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Par   •  1 Décembre 2014  •  2 760 Mots (12 Pages)  •  794 Vues

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Dans Sous l’Orage, Seydou Badian met l’accent sur le thème du mariage, parce que c’est cela qui constitue, pour lui, la source du conflit en Afrique entre les vieux et les jeunes. Dès le début du roman, il montre que les relations entre Benfa et Kany, sa fille, sont sans heurts. A cet effet, le narrateur fait remarquer que: « Le père Benfa aimait bien Kany. Il parlait de son savoir à tous les vieux du quartier. Il leur disait comment elle savait manier l’écriture du blanc et avec quelle facilité elle savait lire les lettres d’où qu’elles vinssent » (p.21).

Dans ce passage, Seydou Badian met d’abord en exergue deux personnages: le père Benfa et Kany. Il tient à informer implicitement son lectorat que le géniteur et sa fille seront à la base du conflit qui va éclater entre les anciens et les jeunes. Il montre ensuite l’attachement de l’un vers l’autre en utilisant le verbe « aimer ». Ce verbe, dans son sens premier, veut dire éprouver un sentiment d’affection. Contrairement au sens premier de l’infinitif aimer, ce

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verbe, dans ce contexte précis, revêt une autre connotation. Etant conjugué ici à la troisième personne du singulier de l’indicatif imparfait (aimait), le verbe renvoie le lecteur à la vie harmonieuse menée dans le passé par ces deux personnages. En d’autres termes, cela sous-entend que le rapport qui existait entre Benfa et Kany était bon et irréprochable. Pour preuve, le géniteur reconnaissait la valeur intellectuelle de Kany et vantait, dans leur quartier ou à la mosquée, les connaissances acquises par sa fille à l’école des Blancs. On peut s’en apercevoir dans ce discours du narrateur: « Il parlait de son savoir, Il leur disait, elle savait manier l’écriture du blanc, elle savait lire. »

Plus tard, Seydou Badian informe le lecteur que le climat entre Benfa et sa fille était devenu insupportable, parce qu’un conflit a éclaté entre les deux. Et pour quelle cause ? Le narrateur livre que Benfa a donné sur un ton impératif une instruction formelle à sa fille: « Que je ne vous voie plus ensemble, avait ordonné le père de Kany, tu auras le mari que je voudrai » (p.22).

Le scripteur a utilisé deux verbes (ordonner et vouloir) en vue de montrer au lecteur la position de Benfa concernant le mariage de sa fille. Le premier verbe (ordonner), conjugué au temps plus-que-parfait, ne veut pas dire mettre les choses en ordre, mais signifie plutôt donner des ordres, des instructions. Dans ce cas, le discours adressé par Benfa à sa fille n’admet aucune réplique. Par ailleurs, l’action exprimée par le second verbe (vouloir) met en emphase l’action précédente, parce qu’elle met en exergue la volonté du père au détriment de celle de la fille. Dans cet extrait, l’auteur révèle l’intention cachée ou le souhait de Benfa. Pour ce dernier, la fille n’a pas le droit de se choisir un mari pour son mariage. Seul Benfa peut opérer un choix pour elle, comme l’exige la tradition Bambara. Contre l’attente du père, la réaction de la fille est claire comme l’explique le narrateur: « Kany n’était pas exactement de l’avis de son père » (p.22).

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Dans les extraits ci-dessus, l’auteur fait ressortir deux conceptions du mariage. La première est celle entendue par des vieux, et la deuxième est celle définie par les jeunes. Ces deux visions s’opposent. Représentée par le père Benfa, la vieille génération veut pérenniser la tradition, en s’accrochant au respect de la parole des ancêtres. En revanche, la nouvelle génération symbolisée par Kany, veut le changement, en restructurant l’ordre social établi par les anciens. D’où le conflit entre ces deux groupes, dont le motif immédiat est le mariage forcé de Kany. Autour de cette alliance entre Kany et Samou se noue et se dénoue l’intrigue du roman de l’écrivain malien.

Remarquons que pour les vieux, le passé n’est pas seulement un trésor à garder jalousement, mais aussi un point de référence, un moment précieux qui doit impérativement servir d’exemples aux générations présentes et postérieures parce qu’il est plein d’enseignements édifiants. Garants de la sagesse ancestrale et soucieux de sauvegarder l’héritage des ancêtres, les vieux refusent tout changement en matière de mariage. Ils veulent préserver et respecter les instructions de leurs ancêtres tout en refusant que leur progéniture enfreigne les normes existantes. Concernant le mariage de Kany, les vieux insistent: « C’est nous qui décidons, comme il est d’usage. C’est à Kany de suivre. Depuis que le monde est monde, les mariages ont été faits comme nous le faisons » (p.54).

A travers ce passage, Seydou Badian place le lecteur devant la conception du mariage selon les vieux, ici symbolisés par le pronom personnel « nous » renvoyant à une collectivité distincte. En revanche le verbe décider, conjugué au temps présent de l’indicatif, est l’expression des préceptes établis par les anciens en matière de l’organisation sociale. Ce précepte est explicité ou clarifié par l’expression « comme il est d’usage ». Et ce précepte doit être concrétisé par Kany parce qu’elle doit obéir aux ordres des anciens: « C’est à Kany de suivre ». Implicitement, le locuteur veut dire que la fille n’a pas droit à la parole dans la société africaine. Elle est soumise et doit, par conséquent, rester muette devant la décision

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prise par les adultes, représentants des ancêtres. Le locuteur sous-entend par ailleurs que les tenants de la tradition africaine, compte tenu de leur expérience, estiment qu’ils ont le droit de choisir, pour leur fille, le futur mari. Kany dans ces conditions n’en étant pas épargnée, elle doit accepter le choix des aînés. Pour les anciens: Famagan, le polygame et riche commerçant est le futur mari de Kany. Leur décision est également soutenue par Maman Téné: « Kany, ton père et ses frères se sont réunis. Ils ont décidé que tu épouseras Famagan [...] C’est la parole de ton père » (p.71).

Dans le non-dit, on se rend compte qu’à travers la position des anciens, le romancier veut attirer l’attention de son lectorat sur la place et le rôle de l’argent dans les conditions de réalisation du mariage en Afrique. Famagan, bien que polygame, veut épouser Kany, parce que son argent constitue son arme. Ainsi, en dépit de son âge et de ses multiples femmes, il reste le candidat préféré du clan Benfa pour le mariage de Kany. Les anciens veulent que leur fille soit l’épouse d’un richissime commerçant. Qu’importe son âge et le nombre de ses femmes. Cette conception traditionnelle du mariage est à l’opposé de celle des modernistes.

Pour

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