Faut-il lutter contre les inégalités ?
Fiche : Faut-il lutter contre les inégalités ?. Recherche parmi 300 000+ dissertationsPar Ronan.c99 • 29 Septembre 2021 • Fiche • 2 159 Mots (9 Pages) • 1 376 Vues
Sujet : Faut-il lutter contre les inégalités ?
La crise de la COVID-19 a accentué de nombreuses inégalités entre les individus, qu’elles soient en ressources, de perspectives ou même plus simplement dans le fait d’être touché par le virus. Par exemple, près de 14% des employés non-qualifiés et 17% des ouvriers non-qualifiés occupant un emploi n’ont pas travaillé pendant le premier confinement, contre seulement 5% des cadres et professions intellectuelles supérieures. De plus, 50% des cadres ont pu exclusivement pratiqué le télétravail contre 1% dans le monde ouvrier.
Les inégalités sont des différences entre individus ou groupes sociaux qui se traduisent en termes d’avantages ou de désavantages et qui fondent une hiérarchie entre ces individus ou groupes. Toute différence ne représente toutefois pas une inégalité. En effet, les différences sociales, inhérentes à la vie en société, peuvent tout à fait conduire à des traitements différents entre personnes ou groupes sociaux. Cependant, lorsque ces traitements différents avantagent un groupe social ou une personne par rapport à une autre, ils constituent dès lors des inégalités formant une hiérarchie sociale. La perception de ces inégalités diffèrent dans le temps, mais la théorisation de la lutte des classes par Karl Marx et Friedrich Engels, axé sur l’opposition entre la classe bourgeoise et le prolétariat, montre que la lutte contre les inégalités économiques remontent au moins au XIXème siècle. Durant cette période, le niveau des dépenses publiques augmente en même temps que l’Etat diversifie ses domaines d’interventions. En effet, c’est l’époque de « l’invention de la solidarité », l’État en action élargit ses compétences aux droits sociaux. Le social est aussi l’affaire des autorités locales : communes, départements, régions. Parmi les administrations publiques, il faut bientôt compter les organismes de Sécurité Sociale, apparus fin XIXème siècle en Allemagne et dans l'entre-deux-guerres ailleurs. On passe donc d’un Etat gendarme, qui se contente des fonctions régaliennes, à un Etat providence qui intervient fréquemment dans les domaines économiques et sociaux, notamment pour réduire les inégalités. En France, en 1898, la loi sur les accidents du travail est considérée comme la base sur lequel s'est construit l'État providence, qui s’impose en 1945 avec la Sécurité sociale et atteint son apogée durant les Trente Glorieuses. Cette période a permis de constituer une classe moyenne et une réduction générale des formes d’inégalités (de situation, de chance, face aux risques sociaux…). Mais à partir des années 1980, dans un contexte de baisse de la croissance économique, le tournant néo-libéral (Jobert, 1996) va s’accompagner d’une crise des Etats-providence, notamment dans leur efficacité à soudre de nouveaux problèmes sociaux facteurs d’inégalités (chômage de masse, de longue durée, précarité…). Aujourd’hui, de nombreux indicateurs permettent de repérer une accentuation d’inégalités de diverses natures depuis les années 80.
La lutte contre les inégalités est un des rôles clés de l’Etat-providence, qui a réussi à lutter efficacement contre de son apparition à son apogée. Cependant le tournant néo-libéral a remis en cause son efficacité et aujourd’hui encore l’Etat-providence fait face à des appels à la responsabilité individuelle. Dans quelle mesure la lutte contre les inégalités est-elle efficace ?
La lutte contre les inégalités a un impact efficace sur la hiérarchie sociale (I). Cependant, cette lutte comporte des limites qui la rendent complexe (II).
- La lutte contre les inégalités a un impact efficace sur la hiérarchie sociale
- La justice sociale permet une réduction des inégalités…
La « justice sociale » peut être définie comme une distribution (ou redistribution) socialement acceptée, entre individus ou entre groupes d’individus, de ressources rares, valorisées (matérielles ou symboliques).
Pour J.Rawls, une action de justice sociale juste doit viser à compenser des inégalités de situations initiales pour établir une égalité des chances. Sa conception repose sur un mérité individuel, non faussée par des inégalités de départ. Les inégalités sont « automatiquement » réduites car juste, à condition que l’égalité des chances soit offerte au départ et qu’elles bénéficient à tous. Une société démocratique égalitaire repose donc sur 3 principes : la liberté, l’égalité des chances et le principe de différence. L’Etat a un rôle fondamental à jouer 🡪 il ne doit pas se contenter de garantir les libertés fondamentales 66< c’est l’équité qui est prôné.
Ces 3 principes sont par exemple aujourd’hui au cœur du système scolaire français. Par exemple en faisant passer l’instruction obligatoire à 3 ans, le gouvernement vise une réduction des inégalités par l’apprentissage scolaire dès le plus jeune âge.
John Rawls, Théorie de la justice, 1971
Cependant, d’autres auteurs vont plus loin en estimant qu’assurer une égalité de départ n’est pas suffisant. Amartya Sen pense lui qu’il faut lutter contre les situations injustes, mais aussi intervenir durant la vie des individus car ces derniers n’ont pas les mêmes capabilités (capacités d’un individu à améliorer son sort). De ce fait, une société est juste et égalitaire si elle rend possible le fait que chaque individu puisse réaliser ces objectifs, indépendamment des autres individus.
On peut relier cette idée aux différentes politiques de discrimination positive, qui sont un moyen de réduire les inégalités engendrés par les différences de capabilité par la mise en place de prestations sous conditions de ressources, de quotas ou encore de soutien privilégié.
- Permet de corriger des inégalités scolaires et économiques.
Amartya Sen, L’idée de justice, 2009
- … qui a un impact direct sur la hiérarchie sociale
Une position élevée dans la hiérarchie sociale ne signifie pas forcément que l’individu a décroché sa place grâce à son simple mérite. En effet, de nombreux effets pervers sont engendrés par la présence d’inégalité dans la société, qui affecte directement la position de l’individu dans la hiérarchie. Par exemple : l’inégalité, quand elle est injuste, décourage l'effort bien plus qu'elle ne le favorise, d’autant plus si les rémunérations les plus basses sont trop faibles. La période des Trente Glorieuse permet de réduire en partie ses effets.
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