Les déchets, Une Source D'energie ?
Compte Rendu : Les déchets, Une Source D'energie ?. Recherche parmi 300 000+ dissertationsPar emile • 11 Juin 2014 • 5 454 Mots (22 Pages) • 754 Vues
Les déchets : une source d’énergie ?
Un peu de littérature …
« Plus Léonie expulse de marchandises, plus elle en accumule ; les écailles de son passé se soudent ensemble et font une cuirasse que l’on ne peut plus enlever ; en se renouvelant chaque jour, la ville se conserve toute dans cette seule forme définitive : celle des ordures des jours d’avant et de tous les jours, années, lustres de son passé.
Le déjet de Léonie envahirait peu à peu le monde, si sur la décharge sans fin ne pressait, au-delà de sa dernière crête, celle des autres villes qui elles aussi rejettent loin d’elles mêmes des montagnes de déchets » .
Extrait des villes invisibles d’Italo Calvino ( 1923-1985). Léonie, la ville inventée par l’écrivain, qui tous les jours se régénère et expulse au loin ses déchets de la veille : une intéressante vision littéraire de la société moderne …
L’année 2008 fut incontestablement marquée par une hausse tout à fait considérable du prix des ressources naturelles telle que l‘on n’en avait connu depuis le grand choc pétrolier des années 1970. Ainsi, aux côtés de la grande problématique du réchauffement climatique, dont chacun se fait le spécialiste, se trouvait réactualisé le sentiment de crainte à l’égard de l’inévitable pénurie des ressources fossiles dans un futur plus ou moins proche. Or cette interrogation conduit de plus en plus d’acteurs tels que des chercheurs, des entreprises, des Etats eux-mêmes, à envisager des ressources alternatives d’énergies telles que, par exemple, les énergies renouvelables.
Cette peur vis-à-vis de l’épuisement programmé des ressources fossiles trouve sa source avec l’émergence de la révolution industrielle. Ainsi, cette dernière aurait conduit au développement d’une logique de consommation incontrôlée de toutes les ressources mises à disposition de l’homme. Or cette consommation croissante conduisit à un processus parallèle de production continue et croissante de déchets. Ceux-ci occupent une place centrale dans nos vies. D’ailleurs, chaque jour, se présentent à nous un reportage, une publicité, un membre d’une quelconque association dont l’objectif est de nous rappeler la responsabilité qui nous incombe dans la lutte contre la prolifération des déchets.
Dès lors, très tôt, certains ont vu dans ces déchets un formidable potentiel énergétique à côté duquel il serait criminel de passer et ce notamment en tant qu’il permet de répondre à un certain nombre des problématiques ébauchées jusque là : problèmes liés à la quantité finie non extensive de ressources fossiles, problèmes liés à la quantité de déchets, problèmes liés à la dépendance énergétique etc...
Cependant, il va sans dire que le passage du déchet à la ressource pose quelques problèmes de définitions et ce notamment dans la mesure où il faut opérer une distinction entre les déchets qui apporteront pour ainsi dire un « gain » et les déchets qu’il s’agit juste de traiter en tant qu’ils constituent un problème à évacuer.
La Suède, même si son leadership est régulièrement contesté, apparait comme un des pays leaders dans le cadre de l’utilisation des déchets en tant que source d’énergie, dans le cadre de la valorisation économique. Ainsi, aujourd’hui, chaque Suédois produit environ une demie tonne de déchets pas an. Près de 96 % de ces déchets sont aujourd’hui réemployés ou recyclés.
Nous pouvons donc nous demander dans quelle mesure l’utilisation des déchets en tant que source d’énergie est elle efficace et un bon substitue en Suède. Pour ce faire, nous nous intéresserons dans une première partie à mettre en exergue la place qu’occupe cette source d’énergie dans le pays avant de nous consacrer, dans un second temps, aux limites inhérentes à cette utilisation venant ainsi modérer la vision idyllique que se font certain décideurs de ce processus.
I) La valorisation énergétique des déchets en Suède
Dans un premier temps donc, nous allons nous intéresser à la manière dont la Suède met en œuvre la valorisation énergétique des déchets en nous focalisant sur les bénéfices de cette approche et sur la démarche générale présidant à ce processus. A cette occasion, quelques approches comparatistes seront réalisées. Il existe globalement deux manières principales de valoriser les déchets, d’une part en recourant à un processus connu sous le nom de méthanisation, et d’autre part en recourant à la crémation des déchets dans de grands incinérateurs. Cependant, il faut être conscient qu’en dépit de grandes avancées, d’autres sources d’énergies primaires demeurent centrales.
Les chocs pétroliers ont incontestablement constitué un grave choc émotionnel pour les Suédois. N’ayant les moyens de suivre l’envolée des prix consécutive à la décision unilatérale de l’OPEP, le pays a beaucoup souffert de son absence de ressources fossiles. Très vite, le pays a ainsi favorisé la recherche de nouveaux procédés permettant de limiter la dépendance aux sources d’énergies étrangères. La volonté de valorisation énergétique relève également incontestablement d’une volonté ferme de réduire la quantité de déchets présente dans le pays pour des raisons sanitaires notamment.
Il ressort de la valorisation énergétique des déchets par méthanisation conduit avant tout à l’utilisation de ces derniers comme vecteurs permettant d’accéder à une nouvelle source d’énergie. Il est en cela intéressant d’établir un parallèle avec le processus d’incinération qui, quant à lui, tant davantage à percevoir les déchets en tant que source d’énergie en soi.
A/ Quelques éléments de définition :
1°) Principes généraux de l’incinération des déchets :
Le recours à l’incinération afin d’assurer une partie de l’alimentation en énergie du pays s’est principalement développé au cours des années 1960 et 1970 pour les raisons invoquées précédemment. Cependant, dès la fin de la seconde guerre mondiale, le réseau de chauffage fut accru et connecté aux nouveaux grands bâtiments post seconde guerre mondiale. Aujourd’hui, un Suédois produit en moyenne une demie tonne de déchets par
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