous des marins d'eau douce en .onion. Pour les explorateurs qui ne connaîtraient pas leur destination finale, The Hidden Wiki (le « Wiki caché ») offre un rapide panorama des ressources du Darknet. Ce portail, qui ressemble à s'y méprendre à Wikipédia, recense certaines des adresses les plus populaires. Dans ce bazar mal étiqueté, on trouve des « services financiers et commerciaux

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