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Ecrit D'invention

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Par   •  9 Mai 2015  •  Commentaire de texte  •  926 Mots (4 Pages)  •  859 Vues

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Ecrit D’invention

Nous sommes le 29 octobre 1934, aujourd’hui je pars, les gens m’appellent généralement Monsieur Linh. Je ne sais pas pourquoi. Hélas, je suis le dernier à connaître mon nom, tous ceux qui le connaissaient ont péri dans la guerre qui ravage mon pays. Car en Chine, c’est Mao Zedong qui est au pouvoir, l’Armée rouge chinoise a entamé ce que l’on appelle la « Longue Marche », cette marche coûtera la vie à de nombreux chinois, c’est pour ceci que je m’exile, je ne veux pas connaître la guerre qui est en train de ravager mon peuple. C’est pour ceci que je pars aujourd’hui, vers un monde meilleur, du moins je l’espère.

Cela fait déjà deux semaines environ que je n'aperçois plus les côtes de mon cher pays. Pourtant, je reste à l'arrière du bateau qui m'emmène vers ce continent où, paraît-il, on ne massacre pas des familles entières d'innocents. Je reste à l'arrière du bateau parce que ma vie, désormais, est derrière moi. Derrière moi, les jours heureux où, avec ma fille, ma seule fille, nous allions nous baigner dans les eaux limoneuses du fleuve. Derrière moi, je laissais les repas avec toute la famille et même les voisins du village, dont j'étais l'heureux patriarche. La guerre civile chinoise est passée par là. Elle a tout emporté, elle a saisi mes enfants et mes frères humains, avec ses mâchoires destructrices, et elle a transformé ma si belle vallée en une vallée de larmes, de pleurs et de sang. C’est pour ceci que je suis le dernier à connaître mon nom, tout ceux qui le connaissait ont péris à cause de cette guerre. Et mes yeux ont vu ce qu'aucun être humain ne mérite de voir. J’ai vu ma fille baigner dans son propre sang, les vêtements déchirés, la bouche ouverte. Le silencieux cri qu’elle lançait m’empêchera de dormir jusqu’à la fin de mes jours. Jamais je ne reverrai ma fille, j’ai perdu une partie moi-même.

Aujourd'hui, je suis aveugle aux images du monde. Seule une photo déjà jaunie, que j'ai eu le temps d'emporter dans ma valise, avec quelques vêtements, me fait retrouver la vue. Et ma fille, ma douce fille, encore enfant, son visage est angélique, sa peau est claire et elle a toujours le sourire, cet enfant est un vrai petit amour. Je me souviens qu’un jour, un photographe ambulant avait posé son trépied au milieu de la place et se proposait, pour quelques dongs, de nous tirer le portrait. Pour l'occasion, j’avais acheté à ma fille une magnifique robe et des souliers vernis. Sur cette photo, elle est figée dans une sorte de bonheur infini, avec son petit costume tout neuf.

Aujourd'hui, je suis insensible aux bruits du monde. Seule une petite forme humaine au regard étonné me rappelle que je dois vivre. Moi qui n'ai pas de nom, je connais tout du moins celui de la petite crevette que je tiens dans mes bras, son nom est Sang diû, fille de ma fille, vie de ma vie. Quand la bombe a explosé dans la rizière, elle était dans les bras de sa mère, et je l'ai vue voler dans le ciel avant de retomber sur le sol détrempé. J'ai couru vers elle sans vraiment réfléchir et je l’ai attrapé. Maintenant, je la sens dans mes bras, calme, comme indifférente à l'horreur

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