L’invention de l’hétérosexualité pour expliquer et condamner l’homosexualité

L’invention de l’hétérosexualité pour expliquer et condamner l’homosexualité

Au passage du  XVIIIe siècle, mais plus particulièrement au XIXe siècle, la sexualité est passée d’un acte relativement libre à un élément contrôlé et observé. Le sexe prends désormais un sens médicale important pour la santé mondiale, faisant ainsi naître différentes disciplines scientifiques, pseudo-scientifiques, doctrines religieuses et sociales afin de mieux comprendre l’individu seul, l’individu dans la société, et comment mieux le contrôler (Dreyfus et Rabinow 1992 : 243;251). Selon Foucault, il existe une différence entre sexe et sexualité où sexe fait référence à des obligations religieuses ou légales, comme le mariage et la procréation. La sexualité quant à elle fait référence aux plaisirs individuels et fantasmes cachés du corps (Idem. : 251). Il n’en reste pas moins que ces deux concepts sont reliés au biopouvoir; pouvoir politique, social et médicale permettant de «contrôler et discipliner les corps, les populations et la société elle-même» (Idem.). Comme le couple se voit donner des responsabilités à la fois sociales et médicales, l’État «doit le protéger des influences pathogènes qu’une sexualité irréfléchie pourrait accroître, et limiter […] en contrôlant scrupuleusement ses conduites procréatrices» (Idem. : 247). L’homosexualité est donc décrite comme plaisir pervers, une forme d’anomalie, une conduite sexuelle dénaturée; c’est l’instinct ici qui fait défaut  (Idem. : 249). L’homosexualité, cette «sexualité errante ou improductive» (Idem.), est dû à un dysfonctionnement entre le biologique et l’action auquel il est possible d’établir un diagnostic de la perversion et «d’appliquer des technologies correctrices pour le bien de l’individu et de la société» (Idem.). Bien que cette pensé était populaire en occident, le sexe et la sexualité chez les Baruya de Nouvelle-Guinée viennent contester ces croyances. Cette société pratique deux types d’acte sexuel : l’hétérosexualité après le mariage et l’homosexualité entre jeunes initiés avant le mariage. Contrairement aux croyances occidentale où sexe et sexualité devrait toujours être un acte hétérosexuelle, «pour les Baruya, faire l’amour est un acte qui engage l’ordre et de la société et du cosmos» (Godelier 2007 : 151), tandis que les actes homosexuelles dans les Maisons des Hommes peuvent être définit de tendres, délicats, réservés et pudiques. […] il y a place pour le désir, l’érotisme et l’affection […] (Idem. : 161). Ce concept vient brouiller les pistes qu’est le sexe, la sexualité, l’hétérosexualité et l’homosexualité. Les actes sexuels peuvent prendre de nombreux critères : avec ou sans pénétration, avec désir, avec la volonté de procréation, etc. En d’autres mots, il est possible de questionner si les actes homosexuelles chez les jeunes initiés est considéré comme un acte sexuel ou plutôt, puisqu’il ne pratique pas la sodomie, d’acte de sexualité qui référerait au plaisir, sans désir de procréation. Le bémol est que les Baruya pratiquent l’homosexuel afin de répondre à un besoin «légal» et de croyance, ce serait donc une pratique qui se réfère aussi au sexe. Seraient-ils des êtres hétérosexuels pratiquants des actes bisexuels ou bien des homosexuels pratiquant le sexe hétérosexuel ? Il n’y a, selon moi, aucune mauvaise réponse. L’homosexualité serait donc une invention de la psychiatrie pour donner un nom à un acte qui diffère de leur normalité de la pratique hétérosexuelle.

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