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Étude de l'article Le moi réservé d'Akio Toyoda, par Philippe Pons

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Par   •  20 Mai 2012  •  832 Mots (4 Pages)  •  1 083 Vues

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Le "moi réservé" d'Akio Toyoda, par Philippe Pons

es Japonais s'excusent beaucoup par les temps qui courent. Le grand champion de sumo Asashoryu a ouvert le ban, le 5 février, suivi le lendemain par le président de Toyota, Akio Toyoda, petit-fils du fondateur. Tous deux ont présenté des excuses publiques : le premier pour avoir failli au code de bienséance du sumo et le second pour des défauts de fabrication dans ses voitures. Ce dernier a poursuivi sa "prestation" devant le Congrès américain, mercredi 24 février.

Asashoryu s'excusait de ses frasques : "grand champion" , il figure parmi les lutteurs légendaires de l'après-guerre par le nombre de victoires. Mongole âgé de 29 ans, il était l'enfant terrible d'un sport qui remonte à la nuit des temps.

Les Japonais attendent d'un grand champion plus que des victoires : une dignité (contrôle des émotions dans le succès comme dans la défaite) dont ne faisait guère preuve l'impulsif lutteur, sûr de ses muscles. Lorsqu'en janvier, à la suite d'une soirée arrosée, il boxa un client à la sortie d'une boîte de nuit, le seuil de tolérance de l'Association du sumo fut franchi. Risquant l'expulsion, il annonça qu'il se retirait et présenta ses excuses.

Sur des registres certes différents, Asashoryu et Toyoda, au faîte de leur puissance, se pensaient inattaquables. Ce sentiment d'invulnérabilité a peut-être été une des causes des déboires du constructeur automobile : la déférence au sein de l'entreprise conjuguée à une obsession de la perfection, qui se traduisait par une opacité vis-à-vis de l'extérieur, n'a pas facilité la "remontée" de l'information. Son assurance altière ne préparait pas non plus M. Toyoda à gérer une crise d'autant plus difficile à contenir que l'"offensive" partait de l'étranger. Et pour la première fois de son histoire, Toyota a rejoint le cortège des entreprises nippones dont les dirigeants se livrent au rituel des excuses.

Dans une société hautement formaliste comme le Japon, les excuses font partie du code des relations sociales. Courbettes, prosternations, formules convenues : elles peuvent êtres sobres ou prendre un caractère spectaculaire. Souvent pour un rien, elles suscitent le sourire ou la morgue des Occidentaux. Rejetées dans le registre de ces comportements étranges qui semblent "défier" leur compréhension, elles sont ramenées à cette simplification-trahison de la complexité des choses qu'est le cliché. Et est appelé à la rescousse le "folklore" nippon : l'immanquable code d'honneur du samouraï ou la "culture de la honte".

Les excuses sont l'expression d'une responsabilité sociale assumée. Elles ne sont pas forcément synonymes d'humilité. Elles s'inscrivent dans une société où l'individu se définit dans ses relations aux autres et non par rapport à un principe transcendantal. La notion d'individu ne relève pas ici d'une conception abstraite du moi, maître de ses choix et centre de l'Univers. A l'hypertrophie de l'ego occidental, le Japon oppose un moi réservé, auquel on a appris dès l'enfance

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