Économie Solidaire

B. Economie solidaire

L’expression « économie solidaire », apparue pour la première fois en 1993, ne fait pas consensus. Les acteurs de l’économie sociale l’annexent souvent pour se désigner (ils parlent « d’économie sociale et solidaire »). Certains même la juge inutile, car l’économie sociale serait déjà porteuse des valeurs de la solidarité.

Elle permet toutefois de désigner les nouvelles initiatives qui surgissent pour promouvoir des modes alternatifs de production de répartition et d’échange.

L’économie solidaire renoue avec les socialistes utopistes et les fondateurs de l’économie sociale, mais en adaptant leurs valeurs et leurs vision du monde à la réalité contemporaine. Ses acteurs font preuve de pragmatisme, évoluant entre contraintes économiques et étatiques, procédant par hybridation entre ressources marchandes, non marchandes et non monétaires. Ils mettent ainsi l’accent sur :

• Le volontarisme économique et social. C’est souvent une démarche militante,

• La complexité et la fragilité des relations sociales et des écosystèmes, ainsi que sur les aspirations plurielles (économique, écologique, éthique, esthétique), souvent contradictoires, qu’il convient de combiner en un savoir vivre ensemble.

L’économie solidaire réhabilité par ailleurs l’esprit du don et souhaite lui redonner toute sa place. Les projets développés cherchent alors à :

• Réinjecter de la socialité, de la convivialité et de l’authenticité dans un monde jugé trop utilitariste et mercantile. Ici la critique vise l’extension des échanges monétaires et les dérives qu’elles induisent,

• Introduire des conduites éthiques dans les échanges internationaux pour lutter contre les effets de domination,

• Satisfaire des besoins non solvables par une construction conjointe de l’offre et de la demande,

• Lutter contre l’exclusion et la dépendance à l’assistanat en encourageant l’entrepreneuriat, en créant « des parcours de renaissance et de reconnaissance » (Lipietz, 2001) pour des individus professionnellement déchus et souvent psychologiquement brisés après une succession d’échecs sur le marché du travail (et/ou dans leur vie privée).

Le don, une réalité universelle

Le don dans les sociétés traditionnelles est un « système de prestations totales » à la fois économique, juridique, religieux, esthétique et familiale. Dans le monde moderne, il implique la reconnaissance de l’autre comme un alter égo. En ce sens, il se distingue de la charité, qui suppose une inégalité de condition consubstantielle d’un pouvoir de domination.

« Donner, c’est manifester sa supériorité, être plus, plus haut (magister) ; accepter sans rendre ou sans rendre plus, c’est se subordonner, devenir client et serviteur, devenir petit, choisir plus bas (minister) » (Marcel Mauss, Essai sur le don).

L’équilibre ne peut être rétabli que par la réciprocité : c’est le contre don. Ce dernier, dans une société moderne, n’est pas forcément proportionnel, ni personnel, ni défini quant à ses modalités : les parents donnent aux enfants, qui donneront plus tard à leur propre descendance… Ainsi se

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