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Notions de sociologie

Note de Recherches : Notions de sociologie. Recherche parmi 300 000+ dissertations

Par   •  18 Décembre 2012  •  6 283 Mots (26 Pages)  •  1 300 Vues

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NOTIONS DE SOCIOLOGIE

1 livre sur la sociologie de P. Bourdieu est disponible à la fin du cours

L’idée de société

On dit généralement que la sociologie a pour objet « la société. » Mais il n’est pas aisé de définir ce que l’on appelle la société au-delà du fait qu’il s’agit d’une représentation et d’une construction intellectuelle correspondant largement à des États-nation. Dans une large mesure, on peut considérer que les sociologues ont d’abord été les philosophes sociaux qui ont construit l’idée de société au moment où se formaient des États-nation industriels, démocratiques et modernes. Il est sans doute nécessaire de s’interroger aujourd’hui sur l’actualité et la pertinence de cette représentation de la vie sociale au moment où la globalisation transforme considérablement les cadres de la vie économique, politique et culturelle. Cependant, cette construction intellectuelle est associée à une série de concepts et de notions que les sociologues continuent à utiliser et que ce cours essaiera de présenter en montrant comment ils font système, comment chaque concept renvoie aux autres. Ces concepts peuvent être définis comme des outils permettant de répondre aux quelques grandes questions qui ont fondé la sociologie et qui perdurent aujourd’hui, même quand les réponses à ces questions ne sont plus les mêmes.

1. Comment définir et expliquer le changement social ?

Dans la mesure où l’idée de société s’oppose à celle de communauté, elle est attachée au thème de la modernité et la sociologie a construit plusieurs récits de la modernité qui s’entremêlent sans cesse dans la pensée sociologique, de ses origines à aujourd’hui.

2. Quelle est la morphologie, la structure, des sociétés ?

La modernité capitaliste a engendré des ensembles complexes composés de groupes et de classes sociales qui forment à la fois une structure inégalitaire et un système de rapports sociaux qui unissent et séparent les individus. Comment les définir ?

3. Pourquoi les sociétés tiennent-elles ?

Les sociétés sont des ensembles organisés dans lesquels s’exercent des relations de pouvoir reposant sur des formes de domination plus ou moins légitimes. Comment fonctionnent les organisations ?

4. Pourquoi des individus singuliers et « libres » forment-ils une société ?

Les sociétés sont composées par des individus agissant, le plus souvent, de façon autonome, mais agissant aussi de manière coordonnée et prévisible. Cette coordination assure une certaine intégration sociale à travers des mécanismes de socialisation et de contrôle social.

Il restera à se demander si les représentations de la vie sociales organisées autour de ces interrogations, et qui constituent ce qu’on peut appeler la sociologie classique, forment toujours une représentation acceptable et pertinente de la vie sociale. Mais avant de se poser cette question, encore faut-il connaître les cadres qui ont fondé le vocabulaire de la sociologie.

I – Les récits de la modernité

Le XIXème siècle, qui a vu naître la sociologie, a été dominé par trois grandes ruptures : la rupture révolutionnaire qui a rompu avec les légitimités sacrées et les ordres traditionnels ; la rupture démocratique qui a fait de l’individu le cœur et de but de la vie sociale ; la rupture industrielle capitaliste qui a changé la division du travail et formé les classes sociales. La sociologie a consisté à se demander comment ces ruptures souvent radicales pouvaient cependant engendrer un ordre social stable, ce que les sociologues classiques ont appelé la société. La société se forme à la conjonction de trois grands récits de la modernité qui se mêlent le plus souvent mais qu’il importe au aussi de distinguer.

1 – La division du travail

Plusieurs sociologues ont construit un récit du changement à partir de l’idée de division du travail et de la complexité croissante de la vie sociale. Parmi ces couples d’opposition on retiendra celui de la « communauté » et de la « société » emprunté à Tönnies et celui la solidarité « mécanique » et de la solidarité « organique » emprunté à Durkheim. Dans tous les cas, on postule que la société moderne est caractérisée par sa complexité, par son haut degré d’organisation, par l’abstraction des échanges sociaux, par la séparation continue des domaines d’activité et par l’éloignement de communautés homogènes, « simples », dans lesquelles dominent les relations personnelles face à face.

On pourrait illustrer la portée de cette conception de la modernité à partir de l’analyse du don et de l’échange proposée par Mauss et par l’analyse des échanges monétaires proposée par Simmel. Dans le premier cas, celui de la tradition, la solidarité sociale, la dépendance mutuelle des individus, est enfermée dans des codes précis et des ensembles sociaux relativement étroits fixant la chaîne des dettes et des créances : on donne pour recevoir en retour selon un système d’obligations croisées. L’’argent, qui plus moderne et plus abstrait, permet des échanges plus larges, plus libres aussi car déconnectés des liens personnels assurant ainsi l’autonomie des individus. Alors que les dons circulent dans un espace relativement étroit, l’argent circule dans la nation et aujourd’hui sur la totalité de la planète, liant ainsi des individus qui n’ont entre eux aucune relation concrète.

2 – La démocratie comme règne de l’individu

Le couple communauté/société peut aussi se décliner sous l’angle de l’opposition entre les sociétés holistes et les sociétés individualistes développé par Dumont. Les sociétés modernes sont alors perçues sous l’angle de l’affirmation de l’individu comme centre de la vie sociale. Alors que dans les sociétés holistes chacun est assigné à une position et un rôle qui lui sont imposés par la naissance, dans les sociétés individualistes chacun est, a priori, en mesure de choisir une part de ses rôles sociaux, sa profession par exemple, de ses croyances, de ses goûts personnels...

Le thème de la démocratie (Tocqueville) désigne le triomphe du principe d’égalité qui implique une transformation de la structure sociale et des relations

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